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Critique de Eve-Yeshe


J'aime bien les romans de Marie-Sabine Roger en général car l'écriture est légère et assez drôle, donc après « trente-six chandelles » et « la tête en friche », pourquoi ne pas essayer « bon rétablissement »?

Ce héros, bourru, bougonnant sans cesse, abrupt dans ses propos, est assez sympathique, donc on suit son parcours avec plaisir car il a eu la même vie que nous tous, les mêmes désirs, les mêmes souffrances, les mêmes désillusions. Il est revenu de tout, comme on peut l'être à son âge, quand on est veuf, sans enfant, retraité.

Et bien-sûr, son accident va le faire réfléchir. Il découvre l'univers hospitalier (qui n'est l'est pas tellement, « hospitalier ») avec le grand patron, fier de son travail de « réparateur de fractures » qui fait sa visite et parade devant ses étudiants, (cela me rappelle tellement de souvenirs…) pour lequel le patient est réduit à un diagnostic, il n'est plus un homme souffrant d'un polytraumatisme, il est « le polytraumatisme », tellement réduit à l'état de meuble qu'on oublie toujours de fermer la porte…

Mine de rien, toujours par l'humour, Marie-Sabine Roger décrit très bien cette absence d'empathie devant le patient souffrant.

J'ai bien aimé les chapitres dans lesquels Jean-Pierre raconte la stérilité et le parcours difficile, les traitements, tous les charlatans qu'on peut être tenté de consulter : « Elle (Annie) a consulté des voyantes, des gourous, des magnétiseurs ; elle s'est fait poser des pierres de couleurs sur le ventre ; on lui a ouvert les chakras et planté des aiguilles le long des méridiens… elle a gobé des cachets, des gélules, des promesses, qui, comme chacun le saint, n'engagent que ceux qui y croient. »

Ce livre est drôle, tout est tourné en dérision, le personnage est souvent « lourdingue », « Je n'y peux rien, j'ai un tempérament de cheval de labour, j'ai besoin de tirer mon soc et de peiner un peu pour savoir que j'existe. Il me faut de l'air, de l'espace. de l'occupation », et à la fois touchant car on le voit évoluer, perdre certains a priori sur la société actuelle vue de son « grand âge » : immobilisé on a le temps de réfléchir et de s'ouvrir aux autres, découvrir la dureté du monde actuel, la précarité, les dérives de la religion, les réseaux sociaux…

Un bon moment de lecture, facile car les phrases sont courtes, le rythme enlevé, les bons mots et l'autodérision bien maniés, avec justesse et sans caricature. Ce roman va rester dans ma tête car les problèmes soulevés me touchent au propre et au figuré (et touche chacun d'entre nous), il est parfois jouissif et je le relirai sûrement ; ce n'est pas une bluette qu'on oublie aussitôt la dernière page tournée. le roman est bien moins caricatural que le film!!!

Même si elle n'est pas Balzac, Maupassant ou Tolstoï (pardon à ceux que je ne cite pas) Marie-Sabine Roger me plaît assez, elle joue quand même dans une autre catégorie de Gilles Legardinier que j'ai égratigné au passage, il y a quelque temps.

Note : 7,3/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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