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Une sublime écriture, poétique, intimiste.Le narrateur, enfermé sous un wagonnet, une berline, au fond d'une mine, après une explosion, entre la vie et la mort, va évoquer sa triste enfance, ses parents, son village. Humour, tendresse, tristesse. Ce court texte est un bijou!!
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Tout est noirceur dans cette mine où Fernand est piégé, coincé, après son effondrement, sous une berline.

Il est là « donné aux ténèbres, même pas mort, juste assez vivant pour éprouver la nuit dans une solitude à couper au couteau ».

Face à la mort. il pense à sa vie d'en haut ; s'accroche de toutes ses forces à ce qui lui reste de souffle, en se remémorant les « bonnes pommes et les mauvaises pommes » .

Sa mère toute puissante , peu aimante, qui lui a donné la vie, un an après avoir perdu un enfant, dont il porte le prénom : « il n'était pas son enfant, il n'était qu'un moignon ».

Ainsi, Fernand, à peine né, traîne déjà son premier wagon. Il est l'ombre de cet enfant mort, un mort vivant.

Son père, taiseux, un homme effacé , qui ne trouve pas le courage de s'opposer à sa femme et qui se réfugie dans son jardin.

Fernand lui ce qu'il voulait être c'est jardinier pas paysan et surtout pas mineur. « Il voulait travailler la terre par petits bouts, cultiver des couleurs, des odeurs, des morceaux de beauté. Être au dessus pas en dessous ».

Mais, il n'a pas eu le choix. Comment échapper à un destin écrit par les autres ? Il sera mineur.

Les mots sont forts, l'écriture est belle et poétique .

Petite fille de mineur, l'auteur évoque avec justesse la condition de ceux qui descendent sous terre.

Un livre très lumineux malgré la noirceur.
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Fernand travaille dans une mine, dans l'est de la France. Ses journées, il les passe dans des galeries souterraines, sans voir la lumière. le quotidien d'un tas d'autres hommes de son époque, dans les années 60. Mais aujourd'hui n'est pas un jour comme un autre. Aujourd'hui, la terre l'a enseveli. Coincé au fond de la mine sous une berline, Fernand n'a rien d'autre à faire qu'attendre qu'on vienne le sauver. Et penser.

Alors il pense, il pense et se souvient. Il évoque son enfance, ses parents et le secret qui planait à la maison, qui empêchait l'amour maternel de se déployer. Il pense à son copain Mario, qui parvient à toujours voir le verre à moitié plein. Il se dit encore qu'il n'avait pas du tout envie de travailler dans la mine, lui ce qu'il voulait, c'est être jardinier ! Se trouver de l'autre côté de la terre, du côté des couleurs, de la vie.

Tout cela, Fernand le raconte avec une gouaille impertinente, savoureuse, qui nous prend par la main dès qu'on a laissé le temps d'adaptation des premières pages faire son oeuvre. Ensuite on savoure à fond ce roman atypique, rieur et pétillant malgré le cadre délétère et le destin saboté de Fernand.

Le roman rend bien compte aussi d'une réalité, celle de l'immigration italienne arrivée dans l'est et qui avait le choix entre l'acier et le charbon. Ce thème m'a particulièrement intéressée et touchée car cela fait partie de l'histoire de ma belle-famille. J'ai aimé pouvoir imaginer un semblant de leur vie à travers les personnages qui gravitent autour de Fernand.

Une excellente surprise !
Lien : https://lejardindenatiora.wo..
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Deuxième coup de coeur dans mes lectures de la sélection du Prix Roblès 2023, Berline est un premier roman de Céline Righi (chez les éditions du Sonneur) qui offre en un peu de plus d'une centaine de pages un vrai moment de littérature.
La situation de départ est plutôt mal barrée pour Fernand, jeune homme de 23 ans, qui se retrouve coincé sous un wagonnet au fond d'une mine qui s'est effondrée à la suite d'une explosion. Commence alors un huis-clos entre Fernand et lui-même pendant lequel l'immobilité forcée va être propice à la remontée des souvenirs comme seules bouées de sauvetage auxquelles se raccrocher en attendant une mort qu'il pense certaine.
Son enfance et son adolescence avec le Père, un taiseux de la mine, et La Mère, une écorchée vive aussi tendre qu'un manche de pioche, sont un panier de pommes où se côtoient les belles rouges et luisantes et les coties trop ternes. Ce sont les souvenirs radieux que Fernand s'efforce de ranimer et finit par égrainer au fil des heures qu'il passe sous la berline.
A la noirceur de la situation initiale et des drames qui ont jalonné la vie de Fernand, Céline Righi applique avec beaucoup de brio une couche de poésie qui donne à son roman toutes les couleurs et la lumière dont Fernand a besoin pour tenir. le texte est beau, brillant et offre à la voix de cet enfant de la mine un magnifique écrin qui mériterait plus de visibilité.
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LES POMMES DE LA VIE
Je suis entrée sous la berline auprès de Fernand dès les premiers mots.
Dans le noir complet et jusqu'au point final
Je l'ai écouté avec affection et surtout beaucoup d'émotion.
Après l'explosion dans la mine
Fernand est prisonnier sous une berline
Il « ne veut pas crever », le répétant comme une litanie
Il est encore « un peu vivant »
Rien n'est perdu, surtout pas ses souvenirs.
Une éternité dans les ténèbres,
Seul,
Son esprit rapièce et reconstitue le puzzle de sa vie.
La tête et le coeur à vif
Ses souvenirs l'assaillent
Véritable invasion du passé au bord du trépas.
Il est jeune mais déjà une vie d'obscurité trop longue derrière lui.
Il rêvait d'être jardinier, à l'air libre, en plein jour
Une vie finalement à la mine, dans le noir, à étouffer
« Pas le choix »
Comme le père, le grand-père et l'arrière-grand-père.
Son père taiseux, même silencieux
Sa mère, meurtrie à jamais
Ni douceur ni geste maternels.
Alors oui c'est une vie d'obscurité,
Au mieux une vie grise,
Et pourtant…
Mario, son ami, éclaire et souffle sur la brume opaque de son quotidien
Fernand rêve de couleurs, de poésie, d'imaginaire et de fantasmagorie.
La mine dévore les êtres,
Fernand est une offrande prête à être engloutie à jamais
(Oui il y a du Zola dans cette métaphore - sans jamais chercher à l'imiter-
Le Voreux inévitablement- la dimension sociale également)
Et pourtant, Fernand ne cesse de faire jaillir des couleurs dans ses souvenirs
De la lumière dans sa vie prête à s'enfuir
De la tendresse et du bonheur
Malgré les sacrifices et les renoncements
Il préfère goûter aux bonnes pommes de la vie
Comme tout le monde assurément
Mais encore plus fort, là, perdu dans l'obscurité profonde
Face aux souvenirs de son existence.
Des portraits de personnages tendres et attachants
Parfois tristes et dramatiques
Mais toujours enveloppés d'une lumineuse douceur.
Fernand c'est une voix aphone qui n'a jamais su rugir
Et qui dans les ténèbres se fait enfin entendre.
Trop tard ?
Pour le savoir, lisez ce court roman singulier, émouvant et poétique, qui n'a pas été mis en avant à sa juste valeur à sa sortie en mai 2022.
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Le récit commence avec jeune un homme coincé dans une mine sous une berline après une explosion. C'est lui le narrateur, son corps ne souffre pas, mais il ne peut pas bouger. Il a peur de mourir et alors les souvenirs défilent, pour s'occuper et ne pas trop penser à autre chose, la faim et la soif par exemple. Ses réflexions sont décousues, elles naissent au fil de rapprochements d'idées aléatoires, elles sont beaucoup tournées vers le passé et notamment son enfance qui ne fut pas heureuse. Son foyer était plutôt froid, sa mère pas aimante et son père en retrait, on lui a toujours répété que "la vie c'est comme ça, on n'y peut rien changer" et il a donc fait beaucoup de choix par dépit, pour plaire aux autres. Il évoque aussi son collègue et meilleur ami, Mario, ils sont très différents mais inséparables. Celui-ci arrivait à trier les "pommes pourries" des "bonnes pommes" en une métaphore de la vie, à n'en garder que le meilleur, le narrateur essaie de s'y appliquer aussi pour ne pas sombrer. Il a peur de mourir, surtout de mourir dans le noir, dans cette mine qu'il a tant craint et détesté et à laquelle il n'a pas eu le courage d'échapper. Lui il aurait voulu jardiner, une passion qu'il tenait de son père, mais ça ne se faisait pas dans sa famille, sa mère l'a poussé vers la mine et il a cédé. Sa mère amère suite à une fausse couche juste avant sa naissance, sa mère qui n'a pas su l'aimer, toute repliée sur sa douleur.
C'est un récit assez noir, malgré des moments lumineux, la vie du narrateur et de son entourage est jalonnée de drames. Lui-même aura beaucoup souffert de ce manque d'amour et de cette incapacité à s'affirmer pour faire ce qu'il voulait dans la vie.
Le roman retranscrit le parler du narrateur, assez familier, mais il y a aussi certains passages qui sont plus poétiques. Il se parle à lui-même et une petite voix intérieure se matérialise aussi sous la forme d'un oiseau noir qui s'adresse à lui et auquel il s'adresse en retour, cet oiseau là il ne l'aime et il va pourtant l'accompagner tout le long du roman.
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Dommage qu'il ne soit resté que finaliste pour le Roblès 2023.
Voir la mort en face et se dire que tout bien pesé, on a envie de Vivre, garder les bonnes pommes et jeter les pommes pourries, ça me parle personnellement. Presque un "feel good".
C'est court et bien écrit.
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Un texte ciselé, intense, à la fois roman et parfois presque récit poétique.
Fernand, 23 ans, est prisonnier de la mine où il travaille, suite à un accident. Seul, dans le noir, protégé par la berline en métal qui s'est retournée sur lui, il pense, passe sa vie en revue.
Quelles pommes du panier de la vie a-t il envie de goûter : les pommes juteuses et sucrées ou celles déjà un peu pourries que l'on retrouve forcément au fond ?
Berline c'est la description abrupte de la dureté et de la beauté de la vie. C'est, contre toute attente, l'envie qu'elle se poursuive encore, c'est accepter à défaut de comprendre les imperfections de nos proches.
Un premier roman très intense.
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J'ai adoré ! Un premier roman lumineux.
J'ai été emportée, par l' écriture aussi crue, dérangeante parfois et sans complaisance (mais toujours à propos) que sensible, poétique et lumineuse, chantée, parlée, rieuse,...
ça se lit et ça se relit, pour ne pas louper quelques recoins et fulgurances passés inaperçus.
Chaque fois que l'on s'enfonce avec Fernand dans l'obscurité la noirceur presque le dégoût, quelque chose nous tire vers la lumière, la beauté, la poésie, l'humour et la légèreté.
C'est fort de descendre au tréfonds de nos croyances, de notre condition humaine comme le fait l'auteur par des images sensorielles et directes , d'approcher nos côtés sombres comme dirait l'autre , avec parfois la tentation d'y rester et qu'à chaque fois la force puissante et douce, fluide comme l'eau de ses mots nous remonte avec Fernand à la surface, à la conscience, à la vie ..
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Une véritable introspection de la condition humaine. L'on retrouve ce style camusien, cette observation sartrienne d'une existence au coeur du choix et de l'absurde. Poétique, philosophique, simple et universel : pourquoi donc ne pas lire cet éloge de l'existence ?
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