Mon visage est parfaitement rond. On dirait presque qu’il a été tracé au compas. J’ai horreur de ça.
C’est au cours de ses premières années qu’un être humain évolue le plus. Une fois adulte, on ne change guère en apparence. On devient une version plus croulante, moins attrayante de soi-même. Les gènes et la gravité font leur œuvre.
Pourquoi les êtres humains détestent-ils les traces laissées par les années sur leur corps alors qu’un arbre séculaire, une peinture délavée ou un édifice en ruine sont appréciés pour leur ancienneté ?
Le soleil est un véritable chef-d’œuvre : ses rayons jaunes se fondent dans le bleu pour en faire de la terre de Sienne. Un détail intéressant, en réalité, car j’ai toujours cru que le jaune mélangé à du bleu donnait du vert. Je me tourne vers le jardin, en contrebas de la terrasse. Les jolis massifs que ma mère a plantés avec tant de soin, dix ans plus tôt, manquent d’eau et d’entretien.
En regagnant l'intérieur, elle se dit que Pandora était bien différente, de ce point de vue. Si l'arrière était sobre, presque austère, la façade était pittoresque. Au-dessus de la longue terrasse et de sa pergola, chaque fenêtre était ornée d'un balcon en fer forgé ouvragé évoquant une villa italienne.
Ce sont ces petits moments que la plupart des êtres humains appellent le bonheur. Hélas, il faut remonter dans le train et poursuivre son chemin. Mais on n'oublie pas ces moments de bonheur, Alex. Ils sont ce qui nous donne la force d'affronter l'avenir. L'espoir que ces moments reviendront. Et ils reviennent, bien sûr.
L'esprit des femmes fortes est indéchiffrable. Où apprennent-elles à être aussi contradictoires ?