L'autre moitié du monde

Un livre en cinq actes et une lecture en trois temps.

Une lecture commence avant même d'ouvrir le livre. Cette lecture a commencé au moment où j'ai refermé le Sanctuaire avec des bémols mais la conviction qu'il y avait un style, un ton, une autrice. Alors à l'annonce d'un @vleel_ parisien, pas d'hésitation, je lirai L'autre moitié du monde. Une lecture commune s'initie, et pour ne pas faillir à ma réputation, je la démarre en décalé (et la termine seule, comme une LC sur trois, non, je n'ai même plus honte). Dans le train, je me lance. Une évocation de la guerre d'Espagne mais qui manque de force historique (pour la passionnée d'histoire que je suis), un méchant homme (un peu too much), et voilà je me perds. Comme un retour au Sanctuaire.

Et puis dans les salons du Swann, je suis portée par la parole de Laurine Roux. Je comprends ce que je percevais entre les lignes, l'héritage familial, la figure de la grand-mère, les révolutions politiques, les idéaux, le soleil franc et les anguilles. La musique et la musicalité. Un moment suspendu et signifiant. Je ressors de cette rencontre en ayant l'impression d'avoir lu ce roman (alors que je ne suis qu'au beau milieu de la première partie.) Je reprends un peu, mais finalement, le repose. La rencontre a tout balayé.

Il reste sur ma table de chevet et puis à la faveur du prix Orange du livre, je me dis qu'il est temps. Paris est déjà loin, je continue. Et je le lis, d'une traite. Tout est plus fluide. Je survole un peu la deuxième partie plus contemporaine (je lui trouve moins de force, moins d'authenticité) et je me retrouve complètement happée par la dernière partie. Et par cette conclusion, le dernier acte, qui emporte tout.

Cette lecture, il fallait que je lui laisse du temps. Qu'elle ne soit pas brute, au risque qu'elle et moi, nous ne nous comprenions pas, nous nous rations. Alors, elle reste en demi-teinte, mais j'y trouve assez de nuances pour avoir envie d'en parler. Et j'en garderai quelque chose. de cette lecture. de la rencontre. Des échanges qui ont suivi. de tout ce qu'il y a autour d'un livre, finalement.

Très motivée à l'idée d'un nouveau Varions les éditions en live (aka @vleel_) physique à Paris avec Laurine Roux, Valérie Millet des Éditions du Sonneur et la si belle équipe de lecteurs au rendez-vous, je me suis procurée ce roman que j'avais hâte de découvrir tant le Sanctuaire, précédent de l'auteure, m'avait marquée !
👁‍🗨 Toya sort de l'enfance lorsque la Guerre civile commence à gronder en Espagne. de son oeil lucide, la jeune fille observe la force avec laquelle sa famille et ses voisins paysans luttent contre les riches nationalistes.
70 ans plus tard, Luz jeune femme en fin d'études a l'opportunité de se rendre dans le delta de l'Ebre où elle sent très vite que des drames ont eu lieu.
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Les + :
➕ L'atmosphère des années 30 en Espagne. Celle-ci m'a vraiment embarquée et j'ai beaucoup aimé le clan des villageois, leurs relations avec le château, la Marquise puis ensuite leurs actes de rébellion puis d'occupation.
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➕ Les moments de grâce portés par le style élégant de Laurine Roux. Il y a des scènes très vibrantes dans ce roman (mention spéciale pour toutes les apparitions du piano) et j'ai eu plaisir à retrouver la manière dont Laurine décrit les scènes de sexe les plus violentes qui soient sans aucune vulgarité.
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Les - :
➖ le défaut de sa qualité. J'étais tellement curieuse du contexte historique que je suis restée sur ma faim puisque celui-ci est survolée .. pourquoi pas puisque l'auteure a bien indiqué ne pas avoir souhaité faire un roman historique… et je n'en demandais pas tant d'ailleurs, juste que cela soit plus ancré et m'apparaissent moins comme un simple décor.
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➖ La partie contemporaine de l'intrigue. Je ne l'ai pas trouvée à la hauteur du reste du roman. de grosses ficelles, une approche un peu facile…. Cela ne m'a pas convaincue et je préfère garder en mémoire le début du XXe.
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♾ En synthèse, un roman à la lecture agréable qui, peut-être, n'a pas été jusqu'au bout de ses ambitions… ou du moins de celles que je mettais en lui.
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le roman de Laurine Roux, L'autre moitié du monde, laisse une impression mitigée. Elle choisit un sujet grave : la maltraitance dont sont victimes les paysans espagnols dans les années 1930. Mais elle l'aborde avec une certaine maladresse dans la mesure où les quelques personnages des bourgeois qui les exploitent sont des êtres ignobles, incarnations du mal et vraies caricatures. L'excès dessert finalement son projet. En outre elle interrompt son récit juste au début de la guerre civile, situant la deuxième partie bien plus tard dans le temps et introduisant de nouveaux personnages, en particulier Luz, avec laquelle elle ajoute une dimension mélodramatique et une intervention du hasard par trop romanesque. La dernière partie cependant, où les événements tragiques sont transformés en souvenirs douloureux est forte en émotions. Mais l'autrice hésite entre fresque historique sociale et politique et évocation de destins individuels dans un entre deux plutôt frustrant. Enfin même la langue est artificielle : phrases brèves, un soupçon de métaphore poétique par-ci, une formule en espagnol par-là, histoire de faire couleur locale, une autre de langage populaire, voire un zeste de vulgarité. le résultat n'est pas totalement convaincant, pas vraiment séduisant non plus.
L'ensemble du roman reste néanmoins intéressant à lire grâce au sujet qu'il traite.