Comme toujours chez Pierre Rosanvallon, l'analyse historique (ici celle des relations entre les pouvoirs législatifs et exécutifs de la Révolution à nos jours) est brillante et extrêmement documentée.
Le diagnostic sur l'état actuel de la démocratie en occident est déjà moins original et moins étayé (oui, certes, les hommes politiques en campagne mentent, grande nouvelle...).
Mais c'est surtout quand il propose son modèle de "bon gouvernement" que Pierre Rosanvallon ne convainc pas vraiment. La description est trop générale et soulève trop de questions qui ne sont pas traitées (ainsi, les associations et les débats publics, cités en exemple, ne sont jamais questionnés quant à leur représentativité, la "démocratie-représentation" étant évacuée dès le début du livre comme une forme du passé).
Cela reste un ouvrage intéressant et qui, à défaut d'apporter beaucoup de réponses, permet de se poser beaucoup de bonnes questions.
Très stimulant et érudit comme toujours avec Pierre Rosanvallon. Une grille de lecture essentielle pour apprécier les gouvernements actuels. Mais une dimension manque : comment apprécier la forme des gouvernements, certes, mais aussi leur "bonne" production en termes de politiques publiques?
Trés bonne analyse historique des différents types de gouvernements depuis environ deux siècles et dans le monde. Travail de type mémoire universitaire, très complet et dur à lire in-extenso, des raccourcis s'imposent et la conclusion est intéressante.
Nos régimes sont considérés comme démocratiques au sens où le pouvoir sort des urnes à l’issue d’une compétition ouverte et où nous vivons dans un État de droit qui reconnaît et protège les libertés individuelles. Démocraties certes largement inachevées. Les représentés se sentent ainsi souvent abandonnés par leurs représentants statutaires, et le peuple, passé le moment électoral, se trouve bien peu souverain.
...gouverner, c’est aussi parler. Parler pour s’expliquer, pour donner un cap, dessiner un horizon, rendre compte de ses actions. Parler, parce que le langage est organisateur du monde humain, tout simplement. Une politique démocratique implique de donner un langage à ce que vivent les gens, de rendre lisibles l’action publique, ses objectifs et ses vicissitudes, de trouver les mots qui expriment à un moment donné le sens d’une épreuve ou d’une fierté collectives. Parler vrai, c’est accroître du même coup la maîtrise des citoyens sur leur existence et leur permettre d’instaurer une relation positive avec la vie politique. Parler faux ou parler creux, c’est à l’inverse amplifier l’écart. Au sens le plus fort du terme, le langage politique est pour cette raison au cœur de l’établissement d’un lien de confiance. Car c’est dans le sentiment de sa justesse que réside la possibilité de lier le présent à l’avenir.
Pour les citoyens, le défaut de démocratie signifie ne pas être écoutés, voir des décisions prises sans consultation, des ministres ne pas assumer leurs responsabilités, des dirigeants mentir impunément, un monde politique vivre en vase clos et ne pas rendre assez de comptes, un fonctionnement administratif rester opaque.
les hommes souvent plus durs et plus rebelles que le marbre même, font assez voir qu’ils sont nés à une liberté si grande qu’au lieu d’obéir ils opposent l’obstination à la raison, et la rébellion au commandement.
L’art de gouverner impliquait de la sorte de séparer radicalement la politique et la morale, et de donner congé à toutes les visions idéalistes antérieures.
Que signifie l'expression "jeter un froid" ?