Nos régimes sont considérés comme démocratiques au sens où le pouvoir sort des urnes à l’issue d’une compétition ouverte et où nous vivons dans un État de droit qui reconnaît et protège les libertés individuelles. Démocraties certes largement inachevées. Les représentés se sentent ainsi souvent abandonnés par leurs représentants statutaires, et le peuple, passé le moment électoral, se trouve bien peu souverain.
L’art de gouverner impliquait de la sorte de séparer radicalement la politique et la morale, et de donner congé à toutes les visions idéalistes antérieures.
Pour les citoyens, le défaut de démocratie signifie ne pas être écoutés, voir des décisions prises sans consultation, des ministres ne pas assumer leurs responsabilités, des dirigeants mentir impunément, un monde politique vivre en vase clos et ne pas rendre assez de comptes, un fonctionnement administratif rester opaque.
Qui ne sait pas dissimuler ne sait pas régner.
les hommes souvent plus durs et plus rebelles que le marbre même, font assez voir qu’ils sont nés à une liberté si grande qu’au lieu d’obéir ils opposent l’obstination à la raison, et la rébellion au commandement.
La démocratie est le régime qui implique une discussion permanente sur ses concepts et son vocabulaire.
Commander, c’est toujours imposer sa propre loi d’une certaine façon.
Le pouvoir exécutif sera toujours l’ennemi du pouvoir législatif et lui fera tout le mal qu’il pourra. C’est un combat établi dans les systèmes politiques.
Ce grand écart entre une visibilité qui étend son empire et une lisibilité qui régresse alimente une tension qui renforce toujours plus la défiance et le désenchantement.
...gouverner, c’est aussi parler. Parler pour s’expliquer, pour donner un cap, dessiner un horizon, rendre compte de ses actions. Parler, parce que le langage est organisateur du monde humain, tout simplement. Une politique démocratique implique de donner un langage à ce que vivent les gens, de rendre lisibles l’action publique, ses objectifs et ses vicissitudes, de trouver les mots qui expriment à un moment donné le sens d’une épreuve ou d’une fierté collectives. Parler vrai, c’est accroître du même coup la maîtrise des citoyens sur leur existence et leur permettre d’instaurer une relation positive avec la vie politique. Parler faux ou parler creux, c’est à l’inverse amplifier l’écart. Au sens le plus fort du terme, le langage politique est pour cette raison au cœur de l’établissement d’un lien de confiance. Car c’est dans le sentiment de sa justesse que réside la possibilité de lier le présent à l’avenir.