Citations sur Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité p.. (90)
Aux noms sacrés de liberté, de désintéressement, d'obéissance aux lois, succédèrent les noms d'Epicure, de Zenon, d'Arcesilas.
Depuis que les savants ont commencé à paraître parmi nous, disaient leurs propres philosophes, les gens de bien se sont eclipsés. Jusqu'alors les Romains s'étaient contentés de pratiquer la vertu ; tout fut perdu quand ils commencèrent à l'étudier.
Il est incontestable, et c'est la maxime fondamentale de tout droit politique, que les peuples se sont donné des chefs pour défendre leur liberté et non pour les asservir.
Quoi qu'en disent les moralistes, l'entendement humain doit beaucoup aux passions, qui, d'un commun aveu, lui doivent beaucoup aussi. C'est par leur activité que notre raison se perfectionne; nous ne cherchons à connaître que parce que nous désirons jouir; et il n'est pas possible de concevoir pourquoi celui qui n'aurait ni désirs ni craintes se donnerait la peine de raisonner.
L'astronomie est née de la superstition; l'éloquence, de l'ambition, de la haine, de la flatterie, du mensonge; la géométrie, de l'avarice; la physique, d'une vaine curiosité; toutes, et la morale même, de l'orgueil humain.
L'émeute qui finit par étrangler ou détrôner un sultan est un acte aussi juridique que ceux par lesquels il disposait la veille des vies et des biens de ses sujets. La seule force le maintenait, la seule force le renverse.
Etre et paraître deviennent des choses tout à fait différentes.
Il est donc incontestable, et c'est la maxime fondamentale de tout le droit politique, que les peuples se sont donné des chefs pour défendre leur liberté et non pour les asservir.
Nul de vous n'est assez peu éclairé pour ignorer qu'ou cessent la rigueur des lois et l' autorité de leur défenseur, il ne peut y avoir ni sûreté ni liberté pour personne.
Il suit de cet exposé que l'inégalité étant presque nulle dans l'État de Nature, tire sa force et son accroissement du développement de nos facultés et des progrès de l'Esprit humain, et devient enfin stable et légitime par l'établissement de la propriété et des Lois.
Puisqu'il est manifestement contre la loi de nature, de quelque manière qu'on la définisse, qu'un enfant commande à un vieillard, qu'un imbécile conduite un homme sage et qu'une poignée de gens regorge de superfluités tandis que la multitude affamée manque du nécessaire.