Lors des débuts de Corot, on était en plein règne du paysage historique, ce genre que Valenciennes, paysagiste célèbre, très pénétré de Poussin et de Claude Lorrain, avait défendu, le pinceau et la plume à la main. Dans son ouvrage qui ne manque pas d'autorité : Traité élémentaire de perspective pratique, Valenciennes, élève de Doyen, avait félicité l'État d'avoir institué un prix de Rome, de paysage historique, prétendant que ce genre possédait toutes les vertus, et l'Italie tout le pittoresque que peut rêver un artiste.
M. Henry Dumesnil, dans les Souvenirs intimes de Corot, raconte avec une simplicité charmante cette joie du débutant, et il ajoute : Tous ceux qui ont eu accès dans l'atelier de Corot connaissent le début de son pinceau conservé avec amour, et dont il se plaisait à raconter l'histoire, parce qu'elle lui tenait doublement au coeur. En nous montrant cette étude, il dit : « Pendant que je faisais ça — il y a trente-cinq ans — les jeunes filles qui travaillaient chez ma mère étaient curieuses de voir M. Camille dans ses nouvelles fonctions et s'échappaient du magasin pour venir là et regarder. Une d'elles, que nous appellerons a Mlle Rose, accourait plus souvent que ses compagnes. Elle vit encore,est restée fille, et me rend visite de temps en temps ; elle était encore ici la semaine dernière. Ô mes amis, quel changement! et quelles réflexions il fait naître! ma peinture n'a pas bougé, elle est toujours jeune, elle donne l'heure et le temps du jour où je l'ai faite ; mais Mlle Rose et moi, que sommes-nous ? »