Merci à L'arbre hominescent Edition et à Babelio pour «
de terre et de chair » de
Valérie Rossignol, reçu à l'occasion d'une Masse critique privilégiée.
Valérie Rossignol est sculptrice. Son court ouvrage est composé de deux parties bien distinctes.
Dans la première partie « L'homme de terre », elle aborde les moments de création, lorsqu'elle est dans son atelier, face à un modèle masculin nu et face également à cette sculpture qui devient ce qu'elle appelle ‘'l'homme de terre''.
C'est à la fois un essai sur l'acte de création mais aussi sur son ressenti lors de cette création. Elle décrit ses impressions sur le lien qui se crée entre elle et le modèle mais aussi entre elle et ‘'l'homme de terre'', cette sculpture en glaise qui prend forme et est en train de naître entre ses doigts.
Dans ces lignes, s'entremêlent essai sur l'art, émotions et ressentis parfois philosophiques. Des réflexions relativement profondes, qu'on comprend mûrement réfléchies et inspirées depuis des années. Pour ma part, cela n'a pas été chose aisée que de commencer cette première partie. Je ne comprends réellement toujours pas les raisons, mais je n'ai pas réussi à complètement m'y immerger. Peut-être parce que je ressentais une distance que je n'ai pas toujours pu franchir. Peut-être parce qu'elle intellectualisait trop des émotions créatives, parfois de manière trop métaphysique, analytique à mon goût.
Malgré sa qualité d'écrire, belle et quasi poétique, indéniablement intelligente, cette distance que je ressentais ne m'a pas permis d'apprécier dans sa totalité cette partie sur la création. Et je sais qu'il me faudrait la relire, prendre mon temps, peser tous les mots comme le poids de la sculpture dans mes mains pour essayer de ne pas perdre le fil de ses réflexions (et partir moi aussi dans mes propres réflexions sur le travail de l'artiste et du sculpteur en particulier).
La deuxième partie, « l'homme de chair », est une lettre à l'homme qu'elle aime. Lettre que ce dernier lui a demandé de lui écrire. C'est une lettre d'amour qui parle de leur relation, de leurs nuits, de leurs ébats où les corps se touchent, s'apprivoisent, se découvrent. Sans aller jusqu'à dire que les rôles s'inversent, dans cette relation, elle devient tout de même celle qui est touchée, malaxée.
Je suis entrée dans la seconde partie plus facilement, même si celle-ci est sans doute moins originale par son contenu. Cette lettre parle encore de sens, d'émotions, de toucher, de caresse. C'est une lettre d'amour à un homme qui l'a peut-être sauvé de la solitude, de sa tendance à ne pas se laisser aller à aimer totalement l'autre, à ne pas se donner totalement à l'autre, à ne pas faire confiance, à garder le contrôle. Sûrement parce qu'elle considérait les précédents tout simplement pas dignes de confiance, trop dominants ou violents. Avec ce dernier amant, cet homme de chair, les nuits d'amour et les moments passés ensemble ont permis fusion, communion, confiance totale. Une relation, un amour qu'ils gardent un peu secret, protégé dans un écrin. Paradoxalement elle dépeint cette relation forte presque sans pudeur, et on se sent parfois un peu voyeur à lire cette lettre si intime. Une lettre, baignée d'émotions érotiques, sensuelles et romantiques à la fois, qu'on ne veut pas voir ébrécher ou se casser.
Une nouvelle fois merci pour cette découverte, d'une artiste, d'une nouvelle maison d'éditions. Et je tenais à remercier aussi pour cette magnifique enveloppe cartonnée, si fleurie (notamment les violettes ou et la saxifrage oeil de bouc sur les timbres) et si belle avec sur l'adresse la photo d'un buste et le modèle masculin au fond plus flou. Merci pour ce soin apporté à l'envoi de ce livre. Ça a été pour moi un réel plaisir que de recevoir un beau livre dans un si bel emballage.