Voici un livre rare. Rare car l'émotion vous submerge dès la première page et ne vous abandonne pas.
Et pourtant, on pouvait s'attendre à un livre intimiste, juché sur le piédestal de la littérature engagée et pour tout dire indigeste.
Eh bien non ! Voici un court roman, un récit plutôt qui a du souffle.
C'est une confession incandescente, magnifique et bouleversante. Sur les mots si importants, sur la vie bien sûr, sur cette condition humaine qu'on croit primordiale au regard du monde, alors qu'une « parole » suffit.
Moishe, le héros narrateur, raconte sa famille qui a fui la Pologne pour s'installer en Amérique du Sud.
Ces lettres qui ne sont jamais arrivées sont d'abord celles de toute la famille qui est restée en Pologne, et dont les membres sont au fur et à mesure, un à un, exterminés, balayés.
Puis ce sont les lettres du narrateur, lors de son voyage en Pologne pour retrouver la trace de cette famille annihilée.
Enfin, ce sont les lettres imaginées, imaginaires, qui permettent au narrateur de sortir de cette geôle d'un mètre sur deux où ses convictions politiques contre la dictature l'ont conduit.
Mais elles sont surtout les relations entre le père aimé, adoré, adulé et ce fils, Moishe. Avec un amour débordant mais lucide pour son père, le narrateur déroule ainsi le fil de sa propre vie, jusqu'à la parole simple mais salvatrice de ce père, qui lui offre une liberté pendant ces onze ans de prison.
Admirable, ce livre est une merveilleuse découverte.
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