Être heureux ne signifie pas que tout est parfait, cela signifie que vous avez décidé de regarder au-delà des imperfections.
Aristote.
Ce que tu es crie si fort que je n’entends pas ce que tu dis.
Proverbe chinois.
Le patient Alzheimer est voué au présent et à l’essentiel. On a beaucoup à apprendre de lui, nous qui sommes toujours entrain de fuir dans un passé reconstitué sous des discours fallacieux ou dans un avenir incertain qui reste le lieu privilégié d’un bonheur insaisissable.
Alzheimer nous a déjà remariés un millier de fois. Après des années, nous ne savons toujours pas où nous allons, ni de quoi demain sera fait, mais nous vivons intensément le présent.
Dans l’océan des difficultés de la vie, la ligne du bonheur se confond toujours avec une ligne d’horizon qui s’éloigne sans cesse.
Le patient Alzheimer a un cadeau à nous faire chaque jour, si l'on sait le recevoir ; celui de nous aider à investir notre énergie dans le présent, ici et maintenant, un présent dégagé des ombres du passé et des rêves du futur, un présent qui a le goût délicieux du bonheur...
Bien sûr, il ne faut jamais réduire le malade à sa maladie. Certes tout ce qu’il vit, tout ce qu’il éprouve, tout ce qu’il désire est impacté par la maladie. Mais cela ne l’empêche nullement d’avoir des désirs, des préférences, des plaisirs et de vouloir vivre la vie qui est la sienne.
La maladie d’Alzheimer a ceci de précieux qu’elle nous confronte à toutes les dimensions de l’être humain ; elle nous oblige à accroître grandement notre savoir-vivre.
La maladie évolue en général lentement, très lentement… Le stress et la non-prise en compte des besoins du patient ont pour effet de la faire évoluer brutalement.
On appelle incompréhensibles les comportements qu'on ne sait pas décoder. L'accompagnement devient alors un drame. La notion de démence joue souvent le rôle d'une excuse qui montre que l'on n'est pas assez ouvert pour se demander s'il y a quelque chose à comprendre. Tout devient plus simple si l'on cesse de questionner, de critiquer et surtout de se scandaliser. Le patient a de bonnes raisons de faire ce qu'il fait, même si l'on ne sait pas encore lesquelles. On peut lui accorder le bénéfice du doute, en attendant de comprendre. En d'autres termes on peut appeler cela le respect de l'autre.