L'arrogance de Vole, la stupéfaction de Christine, la colère de Sir Wilfred... Eve ne s'attendait ni à moins ni à plus. Soudain, elle se leva d'un bond.
- Nom d'une pipe !
- Assieds-toi, ma chérie.
Enchanté, Connors la repoussa sur son siège alors que, sur scène,
Christine Vole plongeait dans le cœur de son mari le couteau dont elle s'était emparée sur la table des pièces à conviction.
- Nom d'une pipe, répéta Eve. Je n'ai rien vu venir. Elle l'a tué.
Oui, décidément, se dit Connors, Agatha Christie aurait adoré Eve. Tous les comédiens se précipitèrent pour écarter Christine Vole.
- Il y a un problème.
De nouveau, Eve se leva, le cœur battant. Cette fois, elle s'agrippa à la balustrade des deux mains, les yeux rivés sur la scène.
- Comment fait-on pour descendre ?
- Eve, c'est un spectacle.
- Il y en a un qui ne joue plus.
Elle repoussa son fauteuil et quitta la loge. Au même instant, Connors vit l'un des figurants agenouillés se relever et fixer sa main maculée de sang.
L’amour et la haine sont à leur paroxysme.
L’argent, ça motive, de même que l’ambition.
Cette façon de célébrer son acquittement tout en rejetant Christine comme un os rongé. Ce plaisir de gagner, d’avoir contourné le système, d’avoir dupé tout le monde. Puis, le choc, dans son regard, dans son corps, quand elle s’est retournée vers lui avec le couteau. À cet instant, je me suis dit que je n’atteindrais jamais ce niveau. Je n’ai pas compris, même quand les autres ont réagi, je ne me suis pas rendu compte…
Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué ?
Il est imprudent de ma part d’écrire mes pensées. Mais elles sont si fortes, si énormes, si puissantes que je m’étonne qu’on ne les voie pas exploser hors de ma tête. Je les exprime ici, où personne ne pourra les entendre. Ces pensées, je dois les taire, les enterrer. Je dois rester lucide.
Ses prestations cinématographiques lui ont valu des critiques dithyrambiques. Une valeur sûre au box-office, sur la scène comme à l’écran, depuis des années. On le dit difficile, arrogant et capricieux. Il change de femme comme de chemise et absorbe un certain nombre d’euphorisants que la police pourrait désapprouver.
Je trouve l’intrigue passionnante. Les thèmes abordés sont intemporels, comme dans toute bonne histoire. L’amour, la trahison, le meurtre, tout y est.
Le meurtre a toujours excité les foules.
Dans la réalité comme dans la fiction, mue par l’horreur ou la jubilation, le cynisme ou l’accablement, la fascination de l’homme pour le crime en fait un sujet d’étude intemporel.
En clair, le meurtre est vendeur et remplit les théâtres depuis la nuit des temps. Les Romains se bousculaient au Colisée pour voir les gladiateurs s’entre-tuer ou – histoire de se distraire – pour assister au spectacle de quelques chrétiens affrontant une meute de lions affamés.