Qui connait les cours d'assises connait bien ces moments-là. Le témoin y est jeté comme une souris entre les griffes non pas d'un mais de plusieurs chats, qui cherchent chacun à éprouver la capacité de survie de leur proie. Certains, entrés dans l'arène, tout gonflé d'eux-mêmes, repartent en lambeaux. D'autres, dont on pensait qu'il ne serait fait qu'une bouchée, repartent sans une égratignure. On a vu des crédibilités s'effondrer sur une phrase, des mauvaises colères ruiner en quelques secondes une apparente sérénité ou de seins emportements asseoir soudain une notoriété qui faisait défaut.
Maurice Agnelet rit. Rien ne va avec, ni les mots entre les rires, ni l'atmosphère, ni les circonstances. Et sous la disharmonie de ce rire, François Saint-Pierre courbe les épaules comme s'il ployait sous un fouet.
Il y tenait beaucoup , Maurice , à la tradition d'offrir à chacun de ses amis ces boules dont les fruits collaient aux mains des enfants , et dont il leur répétait chaque année avec solennité qu'elles portaient bonheur. P 219
Maurice Agnelet rit. Rien ne va avec , ni les mots entre les rires , ni l'atmosphère , ni les circonstances. Et sous la disharmonie de ce rire , François Saint-Pierre courbe les épaules comme s'il ployait sous un fouet. p 175
< On ne quitte pas Maurice Agnelet. Toute personne qui tente de lui échapper doit être réduite. > P129
La loi, qui connaît mieux la vie qu'on ne le dit parfois, a prévu des cas comme ça. Elle dit que lorsqu'on est le père, la mère, le frère, la soeur, l'enfant ou le conjoint de l'auteur d'un crime ou d'un délit, on ne peut être puni pour ne pas l'avoir dénoncé. Que se taire n'est pas un délit prénal mais un conflit moral qu'il appartient à chacun de résoudre comme il peut.
Il se sent soldat, "sergent d'infanterie", dit-il, préparant l'offensive. Le procès de son père est devenu son combat, ses ennemis sont devenus les siens, l'enquête et les charges qui pèsent contre lui ne sont rien d'autre que des obstacles placés par leurs adversaires et qu'il faut trouver le moyen de surmonter, de contourner. Il n'y a plus de place pour le trouble. Le trouble, c'est bon pour les temps de paix, et là, c'est la guerre.
Il sait presque tout de son intimité, rien n’est plus impudique, obscène même, qu’un dossier d’instruction. Il y a les témoignages de ses nombreux amis, ceux de sa famille, toute l’enquête qui a radiographié sa vie, mais il y a surtout ses mots à elle. Ceux qu’elle couchait frénétiquement sur les pages de son journal intime, de son écriture ronde, presque enfantine, l’écriture d’une jeune femme amoureuse et triste, qui abdiquait sa fierté, sa raison, son indépendance devant lui, l’amant, et se reprochait à la fois d’être trop soumise et de ne pas l’être assez.
Au cinéma et dans les rêves, on ne pense pas à crier « pour voir si quelqu’un a entendu ».
Un étudiant en médecine ne rate pas son suicide.