Corot est “ l’homme des gris,” le peintre du crépuscule; cette affirmation ne veut pas insinuer que son art soit étroitement limité. Les deux aurores, comme les anciens Égyptiens les appelaient, Isis et Nephthys, l’aurore du jour et l'aurore de la nuit, se révélèrent à Corot sans réserve. il savait comment traduire en impressions subtiles et cependant très lisibles, la tranquillité la fraicheur, le tremblottement indescriptible de la vie qui s'éveille, l’éloignement ind6cis des choses familières, tout le mystère et la magie de cet instant délicieux. II invoquait la déesse pour ses tableaux, et ce ne fut jamais en vain. “Lorsque le soleil se couche, disait-il, le soleil de l’art se lève !”
Les critiques les plus acerbes, qui combattirent le plus vivement Corot, n'ont pu prendre en défaut sa foi artistique. Sa devise était "Conscience, simplicité" et il y a toujours été fidèle.
Son oeuvre a continuellement gagné dans l'estime des amateurs depuis ses premiers succès de 1840 et lui qui, de son vivant n'avait obtenu qu'une modeste gloire, âprement consentie peu à peu, eut été bien étonné si on lui avait prédit son extraordinaire triomphe posthume, si on lui avait annoncé les enchères folles dont on couvrirait ses tableaux; une toile vendue par lui quelques billets de cent francs, s'adjuge aujourd'hui au prix de deux cent cinquante mille francs.