— Je suis spirite, cher lecteur. Je ne m'en vante pas ; ce serait un. genre comme un autre de charlatanisme ; mais je ne m’en cache pas ; ce serait une bassesse, une lâcheté.
Mes amis se moquent bien un peu de moi. « Pauvre garçon, disent-ils, on voit bien qu’il est de son pays (la Bretagne), il est un peu mystique ; mais, au fond, il n’en est pas plus mauvais diable ; et du moins, contrairement à la plupart de ses coreligionnaires, il ne nous importune pas avec sa propagande pour « confondre les incrédules ».
Je n’en veux pas à mes amis de ce qu'ils pensent et disent de moi : j’ai été comme eux, sceptique ; et je faisais comme eux, je prenais en pitié les croyants. Je professe même une sympathie particulière pour ceux, amis ou ennemis, qui ont le courage de me reprocher en face, et non par derrière, jésuitiquement, ce qu’ils appellent mon « mysticisme ».
— On appelle volontiers le spiritisme, dans un certain monde, « la philosophie des vieilles bonnes femmes ».
Je ne dis pas que cette qualification ne soit pas méritée, loin de là; mais de ce que le spiritisme est. mal connu, mal compris, mal enseigné, mal pratiqué par la majorité de ses adeptes, je ne crois pas que ce soit une raison suffisante pour le mépriser et le rejeter sans examen.
A ce compte, je ne verrais aucune doctrine, religieuse, philosophique, ou même scientifique, qui ne pût être jetée aux orties pour la même raison.