Le pouvoir lui tendait les bras.Il n'allait pas reculer.Il n'allait pas trembler. En cet instant,il n'existait aucun autre homme dans ce pays doté d'une pareille détermination.Le fauve fonçait sur sa proie. Rien ni personne ne l'empêcherait de vaincre . Le fauve fonçait sur sa proie.
La lumière tue alors que l'ombre préserve.
Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent.
Cette capacité des peuples à renverser le cours du destin, cet irréductible besoin de sortir du sillon tracé, cette irrépressible envie de courir vers l'inconnu en ignorant les dangers pourtant aussi visibles qu'un troupeau d'éléphant dans la savane, voilà ce que Michelle Dumont ne parvenait pas à envisager.
Des millénaires d'obéissance ont enseigné à certaines lignées de femmes à ne jamais protester quand les hommes sont ainsi emportés par une violente tempête d'hormones.
La dictature n'est pas seulement une affaire de politique. Elle commence souvent sur le pas de la porte, dans le regard du frère, de la mère ou du cousin qui quémande insatiablement de quoi tenir un jour de plus et à qui on ne peut pas refuser sous peine de disgrâce.
L'amok était l'apanage des désespérés. Dida le savait. Il pardonnait d'avance à cette foule enragée, contaminée par le virus de l'injustice et du mépris. Il comprenait son désespoir.Il savait pour l'avoir expérimenté que la misère n'engendre rien de beau en l'homme, qu'elle réduit en poussière le vernis social.
La foule se battrait avec l'énergie des révoltés, des justes, des désespérés. Elle se battrait car elle n'avait rien à perdre, et aucune autre échappatoire. Ce peuple croupissait dans le caniveau de la vie, luttait chaque jour pour trouver de quoi espérer, n'arrivait plus à vaincre la misère et la faim, n'en pouvait plus de ce soleil sans pitié qui le tuait à petit feu. Il brûlait de rendre au centuple aux élites opulentes le mépris qu'il recevait et marchait maintenant vers un destin dont il n'osait dessiner les contours mais qui serait à coup sûr plus glorieux et plus brillant que cette vie misérable à laquelle il était condamné de naissance.
- Sais-tu quelle est la différence entre un président mort et un président?
- Non.
- Le mort est toujours plus grand. Moi, je ne suis qu'un petit capitaine vivant. L'Histoire ne retiendra rien d'autre que mes échecs ! (p.308)
Oui, celui-là, je lui ai logé une balle dans le cerveau. De toute façon, il ne savait pas s'en servir. (p.307)