Que la terre engloutît ses habitants, que les mers noyassent les continents, qu’une épidémie funeste enlevât tous les êtres, que le soleil s’éteignit, qu’un astre de feu les calcinât ou qu’une planète désorbitée fracassât notre planète, - c’étaient des évènements concevables, à l’image de ce qu’il s’était accompli depuis les origines… Mais cette mort fantastique de la lumière, cette agonie des couleurs qui atteignait la plus humble flamme aussi bien que les rayons du soleil et ceux des étoiles, démentait dérisoirement l’histoire entière des animaux et des hommes !
Les perturbations s’accusèrent pendant la nuit. Au matin, la zone violette du spectre était invisible ; les communications par vois sous-marine n’existaient plus ; les grandes lignes télégraphiques fonctionnaient à peine, et seulement par intermittences ; toutes les usines électriques chômaient ; les réactions chimiques devenaient capricieuses dans les fabriques comme dans les laboratoires, et certaines cessèrent de se produire ; par suite, le bois et le charbon brûlaient mal, en donnant des flammes mornes ; le magnétisme terrestre s’affaiblissant, l’aiguille aimantée donnait des indications douteuses, qui rendaient la navigation périlleuse ; une lumière jaunâtre éclairait la planète
Une fièvre humaine, songea Meyral… déjà dissipée dans la nuit des âges
L'image de Georges Meyral semblait traversée de zones brumeuses qui tantôt se rétractaient et tantôt s'élargissaient - faiblement ; elle apparaissait moins lumineuse qu'elle n'aurait du l'être.
- C'est inadmissible ! grommela le jeune homme.
Les deux lampes électriques, après examen, se révélèrent normales, et le miroir fut essuyé. Le phénomène persistait. Il persista encore quand Meyral eut remplacé successivement les lampes.