Désormais, Rosa a commencé le cycle d'études et de compositions auquel la mort seule mettra un point final : elle nous racontera, au hasard de ses voyages, où elle sut se documenter solidement, la vie des bêtes dans la vie rustique ; elle n'est pas seulement un naturaliste qui fait le portrait d'un animal et note, pour l'utilité des classifications, les caractères apparents de cet animal ; son effort a plus de pénétration : elle interprète l'animal dans la nature où il évolue, et dans le rôle qui lui est échu ; et sa façon à elle de chanter un cantique à la création c'est de peindre avec passion les êtres qui se meuvent dans un paysage, selon l'ordre chromatique où le caprice des heures les lui montre, et ce cantique, pour réel que soit son objet, n'en a pas moins sa poésie et son émotion.
Elle faisait alors d'importantes copies, plus encore pour satisfaire un goût qu'elle avait d'approfondir le génie des maîtres, que pour en tirer un parti immédiat : longtemps après, elle se rappelait cette période de sa vie et en expliquait le sens spécial au point de vue de son éducation artistique : « Les tableaux des vieux maîtres, écrivait-elle, exerçaient sur moi une fascination toute spéciale. Combien d'heures vraiment heureuses j'ai passées dans ces salles sans fin, remplies de leurs chefs-d'oeuvre ! Combien de leurs toiles j'ai copiées ! Je ne saurais assez répéter aux commençants qui veulent embrasser la difficile et pénible carrière d'artiste, de faire ce que j'ai fait, de se meubler la tète d'études d'après les vieux maîtres. C'est la vraie grammaire de l'art et le temps ainsi employé ne peut que profiter à l'avenir. »
Désormais, et jusqu'en 1 855, Rosa Bonheur parut à tous les Salons ; mais il est à noter de suite que le succès ne se fit pas aussi rapide qu'on pourrait le croire, à ne considérer que l'énorme vogue qui s'attacha, à partir de 1 853, à tout ce qui porte sa signature. C'est cette période de 1842 à 1804 que nous voulons étudier dans ce chapitre, période très curieuse et décisive, on le verra, dans la carrière de l'artiste; car Rosa a définitivement adopté une méthode de travail qui est bien à elle, et se donne à son art avec une passion et une volonté qui devaient bientôt obliger quelques critiques attentifs à ne la plus traiter avec indifférence.
Désormais, et jusqu'en 1855, Rosa Bonheur parut à tous les Salons ; mais il est à noter de suite que le succès ne se fit pas aussi rapide qu'on pourrait le croire, à ne considérer que l'énorme vogue qui s'attacha, à partir de 1853, à tout ce qui porte sa signature.
Quand on constate l'extraordinaire unité de la carrière de Rosa Bonheur, on comprend qu'il ne doit pas être, dans sa vie, de période indifférente, et l'on se sent nécessairement curieux de rechercher quelles furent les années de son enfance.