Tous les employés de Royal Meadows avec lesquels elle avait eu l’occasion de discuter lui avaient parlé de Travis Grant avec respect et admiration. Lorsque Travis donnait un ordre, il était exécuté promptement et sans discussion.
Il lui saisit le menton, la forçant à soutenir son regard. — C’est normal que tu aies la nostalgie de la verte Irlande. Comment pourrait-on laisser son pays, ses amis, ses traditions derrière soi sans se sentir déchiré par moments ?
Face à son expression rebelle, Travis resta une fois de plus d’un calme olympien.
- Puisque tu te sens tenue une fois de plus de remettre mon autorité en cause, je préfère poursuivre le débat en privé. Je suis le propriétaire de Royal Meadows et, jusqu’à preuve du contraire, c’est moi qui prends les décisions ici.
Chaque seconde qui s’écoulait faisait battre son cœur plus vite. L’air vibrait, épaissi par les hurlements de la foule dont les cris individuels se mêlaient pour former une vaste clameur. Mais Adelia ne l’entendait même plus. Elle était avec Majesty, si concentrée qu’elle sentait le vent de la vitesse dans ses cheveux et les mouvements puissants du cheval sous elle.
Avec un soin tout particulier, elle évitait les journalistes qui s’aventuraient de plus en plus souvent autour de la piste d’entraînement. L’idée qu’on puisse l’interroger sur ses relations avec le propriétaire de Royal Meadows la remplissait de gêne et de confusion.
Imbue d’elle-même comme elle l’est, cette pauvre Margot avait réussi à se persuader que je ne t’avais épousée que dans le seul but de contrarier sa petite personne. J’étais tellement sidéré de l’entendre sortir une énormité pareille que je l’ai laissée parler un moment pour voir jusqu’où elle pousserait ses affabulations insensées.