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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
De terre et de chair de Valérie Rossignol se présente comme un diptyque où le premier volet est consacré à l'homme de terre et le deuxième à l'homme de chair et comme dans tout diptyque, les deux volets se complètent l'un l'autre.
Elle nous révèle le processus de création de la femme artiste quand l'homme nu en est le sujet, d'une part par la sculpture et d'autre part, par l'écriture. Précisons que Valérie Rossignol est à la fois écrivaine et sculptrice !
Dans le premier volet, "homme de terre", l'auteure nous parle de l'acte créateur. Elle nous montre que la terre qu'elle modèle représente à la fois l'artiste qui sculpte l'oeuvre, et l'homme, son modèle. Une véritable osmose existe entre les deux. Son écriture qu'on pourrait qualifier de charnelle est également pleine de sensualité. C'est vraiment une magnifique réponse aux nombreuses questions que nous nous posons sur la création artistique.
Dans le deuxième, "homme de chair", c'est une lettre d'amour qu'elle adresse à l'homme qu'elle aime, et pour elle, l'amour ne peut être que l'union du charnel et du spirituel. Cette lettre prend valeur universelle, quand elle dit : "J'écris cette lettre pour tous les hommes que j'aurais pu aimer ". Elle écarte la violence et écrit à propos des hommes qui l'emploient : "pour qu'ils se sentent exister, il leur faut le rapport de force, l'appui sur lequel ils vont faire pression. Sans cette résistance, ils sont immanquablement seuls face à eux-mêmes. Ça leur est insupportable. Alors, ils cherchent à prendre le pouvoir, à me soumettre et, identifiant l'engrenage infernal, je disparais."
J'ai été subjuguée par l'écriture de Valérie Rossignol, la poésie qui se dégage de son texte et le véritable tour de force accompli pour arriver à nous faire part de son ressenti lorsqu'elle fait acte de création.
Je terminerai en citant une phrase de la belle préface écrite par Belinda Cannone qui, à mon avis résume bien ce bel ouvrage : "Double expérience donc, de terre et de chair, chacune liée au plus intime car elles sont, toutes deux, et peut-être avant tout, expérience de la pudeur et de la grandeur "qu'induit toute mise à nu. Approcher, sans crainte, ce qui fait la vulnérabilité et la fragilité de tout humain. La beauté est là".
J'ai également bien apprécié la très belle couverture.
Je remercie Babelio et les éditions L'Arbre Hominescent qui m'ont permis de découvrir cette artiste et écrivaine talentueuse, lors d'une Masse Critique privilégiée.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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L'homme de terre, l'homme de chair, diptyque indissociable. Deux textes qui correspondent, se répondent. Une capillarité. Une mise en réseau. Cette double expérience révèle le Vivant. C'est « un choc vital ».
L'intelligence de cet écrit repose sur ce dialogue entre terre et chair.
L'Art ne peut être hors le Vivant, hors d'une intériorité, hors d'une transcendance, hors d'un partage.
C'est une démarche, un sens. La structure du geste. Diptyque...dans le je-miroir d'un livre.
«  on ne peut pas tricher, ni détourner le regard.Je prends sur moi tout ce qu'on voit et qu'on taira, tout ce qui vibre à l'insu de la parole et qui existe d'autant plus fort que c'est réel, mais tu. »
Je d'un regard. Geste et vision. Un face-à face à l'épreuve de la chair. Une communion. « La création se joue entre sacrifice et résurrection ». L'atelier devient chapelle, abri, refuge, lieu de recueillement. L'artiste et le modèle. Ils sont en ce lieu « recueillis ».
« J'ai crée un homme alors que les attentats venaient d'être commis à Paris. (...) J'ai crée un homme de terre pendant qu'un homme de chair mourrait. J'ai pris sa nudité, puisqu'il me l'offrait, et je l'ai donnée à tous ceux qui craignaient de se déshumaniser. Je leur ai demandé de m'accorder un délai. le désespoir peut attendre. La terre a bu mes larmes.Le tissu de l'esprit s'est ajouré, laissant apparaître le corps lisse, imberbe, palpitant. »... Indemne….Vivant.
Voir, pétrir, saisir. Saisir d'un regard, par un geste de chair... faire renaître de la terre l'essence de l'Homme. Celle du modèle se met en correspondance avec celle de l'artiste. Entre l'artiste et le modèle, ici point de soumission, mais révélation. le regard dévoile autant le regardant que celui qui
est regardé. Pour que l'acte de sculpter, pour que le geste prenne Vie, il ne faut ni pouvoir, ni possession, ni violence. Mais une confiance, où les mots s'absentent. Là où l'intelligence des matières dialogue avec la chorégraphie des sens.
Matière de terre, de chair, d'eau, de lumière. Altérite, entre l'artiste et le modèle. «  J'enfante le premier homme. Je suis le point à partir duquel toute humanité commence. Je suis un homme de chair donnant vie à son frère. Mon esprit visite son corps et je ressens chacune de ses sensations, en surface et en profondeur. ». « corps siamois », « âme soeur » en « chair séparé ». le livre s'ouvre.. » Est beau le corps par lequel l'âme s'ouvre ».Dès lors que la perception est éveillée, le d ésir d'explorer et de traduire s'impose ». Pas de reproduction, ici s'agit de traduction.
« La mise à nu est un compte à rebours., la dernière chance de saisir et de transmettre ce qu'on ne doit pas oublier ». Elle est ce qui résiste à la technicité et aux idéologies étouffantes de nos sociétés qui persévèrent dans leurs erreurs pendant des décebbies, insensibles qu'elle snt à la voix du sage. L'homme de terre est en rupture. Il nous indique une voie intérieure, nous encourage à nous découvrir en toute conscience et sans préjugés ». Il ouvre une période inédite. Il invente de nouveaux rapport à l'autre, grâce à une intimité particulière, chaleureuse ,féconde ».
La femme sculpte le corps de l'homme. Et c'est par la terre qu'avec lui elle communie, que tous deux communiquent. Failles, aspérités, porosités opèrent la lecture et l'écriture de l'une en l'autre, de l'un par l'autre. Par « l'intuition du corps » émettre une « intention d'amour ».
Oui, deux textes qui se répondent, et qui s'imbriquent. A tel point qu'il eut été inimaginable de ne pas provoquer cette mise en relation de ces deux textes. « Solitaires en chair » mais « unis par la terre ». Oui comme le souligne si justement Belinda Cannone dans sa préface , se livre interroge, « interroge le féminin à l'oeuvre » et quand bien même, comme elle, nous n'aimons pas « réduire les êtres à leur genre », force est de constater que cet écrit est rare, et qui'il nous a peut était donné l'occasion d'entendre ce « ce qui ne va pas de soi » dans la tradition d'une mise en oeuvre d'art. « attention extrême à la situation de l'autre », « respect profond du modèle ». L'emploi de ce Nous ( sculptrice/modèle) omniprésent durant le récit nous fait réaliser qu'il ne peut y avoir d'oeuvre d'art sans une rencontre, une exploration commune, « une superposition parfaite ou presque de nos deux cercles », tel un alignement de deux planètes durant un espace qui tendrait vers l'infini et non vers un absolu.
« ton corps de même »...image qui illumine les phrases de Valérie Rossignol. « L'espace intérieur ne s'agrandit que s'il est porté par l'amour ». Envolée, déploiement, vertige...Le geste, le regard, les mots de Valérie Rossignol nous augmentent. Ils combattent « l'horizontalité des échanges versatiles »... « Nous existons depuis ce lieu sans jugement, où la conscience a renoncé à formuler, à limiter le vivant ».
« Mon rapport à la création est à a mesure de mon rapport à la vie.Le goût de l'aventure et de la connaissance, la volonté de se remettre en cause et de réorienter sa trajectoire personnelle priment sur toute réalisation achevée ».
Ce livre exprime le plus magnifiquement possible ce qu'est le geste d'une artiste. le geste d'un Vivant.

Editions « l'Arbre Hominescent », Babelio, 07.2019, Masse Critique
Astrid Shriqui Garain






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De la sculpture, j'admire les anciens éphèbes de marbre des musées. Je ne connais donc rien du maniement de la glaise ni du rapport entre le sculpteur et son modèle.

C'est donc en novice que j'ai ouvert ce petit livre, qui s'est vite transformé en hérisson.

J'ai aimé que l'auteure-sculptrice explique, dans la première partie ce qui se joue entre le sculpteur et son modèle, où le corps de l'homme ne peut tricher.

La seconde partie m'a subjuguée : quelle lettre d'amour !

Car nous ne sommes pas que des êtres pensants, nous sommes aussi des corps qui souffrent, qui jouissent, qui vivent.

Avec des phrases qui sonnent justes, l'auteure a su mettre des mots sur des ressentis parfois flous.

Une artiste que je continuerai de suivre, ne serait-ce qu'à travers son site : lescorpscelestes.fr

Quelques citations :

Pourtant, c'est dans l'abandon que l'esprit s'anime. p.60

Et comme nous sommes en décalage incessant avec le monde, c'est un combat quotidien que nous devons mener pour ne pas perdre ce qui nous emplit et nous fait avancer. p.72

Il a fallu que je remonte à la source, que je me dégage des influences extérieures pour n'écouter que ce à quoi j'aspirais. p.79

L'espace intérieur ne s'agrandit que s'il est porté par l'amour. p.89

Je n'ai aucune ambition. Aucun désir de me mesurer à eux. Ma vie ne se gagne pas en victoire sur quelque chose. Elle se gagne par la rupture qu'elle a créée avec autrui. p.90
Lien : https://alexmotamots.fr/de-t..
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Un livre enchanteur. Une belle déclaration d'amour à l'âme, à l'être, à la puissance créatrice, au partage à travers la terre.
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