AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4

sur 15 notes
5
5 avis
4
3 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une écriture fluide, des histoires de vies banales et particulières, un drame qui poursuit ses auteurs tout au long de leur vie… Les événements se déroulent autour d'un secret que l'on pressent mais qui ne se dévoile complètement qu'à la fin.
Les caractères, les sentiments, les relations, sonnent très "vrai" et ce qui fait le plus grand intérêt de ce livre.
Un très bon moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          60
30 décembre 1984, une disparition à la morgue de l'hôpital. Rien ne doit filtrer, l'établissement est mal classé, il ne doit pas sombrer.
Avant cette nuit fatidique, dans un village du Vaucluse, trois maisons, trois foyers totalement différents.
Caroline Litovski élève seule ses trois enfants, elle loue une petite ferme délabrée car elle peut y faire un potager et avoir une basse-cour. Cela lui permet de payer avec de la volaille et des légumes une nounou lorsqu'elle part faire des ménages pour survivre.
C'est une femme qui du fait de son histoire familiale se sent déclassée.
Depuis le départ du père de ses enfants, la vie est devenue extrêmement difficile, Elle avance sans se plaindre, avec la dignité d'une jeune femme qui fait face.
« Les mêmes mèches folles qu'elle tente de discipliner dans une demi-queue, la même étincelle dans les yeux, les mêmes épaules, aux contours osseux, carrés, la même odeur ; tout est là, intact, et le temps, au lieu d'abîmer cette femme que la vie n'épargne pas, l'épanouit. »
Les ménages, elle les fait principalement dans la maison des Saint-Germain, demeure qui a vu vivre trois générations. Rodolphe le mari est toujours loin car officier de marine ; Augusta a déjà une fille Cécile. Elle attend un second enfant. Augusta se montre affable avec Caroline, à l'heure du thé, elles le prennent ensemble. Une amitié ?
Augusta a un leitmotiv « On ne se met pas en travers de ma route. »
Avec la naissance de son fils Jean, elle va s'investir dans la vie communautaire, elle a besoin d'exister, d'être vue.
Elle aime tirer les fils de ses marionnettes c'est-à-dire, mari, enfants et employés…
« Elle ressemble davantage à une businesswoman qu'à une mère au foyer rentière et femme de militaire. »
Son fils la verra ainsi : « superficielle et secrète, loin de la femme épanouie qu'elle aurait pu devenir. »
Un troisième foyer, celui des Cadoret, Brieuc et Soizic viennent de Bretagne. Au début, Augusta se rapproche d'eux et fait étalage de sa vie aisée. Puis le couple se séparera et Augusta les déclarera persona non grata. Est-ce parce qu'ils divorcent ?
Quelques mois après la naissance de Jean, que se passe-t-il entre Caroline et Augusta ?
C'est la fracture, Caroline part avec ses enfants pour devenir décoratrice d'intérieur.
Mais la vie n'en a pas fini avec elles.
Les lecteurs vont vivre dix-huit années intenses de ces vies parallèles. Quel secret va exploser et faire voler en éclats la façade de ses trois foyers ?
La construction du roman vous rendra addictif, vous oscillerez en permanence entre l'envie de tourner les pages vite pour savoir et l'envie de vous arrêtez pour prolonger le plaisir de cette lecture.
C'est un roman qui par l'écriture a la beauté des Classiques, Balzac s'est-il égaré dans le Vaucluse ?
Les portraits sont ciselés physiquement et psychologiquement, il y a une justesse dans les sentiments exprimés et dans la gestuelle de chacun des protagonistes.
L'auteur y imprime une souplesse qui forge une trame qui nous rappelle les années fondatrices d'une vie, il y a une intemporalité et une pérennité dans ce qui construit chacun de nous.
L'auteur ne joue pas sur le terrain de la surenchère, elle est fine mouche et vous délivre quelques bribes qui pourraient vous mettre sur la piste du secret, mais en fait elle vous illusionne jusqu'au bout.
Une belle démonstration des dégâts du silence sur les vies, car les forts et les faibles sont à égalité dans le travail de sape des choses tues.
« le vrai basculement, se produit le jour où l'on fait connaissance avec quelqu'un qui partage notre vie depuis toujours. »
©Chantal Lafon






Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
Commenter  J’apprécie          60
Caroline… a joué avec le feu en rentrant seule, dans la nuit…

La brûlure la consumera à vie.

À la maternité, le personnel court dans tous les sens. Les congés se regroupent chaque année aux lendemains de Noël et du jour de l'an ; en cette fin décembre, le sous-effectif plonge tout le monde dans une effervescence joyeuse, tantôt nerveuse.

-Je ne sais pas si c'est la lune, dit une sage-femme en allongeant le pas dans le couloir, ou si elles se sont donné le mot, mais elles arrivent toutes en même temps !

Quatre jours se sont écoulés depuis leur accouchement. Augusta et Caroline ont voulu quitter la maternité au plus vite mais la deuxième n'a pas pu : ce matin… tout est flou et désordonné. Sa tête tourne, elle doit faire un effort pour comprendre pourquoi elle est là, dans cette chambre, et qui a occupé le lit défait, juste à côté.

Elle regarde par la fenêtre. L'étendue grise et basse ne promet aucune éclaircie.

Elle a posé ses croyances dans un ciel vide, qui ne lui répond que par une nuit sans étoiles.

Que s'est-il passé ? Quel jour se lèvera, demain ?

*

Par une nuit de décembre, une macabre disparition est signalée à la maternité de l'hôpital. La direction demande à son personnel de ne rien dire : il en va de la réputation de l'établissement.
Les années passent, le secret est enterré.
Pourtant, dix-huit ans plus tard, le destin s'en mêle quand, après une terrible découverte, Caroline fouille dans le passé… c'est incompréhensible…ça ne « peut » pas être.

Caroline et Augusta, deux femmes que tout oppose. En apparence…
Que s'est-il passé qui disloque leur vie et ternisse leur bonheur ?
Jusqu'où peut-on aller dans le renoncement, par amour pour une mère, par amour pour un fils ?
Il est des rencontres qui bouleversent nos silences.
Peut-être courons-nous après l'amour sans en donner assez ?

*

Sous un ciel bleu de lavande, le soleil assomme les habitants, engourdit les bêtes et brûle les champs. Personne ne se hasarde dans les rues avant le début de soirée. L'homme est en rogne… L'envie de piétiner sa propre vie et d'en éparpiller les miettes n'importe comment lui traverse l'esprit, il est au bord du gouffre.

-Quand se secouera-t-elle un peu ? Bon sang ce n'est pas croyable.

Lui aussi en souffre. Son égoïsme incendie ses nerfs. Il avale une gorgée.

Dehors, les poules se sont tues depuis longtemps et les cages à lapins sont vides.

*

Bénédicte Rousset invite son lecteur dans les recoins du non-dit.

Au fil des pages nous suivons aussi cette autre femme défaite… et cet homme, qui ravale de travers chacune de ses rebellions et en a la gorge de plus en plus serrée. Quand a-t-il piétiné le manteau de l'insouciance ? Quand a-t-il cessé d'en respirer le parfum, d'en caresser le velours ? Alors à considérer cette femme lasse, qui incline la tête pour ne pas qu'on voie, une pitié lui tord le coeur. Une sorte de compassion, que peuvent ressentir deux êtres mis face à face, et à qui un morceau de famille a manqué pour se construire sans s'effriter.

« L'adulte n'est que l'armure de l'enfant humilié » Alain Cadéo
Lien : https://lesplaisirsdemarcpag..
Commenter  J’apprécie          30


Lecteurs (35) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3680 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}