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Critique de Osmanthe


Philip Roth met en scène le David Kepesh de Professeur de désir, dans ce qui a tout l'air d'une suite. À 70 ans désormais, il se livre, dans un monologue, à une personne quasi-muette dont on ne connaîtra jamais l'identité (un ami, un psy...ou tout simplement toi, moi lecteur ?!). Son sujet, lui le prof universitaire, l'homme à femmes, et sa relation débutée 8 ans plus tôt avec une de ses étudiantes, la voluptueuse petite cubaine Consuela. Durant deux ans, il va devenir fou de ce corps, de ses seins parfaits, et l'admirer comme une véritable oeuvre d'art. Il revit ses sentiments complexes, une forme d'avilissement (s'humiliant lui-même en se gorgeant à genoux et à leur source des règles de sa Belle), de jalousie (la Belle a eu et a peut-être encore des amants de son âge, quand lui a déjà 62 ans), d'impuissance face au temps qui passe et le rapproche inéluctablement de la fin de sa vie sexuelle. Cette question de l'anéantissement qui approche, de l'incapacité de l'homme vieillissant, à assurer notamment sexuellement, est décidément centrale chez Roth, et même assez obsessionnelle. Il en profite aussi pour remettre sur le grill la question des relations filiales difficiles, confrontant David Kepesh à son fils, mari et père infidèle lui aussi mais qui contrairement au père le vit mal et en rend son ascendance responsable. Après la rupture avec Consuela, David traversera une période de dépression. Il surmontera ce moment douloureux...mais au moment où il livre cette confession, il s'apprête à rejoindre Consuela qui le réclame...au risque de se perdre. Car trois mois auparavant, il l'a revue...dans des circonstances bouleversantes. Le récit de ces retrouvailles à la veille de l'an 2000 offre de belles pages sur l'absurdité de la vie, mais aussi sur le dérisoire de nos petites sociétés et fêtes de la consommation, face à l'implacabilité de notre destin individuel...à savoir l'approche de notre mort, notre Némésis comme il l’appellera dans son ultime roman, celle qui vient nous cueillir, injuste et sournoise, sans qu’on n’y puisse rien. Dans le drame qui se joue, Kepesh apparaît désormais protecteur, paternel, émouvant dans son émotion mais aussi paradoxalement humain dans sa peur, sa distanciation masquant à peine une pointe de dégoût.
Ce n'est sans doute pas le meilleur livre de cet immense écrivain, il y a parfois quelques effets faciles, et pourtant je me suis surpris à accumuler les citations, comme bien d'autres lecteurs apparemment...ce qui en dit long sur le talent du bonhomme et la puissance de son oeuvre !
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