C’est bien le moment de faire dans l’héroïsme. Je le secoue. Ce connard a tué ma femme. Il n’a pas le droit de crever comme ça. Il n’a pas le droit de mourir sans que je le décide. Il n’a pas le droit de m’ôter ma vengeance.
Les meilleures planques sont toujours les plus dures à trouver.
Mon désir de vengeance n’a pas disparu avec la mort de Luke et il reste des points sombres que je ne peux laisser en suspens. Je dois terminer cette course dans laquelle j’ai été placé contre mon gré. Okes n’a eu de cesse de me le répéter : je suis le seul à pouvoir y arriver.
Il faut parfois savoir lire entre les lignes et entendre parmi les paroles jusqu’à trouver la bonne interprétation.
Tout est éblouissant et velouté. Je sens sa présence sur mon corps, son front sur mon ventre, ses mains sur mes cuisses. Lisa me chatouille avec les mèches de sa tignasse, balançant sa tête de gauche à droite, elle m’embrasse aussi, et joue avec le bout mon sexe. Je suis au paradis. J’ai enfin retrouvé ma douce. Ses lèvres arrondies titillent ma chair, l’excitent, la gonflent. Elle souffle, aspire, mordille. J’essaye de tendre une main vers elle, caresser ses cheveux auburn, mais je ne maîtrise plus mon corps. Je flotte, et l’apesanteur décuple le plaisir de sa bouche chaude.
Je n’ai pas de temps à perdre avec eux. La mort de ma femme et de mes deux fils ne regarde que moi. Je dois agir seul. C’est l’unique solution pour que je retrouve mon calme, ma réalité. Car je sais bien que je ne vis pas la réalité, j’ai l’esprit qui bouillonne, aveuglé par la souffrance. Je suis hors du réel, mais tout va bien.
Voyez-vous, dans une institution, quelle qu’elle soit, il existe le risque que son activité soit, un jour, perturbée par des cancrelats dont le destin même a été écrit pour pourrir celui des autres.
Tout ça, c’est un feu de paille sur une caisse d’explosif. Je dois me la jouer calmos si je veux arriver à retrouver l’assassin de ma femme. Je camperai donc le gentil flic. Je m’enfonce de quelques centimètres dans le canapé dans un bruit de pet mouillé, comme s’il n’avait jamais eu aucune fermeté. Je boue d’impatience.
C’est fou le nombre de conneries qui peuvent nous traverser le crâne lorsqu’on essaye de chasser une idée fixe, lorsqu’on fait tout pour effacer l’inoubliable, lorsqu’on souhaiterait que tout disparaisse autour de nous, que le monde explose, mais que rien ne se produise, et que ce qui a été fait ne pourra jamais être défait