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Citations sur L'autodidacte, le boxeur et la reine du printemps (34)

…. si un livre déniché sur l’étagère la plus inaccessible d’une bibliothèque perdue dans le désert était capable de bouleverser – sauver – la vie d’un homme – d’un seul –, rien que pour ça il valait la peine d’avoir été écrit.
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Quelques jours plus tôt, elle avait accepté mon invitation au cinéma et, dans la pénombre de la salle, après plusieurs tentatives, j’osai enfin lui prendre la main. Ce seul contact suffit à m’exalter pendant tout le film. Durant ces cent dix minutes, je me vis passer le reste de ma vie avec cette femme magnifique : nous nous mariions, nous avions des enfants, gâtions nos petits-enfants, fêtions nos noces d’or et, à la fin de notre vie, assis sur une pierre à la porte de notre maison, heureux comme des fleurs, nous contemplions le vaste crépuscule de la pampa.
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Le mot poète m’a toujours pesé comme un halo de pierre. Enfant, je croyais que les poètes étaient tous morts. Ou qu’ils étaient des entités sublimes, quasi incorporelles. Il me paraissait impossible que quelqu’un écrivant des choses aussi belles tousse, par exemple, ou crache, ou saigne du nez. Je n’avais jamais vu un poète en chair et en os et la possibilité d’en voir un dans le désert me semblait aussi improbable que de rencontrer un ours polaire batifolant dans la réverbération des sables brûlants. Non, je n’étais pas poète, juste un païen s’efforçant de griffer le tissage de la beauté avec un crayon Faber No 2 sur les pages d’un cahier quadrillé.
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Dans l’unique librairie du campement il y avait de tout sauf des livres. En chemin pour la séance de cinéma de deux heures de l’après-midi – on passait un film avec Marilyn Monroe –, je jetai un coup d’œil machinal à la vitrine : parmi un fouillis de chemises, de cahiers et d’enveloppes, tel un poisson multicolore dans un aquarium de sardines, brillait la couverture d’un livre. Soit c’est un livre de cuisine, me suis-je dit, soit un recueil de chansons de la Nouvelle Vague, de ceux qui indiquent les positions des doigts pour plaquer des accords de guitare.
Moi, je ne cuisinais ni ne jouais de la guitare.
Je m’approchai de la vitrine : "Anthologie de la poésie chilienne contemporaine", d’Alfonso Calderón. C’était incroyable. À dix-neuf ans, je n’avais jamais eu un livre de poésie entre les mains. Le plus intellectuel que j’avais connu jusque-là – à part la Bible, le seul livre qu’il y avait toujours eu à la maison –, c’était de vieux numéros de Sélection du Readers’ Digest qu’un ami me prêtait.
(Incipit)
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Le boxeur et moi étions aussi différents qu’une pierre du désert et une pierre de rivière, mais nous sommes devenus bons amis. Selon les copains de l’équipe, l’un représentait la force et l’autre la jugeote. Ce qu’ils justifiaient par la taille de nos mains : celles de Rosario Fierro grandes et larges comme des pelles ; les miennes longues et fines comme celles d’un pickpocket. Cependant nous sentions tous les deux que force et jugeote étaient la combinaison parfaite pour une amitié idéale.
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C'est à cette époque que je suis retombé amoureux dingue. Et comme pour la fille qui racontait des films c'était aussi un amour silencieux.Un amour de film muet, je me disais, enragé par mon incurable timidité.

( p.40)
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Toutefois, personne à la mine n'était au courant que j'écrivais de la poésie.Et je veillais à ce que personne ne le sache
Pour ces gaillards venus des campagnes du Sud, aux mains dures comme des charrues , tous de braves types mais la plupart sans éducation, écrire des vers était un truc de femmes
Ou de petits messieurs délicats .De sorte que j'écrivais et planquais mes poèmes comme s'ils étaient les preuves accablantes d'un délit puni de prison.

( p.28)
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Mais, par-dessus tout, je sentis dans mes tripes la certitude absolue que j'allais moi aussi écrire un roman. Mon sujet serait, bien évidemment, le désert d'Atacama.J'en décrirais la solitude de planète abandonnée, son silence assourdissant, ses mirages bleus criminels; je raconterais la geste de ces hommes qui, avec une gourde d'eau pour le chemin et leur propre ombre pour seul abri, avaient conquis ces contrées infernales; je suivrais le fil de leurs vies de sacrifice, je témoignerais de leurs rêves, de leurs espoirs, de leurs joies et leurs peines; je raconterais leurs grèves, leurs manifestations, leurs pitances collectives, les féroces massacres où ils succombèrent maintes fois.
Je décrirais leurs foyers misérables, leurs gargotes, leurs places empierrées; je raconterais leurs fêtes, leurs amours, leurs mythes et légendes (...)

( p.105)
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(***À propos de "Adán Buenosayres" de Leopoldo Marechal)
Je le rendis avec la conviction absolue que, si un livre déniché sur l'étagère la plus inaccessible d'une bibliothèque perdue dans le désert était capable de bouleverser-sauver- la vie d'un homme- d'un seul-, rien que pour ça il valait la peine d'avoir été écrit. Et qu'il valait la peine d'écrire n'importe quel livre.
Pendant mes années à Pedro De Valdivia, je relus plusieurs fois
" Adán Buenosayres".Et peu avant la fermeture de la Compagnie qui allait devenir un autre de ces villages fantômes éparpillés dans le désert, je me rendis à la bibliothèque et l'empruntai une dernière fois.Sur la carte de prêt ne figurait que mon nom, écrit sept fois, alors je n'ai pas hésité un instant:
Ce livre est à moi, me suis-je dit.
Et je l'ai volé.

( p.104)
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J'étais un cinéphile acharné et j'attendais depuis longtemps de voir
" Les hommes préfèrent les blondes", mais à cet instant cela m'était devenu égal : chaque page de mon livre était un écran de cinéma ; chaque vers, un photogramme; chaque strophe, une scène ; chaque poème, un nouveau film, magnifique, émouvant.

( p.13)
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