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Critique de ThibaultMarconnet


De la nuit à l'aube

Il fait nuit. Une bougie s'allume qui éclaire le sang noir de l'encre, et la peau blanche du papier s'imprègne de chaque mot déposé. Dans sa cellule, le poète a rassemblé sa parole et il la porte haut comme un ostensoir. D'abord, s'installe le recueillement avec "Le livre de la vie monastique".

Mais bientôt, le poète se sent à l'étroit, il lui faut quitter cette thébaïde et partir à la rencontre du monde et des êtres qui le peuplent, hommes et bêtes, arbres, pierres et ruisseaux. Il lui faut chauffer son front pâle au feu du soleil et se mettre en route. S'ouvrent alors les pages qui contiennent "Le livre du pèlerinage".
Rilke fait entrer Dieu dans la danse, il le questionne, lui dit ce qu'il ressent dans le tréfonds de sa chair, dévoile ses doutes, ses peurs, ses joies, et célèbre la beauté de tout ce qu'il rencontre de vivant sur cette terre.

Après avoir longtemps marché au coeur d'une nature riante, les grandes villes de Caïn l'attendent, laides, froides et oppressantes, marquées du sceau de la détresse dans laquelle chaque être humain se débat : c'est "Le livre de la pauvreté et de la mort". le poète entre dans le dénuement, laissant tomber au sol ses vêtements comme de vieilles peaux mortes trop longtemps portées. Ses yeux se dessillent, regardent la misère humaine bien en face, et il demande que soit donnée « à chacun sa propre mort » ; pas la mort impersonnelle et qui frappe sans crier gare, mais le fruit longtemps mûri au dedans de soi.

C'est sur une éclaircie que le poème se termine, ou plutôt s'ouvre comme un possible recommencement. Car à la nuit succède l'aube fertile de tout ce que le poète aura appris en chemin.

© Thibault Marconnet
Le 1er avril 2021
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