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Citations sur SOS Antarctica (5)

Nom de Dieu ! Cette expédition est vraiment maudite.
Elle regarda derrière elle. Elle allait trop vite, à nouveau. Derrière elle, Carlos tirait l’autre traîneau banane, suivi par X et Wade, puis Ta Shu, qui faisait quelques pas, un tour sur lui-même et repartait en parlant toujours à son public éloigné ou, plus probablement, en enregistrant son commentaire. Venaient ensuite Jorge et Elspeth, manifestement épuisés. Jim fermait la marche avec Jack, qui soutenait son coude droit avec sa main gauche. Ils avançaient tous les huit au ralenti, pour autant que Val puisse en juger. Le vent soufflait par rafales, maintenant, des coups sournois alternant avec des plages de calme. Pour un peu, elle aurait eu pitié de Jack. C’était un enfoiré, d’accord, mais sa clavicule brisée devait le faire horriblement souffrir à chaque faux pas sur la glace. Il n’avait pas pardonné à Val de l’avoir harcelé, dans le bassin de Mohn. Et il n’était pas le seul. X lui aussi lui en voulait, à cause de leur histoire. Forcément. Cette expédition était vraiment maudite.
Wade tenait son poignet devant sa bouche et hurlait. Sans doute une nouvelle tentative infructueuse de communiquer avec le monde. À moins qu’il n’ait entendu une sonnerie et tenté de répondre. Il glissa et se hâta de reprendre son bâton de ski. De toute façon, qu’il réussisse à rétablir le contact ou non, ils n’avaient plus rien à attendre du dehors, maintenant. Val repartit, transie mais soulagée de ne plus faire face au vent. Le glacier était presque plat, à cet endroit. Il descendait juste à peine vers le bas. La glace bleue était crevassée, comme d’habitude, mais à part ça, la marche n’était pas difficile. Ils longeaient une ligne de moraine noire et rouille, sur leur gauche. Les falaises noires qui encadraient le glacier des deux côtés avaient été de toute évidence abrasées par des versions antérieures du glacier, qui devait être plus haut d’au moins trois cents mètres, à l’époque, car les parois étaient rayées sur cette hauteur, au pied des remparts qui devenaient ensuite des pics et partaient à l’assaut du ciel, tout là-haut. Le canyon n’était pas étroit et profond comme l’Axel Heiberg, mais sa largeur avait quelque chose d’encore plus impressionnant, les réduisait à l’état de fourmis. Tout était énorme. Le camp de base de Shackleton était à près de trente kilomètres de là, au confluent du glacier McGregor et du Shackleton, sous le mont Wade. Mais rien de tout ça n’était visible sous l’amas de nuages qui montaient du canyon, à part le mont Wade qui les dominait de toute sa hauteur, neige blanche sur fond de nuages blancs. Une tempête approchait.
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Nous sommes à présent sur la pente de la ville. Derrière nous, on voit l’aéroport sur la glace, et, par-delà la mer de Ross, le continent proprement dit, à une cinquantaine de kilomètres. C’est une perspective magnifique. De ce côté, les montagnes se dressent au-dessus de l’océan : des pics plus hauts que le Fuji et le mont Blanc se dressent à moins de douze kilomètres de l’océan. Il s’agit, comme vous le voyez, d’une chaîne complexe, aux facettes multiples, profondément creusée de vallées glaciaires sur lesquelles ruissellent les rayons jaunes, obliques, du soleil couchant. Certains jours, un effet d’optique provoque la fata morgana qui fait paraître les montagnes cinq fois plus hautes qu’elles ne le sont en réalité. Oh, que cette vue de McMurdo est puissante ! Elle fait intervenir simultanément toutes les oppositions du paysage : hsü-shih, le vide-plein, yin-hsien, l’invisible-visible, chin-yuan, le près-loin ou infini-fini. Il s’ensuit tout naturellement que la cinquième dimension, li, le vide devant l’espace-temps, ressort fortement. Tout comme cette valeur du paysage qui transcende la notion de beauté, son i-ching, ou densité de l’âme, et sa résonance divine, ou shen-yun.
Ici, dans la ville proprement dite, tout est kao-yuan, vu vers le haut. Je vais donc commencer par monter sur Ob Hill, la colline de l’Observatoire, le cône volcanique qui se trouve au bout de la péninsule, au-dessus de la ville, vous le voyez à présent.
D’ici, comme vous pouvez le constater alors que je monte, la perspective devient p’ing-yuan : vues d’un sommet proche, les montagnes lointaines se perdent dans l’infini. J’aime beaucoup le p’ing-yuan.
Les bâtiments que vous apercevez en bas sont ceux de la Station de McMurdo, sur l’île de Ross. L’endroit rappelle ces villes minières de Mongolie, envahies par la rouille. Mais ce point de vue shen-yuan, c’est-à-dire de haut en bas, n’est que partiel. Nous verrons bientôt que le village désert, à la disposition apparemment aléatoire, est occupé par une civilisation qui utilise les dernières découvertes de la technologie futuriste. C’est un étrange endroit, comme vous allez le constater.
Mais d’abord, la péninsule. L’île. La glace de mer hérissée d’icebergs. La chaîne de montagnes, au loin, si loin et en même temps si nette. Magnifique, vraiment.
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Graham hocha la tête. Il appréciait la prudence de Michelson dans ce domaine, parce qu’il pensait comprendre ce qui la motivait. Toute annonce prématurée, faite avant que le travail ne soit achevé et la publication des résultats acceptée, risquait de gravement compromettre leurs recherches. La diffusion sur Internet et la presse de vulgarisation scientifique étaient aussi potentiellement dangereuses l’une que l’autre. La strate de dépôts de hêtre qu’ils avaient trouvée dans les siriennes d’Apocalypse était une découverte cruciale, Graham en était sûr. Encore fallait-il qu’elle soit convenablement présentée dans un dossier bouclé de partout. Ce serait alors une pierre très solide dans l’édifice, peut-être même ferait-elle pencher les plateaux de la balance en faveur de la vision mobiliste. Mais ils n’en étaient pas encore là. Pour le moment, ils n’avaient qu’un peu de matière organique couleur de rouille et voilà tout. Elle pouvait avoir deux cents ans comme deux cent millions d’années. Les fixistes les mettraient probablement au défi de se justifier sur ce point, comme sur tous les autres auxquels ils arriveraient à penser. Ils devaient donc bâtir un cadre pour ces fragments afin de réfuter toutes les objections possibles à l’interprétation qu’ils en faisaient. Car un objet demeurait un objet jusqu’à ce que les objections aient été contrées. Il fallait les localiser dans le réseau dense de l’histoire pour les changer en faits, des faits qui viendraient ensuite étayer une théorie. Cette partie du processus était cruciale si on voulait faire un travail durable, qui ait une portée. Michelson enrôlerait donc une bardée de paléobotanistes, de paléobiologistes, de géomorphologistes, de géophysiciens, de paléoclimatologistes et de glaciologues comme Graham lui-même, qui tous mettraient leur spécialité au service de la théorie, et dont la carrière dépendrait plus ou moins, par la suite, du succès ou de l’échec de la vision mobiliste.
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Wade avait fait des recherches sur le Traité de l’Antarctique (en fait, un ensemble touffu de protocoles et d’accords) l’année précédente, quand le sénateur Winston, qui avait piqué le fauteuil de Phil, avait incité la Commission des relations extérieures à voter un moratoire sur le renouvellement du Traité, qui était en cours de renégociation depuis trois ans. Il était à peu près évident pour Wade que le blocage de la ratification, en dehors du fait qu’il procédait d’une stratégie générale d’obstruction à l’action du Président, était lié à l’éternel combat de Winston contre le Club du Sud et l’hémisphère Sud en général, qui cristallisait dans son esprit toute la fainéantise et l’indolence des mécréants. Et puis le nouveau Traité reprenait l’interdiction d’exploiter le pétrole, les minerais et généralement toutes les ressources prévues par le premier Traité depuis le rattachement du protocole sur l’environnement de 1991. Et ça, ça ne plaisait évidemment pas à Wall Street dont le but était la suppression de toutes les réglementations environnementales et autres entraves à l’exercice de la libre entreprise.
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« Le cerveau humain est passé d'environ trois cents millimètres cubes à environ quinze cents millimètres cubes à l'époque où nous menions une vie nomade, déplaçant notre maison à la surface de ce monde ».

Commentaire : Traduction fidèle et stupide du texte original ... car un cerveau humain mesure en moyenne près de 1300 CENTIMETRES CUBES !!
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