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Citations sur Au fil de la vie : Nouvelles et esquisses (15)

Que veux-tu ? gémit-il.
Traina sourit doucement : " Danser "
Et elle leva ses bras sveltes et délicats d'enfant et les fit doucement, lentement flotter de haut en bas et de bas en haut, comme si ces mains brunes allaient se transformer en ailes. Elle renversa la tête, profondément, au point que ses cheveux noirs glissèrent de tout leur poids, et elle offrit à la première étoile son sourire étranger. Ses pieds nus, aux attaches légères, cherchaient un rythme en tâtonnant, et il y avait dans son jeune corps un balancement et un enlacement, à la fois volupté consciente et abandon sans volonté, comme on les trouve chez les fleurs délicates aux longues tiges quand elles reçoivent le baiser du soir.

Extrait de Kismét Scène de la vie tzigane
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Clotilde et Rosine habitaient ensemble à Karbach depuis ces temps que l'on appelle immémoriaux. [...]
Les gens de la maison savaient qu'il y avait aussi des orages derrière les géraniums et qu'en ces occasions, Mlle Rosine faisait l'éclair et Mlle Clotilde le tonnerre, comme il convient à tout sain et véritable orage.

Le secret
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Et si le Bon Dieu ordonne que la petite Elizabeth paraisse devant lui affublée de ce petit corps, les blessures ne manqueront pas de guérir à l’instant, et même au ciel, où il fait très clair, on ne verra pas la moindre égratignure.
Et c’est très bien ; car le Bon Dieu et sa bonne maman, il ne faut pas qu’ils sachent que la petite Betty a été battue jusqu’au sang par sa marâtre. Qu’ils n’apprennent jamais - c’était sans doute la prière que faisait la petite fille aux mains pâles et jointes, aux lèvres muettes et mortes dans l’obscurité de la morgue.
Et si le Bon Dieu ordonne que la petite Elizabeth paraisse devant lui affublée de ce petit corps, les blessures ne manqueront pas de guérir à l’instant, et même au ciel, où il fait très clair, on ne verra pas la moindre égratignure.
Et c’est très bien ; car le Bon Dieu et sa bonne maman, il ne faut pas qu’ils sachent que la petite Betty a été battue jusqu’au sang par sa marâtre. Qu’ils n’apprennent jamais - c’était sans doute la prière que faisait la petite fille aux mains pâles et jointes, aux lèvres muettes et mortes dans l’obscurité de la morgue.
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Qu’est-ce que la piété ? Le plaisir qu’on prend à des églises sombres et à des arbres de Nöel illuminés, la gratitude que l’on éprouve pour un quotidien tranquille que ne vient troubler aucune tempête, l’amour qui a perdu son chemin et qui cherche, qui tâtonne dans l’infini sans rivages. Et une nostalgie qui joint les mains au lieu de déployer ses ailes.
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Après la messe, le curé de Sainte-Marie-des-Neiges descendit les quatre degrés de l’autel, fit demi-tour et s’accroupit derrière le jubé. Il chercha un mouchoir dans les nombreux plis de ses ornements et se moucha dans un ut d’orgue grave et respectueux avant de commencer.
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Elle voit d'autres bateaux sur un autre mer. Elle voit un autre monde. C'est ce qui fait que sa voix est ainsi.
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Remplis de la même lumière reconnaissante, leurs yeux se trouvèrent.
Toutes les distances fondirent.
Et leurs mains se serrèrent avec ferveur, comme celles de deux êtres qui veulent se venir en aide.
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Elles se retrouvèrent comme deux personnes qui ont manqué l'une et l'autre la correspondance à une gare perdue sur la lande et à qui incombe dès lors le devoir de s'aider mutuellement à ramer sur le lac de l'ennui. Il arrive aussi que deux pareils individus de cette espèce attendent encore, attendent toujours, et , comme aucun train ne veut décidément arriver, trouvent le chemin qui mène de la gare oubliée au village le plus proche et y restent pour s'y établir.
Et, dans ce cas tout particulier, on nomme le village Karbach.
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La mort est un changement de numéro. La petite Elisabeth était maintenant couchée dans la chambre du bas dont elle avait souvent vu, de sa fenêtre, les murs extérieurs blancs.
Elle avait rapetissé et prenait, avec ses pieds refroidis, peu de place dans le simple lit de bois auquel était déjà fixé le nouveau numéro. Le numéro de la tombe, là dehors.
Celle-ci était déjà prête; mais elle n'était pas noire et béante comme la gueule d'un animal monstrueux. L'arrivée de la nuit commençait d'y tisser un linceul de neige chatoyant de blancheur, rendant l'endroit aussi gracieux et attirant que le petit lit d'un enfant de riches.
Et la petite Betty dans sa chambre silencieuse était couchée si câline et si confiante qu'on eût pu croire qu'elle le savait.
Ses petites mains d'une blancheur de cire tenaient, comme pour jouer, une petite croix de bois, sa chevelure rayonnait comme une auréole depuis le nuage de dentelle de son oreiller mortuaire, et autour de ses lèvres minces et pâles s'épanouissait un sourire mélancolique : c'est ainsi qu'une couronne d'immortelles enlace une page de missel jaunie. p.92
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Les gens de maison savaient qu'il y avait aussi des orages derrière ces géraniums et qu'en ces occasions Mlle Rosine faisait l'éclair et Mlle Clothilde le tonnerre, comme il convient à tout sain et véritable orage. Ils savaient aussi que le nombre de ces orages étaient bien plus élevé que n'eût osé le prophétiser la grenouille la plus fielleuse. (p.26, Le Secret).
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