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Citations sur Degas : La danse de la solitude (20)

Et cette manie de ne peindre que des danseuses, des blanchisseuses et des prostituées, c'est bizarre, non ?
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Moi, un bohème ? Mon père n’a aucun souci à se faire. Rien ne me répugne plus que les chiens, ces animaux misérables et sales. Même si, réflexion faite, il y a pire que les chiens : les peintres bohèmes. Monet, Pissaro, Renoir. Des artistes fainéants, fantasques, modernes… Bref, de faux artistes. Ils prétendent rénover l’art, trouver la véritable nature, peindre avec sincérité. Quelle bande d’idiots ! en réalité, il y a pire que les chiens et les peintres bohèmes… Les peintres académiques. Cabanek, Barrias, Couture, Gérôme, Delaroche… Les sbires du Salon. Des esclaves du système. Des lèche-bottes, dont le seul et infâme objectif est de décrocher la Légion d’honneur. La bouse de l’art ! Aucun d’entre eux n’a compris ce que l’on entend par Grand Artiste. La voie n’est pas à trouver dans la rénovation de l’art, comme le prétendent les bohèmes. Ni dans la soumission à la tradition, comme le veulent les académiques. À chaque époque, son art. Son esthétique, ses thèmes, son style. Aucun artiste n’a encore trouvé l’art de notre époque, le XIXe siècle. Et c’est moi, Edgar Degas, qui le trouverai. Cependant, il me faut encore perfectionner ma technique. Le véritable artiste a été défini comme illustre mais inconnu. C’est le genre d’artiste que je veux être. Et si je veux trouver mon art, je dois étudier les grands maîtres. Comprendre que Raphaël était un dieu, un être inimitable, absolu, incorruptible. Et Poussin le plus parfait des hommes. Qu’en passant devant un Rubens, il faut porter des œillères. Je dois toutefois reconnaitre une chose. Parfois une distraction un rêve, une illusion me détourne de mon objectif. C’est peut-être la jeunesse ou la simple curiosité. Mais quelquefois, une sensation m’écarte du droit chemin. Et il arrive que je cède à la tentation. Mais Courbet disait : un homme marié est un réactionnaire en art. et Delacroix disait : Si vous l’aimez et qu’elle est belle, c’est encore pire, votre art est mort. Un peintre ne doit connaître d’autre passion que son travail et y sacrifier tout. Et les Goncourt disaient : Le célibat est le seul état qui laisse à l’artiste sa liberté, ses forces, son cerveau, sa conscience, c’est par la femme que se glissent, chez tant d’artistes, les faiblesses, et au bout du mariage il y a encore la paternité qui nuit à l’artiste. Je crois que le cœur est un instrument qui se rouille s’il ne travaille pas. Peut-on être un artiste sans cœur ? u milieu du désordre affreux cette rose me frappe les yeux. Je crois vous reconnaître. Je veux vous sauver pour vous préserver de ce péril extrême. Je vais vous saisir. Et j’ai le plaisir de vous rendre à vous-mêmes. Cependant, je dois essayer, calmement, de saisir le véritable artiste. Mais le véritable artiste ignore toujours quelle voie emprunter. J’ai beau copier, m’exercer, développer ma technique, je ne termine qu’une poignée de portraits. Où trouver cet art ? L’Art de notre temps ?
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Le tout Paris l’acclame. L’une des plus violentes impressions artistiques de ma vie. Ses adeptes nihilistes la contemplent avec extase. Le museau vicieux de cette petite fille à peine pubère est inoubliable. Raffinée et barbare, cette petite danseuse est la seule tentative vraiment moderne que je connaisse dans la sculpture. Toutes ses idées sur la sculpture, sur ces froides blancheurs inanimées, sur ces mémorables poncifs recopiés depuis des siècles, se bouleversent. Le fait est que du premier coup, Degas a culbuté les traditions de la sculpture. Qui donc vous parle de Rodin ? Le premier sculpteur, c’est Degas. – La petite danseuse de quatorze ans. Une figure de cire partiellement peinte, portant des chaussons et des bas, vêtue d’un vrai tutu et d’un corsage en lin, les cheveux noués avec un ruban de soie. La position des bras, la tension des jambes, l’émotion contenue du visage, la chaleur de al cire donnaient une impression inédite de vivacité et de modernité. Avec cette première statue, Degas bouleversait la tradition de la sculpture.
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Je suis comme le roi d’un pays lointain. Riche, mais impuissant, jeune et pourtant très vieux (…) Et les dames d’atour, pour qui tout prince est beau, ne savent plus trouver d’impudique toilette pour tirer un souris de ce jeune squelette. – Charles Baudelaire, Spleen, Les fleurs du mal, 1857
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Aucun d'entre eux n'a compris ce que l'on entend par "grand artiste".
La voix n'est pas de trouver dans la rénovation de l'art comme le prétendent les bohèmes. Ni dans la soumission à la tradition, comme le veulent les académiques.
À chaque époque, son art. Son esthétique, ses thèmes, son style. Aucun artiste n'a encore trouvé l'art de notre époque, le XIXe siècle.
Et c'est moi, Edgar Degas, qui le trouverai.
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En ma qualité de scénariste, je dois sans cesse résister à la tentation d’accompagner les planches d’explication. Fort heureusement, en tant qu’historien et grâce à la complicité de mon éditeur, je peux inclure dans ce cahier final toute une série d’informations complémentaires, de détails savoureux, de curiosités et d’anecdotes qui, selon moi, rendront plus agréable la lecture ou la relecture de cet album. Ou, si vous me permettez une liberté classiciste, quelque peu pédante, mais si appropriée au XIXe siècle, engager un dialogue entre la Muse de la poésie, Calliope, et la Muse de l’histoire, Clio. Avant d’entamer cette description planche par planche, je tiens à apporter une précision sur la voix de monsieur Degas ou, à tout le moins, sur nombre de ses propos, pensées et écrits, qui pourraient sembler choquants, voire osés, au lecteur. Ses carnets ainsi que plusieurs de ses lettres ont été conservés, tout comme une série d’anecdotes, de critiques et d’information sur sa manière de parler, de se comporter et de s’adresser à son entourage. En façonnant le personnage de Degas, j’ai veillé à reproduire fidèlement son caractère, sa personnalité et son langage. Aussi ai-je repris, mot pour mot ou en les adaptant, un grand nombre de ses répliques, affirmations, notes et réflexions. Le lecteur peut donc être rassuré : la plupart des propos attribué dans cet album à Degas sont avérés et tirés de sources originales. D’autre part, de nombreux propos, phrases, annotations et déclarations d’autres personnages tels que Cassatt, Manet ou Morisot émanent, eux aussi, de sources historiques. En toute honnêteté, je dois admettre que j’aurais été bien incapable d’inventer les mots prononcés par Degas : son talent oratoire légendaire rend l’original toujours plus surprenant et insolite que n’importe quelle invention.
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Puis-je vous donner un conseil ? Consacrez-vous corps et âme et à la peinture. Vivez pour la peinture. Faites-en votre maîtresse, votre fiancée et votre épouse.
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Degas qui avait retrouvé son enthousiasme, m’avait proposé de participer à la création d’une revue de gravures. À cette époque, il s’intéressait aux monotypes, aux gravures, aux pointes sèches et aux lithographies. Bracquemond, Pissarro, Desboutin, Raffaëlli et Rouart avaient accepté de contribuer à cette publication. Elle s’intitulait Le Jour et la Nuit, comme les jours et les nuits passés à travailler ensemble. Seuls. Comme toujours, son enthousiasme et son obstination avaient rejailli sur chacun d’entre nous. J’avais délaissé mes toiles pendant plusieurs mois pour travailler à ses côtés. Nous n’avions jamais été aussi proches. Nous n’avions jamais été aussi proches l’un de l’autre. À vrai dire, j’attendais de Degas autre chose que de la galanterie. Nous nous connaissions depuis des années. Je pensais que ces journées et ces nuits allaient enfin déboucher sur quelque chose. Même si les gens en doutaient, j’étais capable d’éprouver des émotions romantiques. Pendant ces mois passés à travailler à ses côtés, je ne pensais qu’à lui. Cet homme m’inspirait des sentiments qu’un autre homme ne m’avait jamais fait ressentir. Admiration. Curiosité. Intérêt. Pourtant les choses avaient mal tourné. Le Jour et la Nuit aurait pu être un grand succès, si Degas ne s’était pas retiré au beau milieu du projet sans la moindre explication. Une fois de plus, il nous avait fait perdre notre temps. De nouveau Degas n’avait pas saisi l’occasion qui s’offrait à lui. Il n’était jamais prêt.
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On me considère comme le peintre des danseuses. En réalité, seul le mouvement de leurs corps et de leurs vêtements m’intéresse. Le ballet d’aujourd’hui est un art décadent. Il n’a plus rien à voir avec le ballet du Second Empire. Les Taglioni et les Elssler n’existent plus. Le ballet est devenu un art mineur. Il a perdu sa poésie dans les jambes de ces petits rats de quartier. Ces danseuses viennent ici dans l’espoir de devenir des princesses parées de bijoux, comme dans les romans. En réalité, la plupart de ces jeunes filles sont issues de la classe ouvrière et exercent d’autres métiers. Les parents de bonne famille n’autoriseraient jamais leur fille à fréquenter un tel endroit. Regardez plus attentivement encore, miss Cassatt. On les appelle les balletomanes. Ils sont presque tous membres du Jockey Club. De riches bourgeois qui se prétendent les bienfaiteurs de ces jeunes filles. Ils les nourrissent, leur achètent des vêtements, donnent de l’argent à leurs mères. Tout cela en échange… Enfin, vous m’avez compris.
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Laissez-loi vous expliquer… Les premiers à prendre la parole sont les peintres bohèmes. Celui-là, c’est Monet. Quand je passe devant une de ses toiles, je dois relever le col de ma veste, par crainte des courant d’air. Renoir, un chat qui joue avec des pelotes de laine multicolores. Cézanne, dont les colères peuvent être terribles. Pissarro, un anarchiste juif, portugais et créole. Et voici notre faction : les peintres académiques. À la fois réalistes, aristocratiques et traditionnalistes. Brandon, fils d’un négociant, spécialiste des scènes traditionnelles juives. Levert, graveur, paysagistes et dessinateur de costumes militaires. Touart, collectionneur, industriel et peintre amateur. De Nittis, exposant au Salon et invité régulier des soirées organisées par la princesse Mathilde. Et le vicomte Ludovic-Napoléon Lepic, peintre, graveur, sculpteur, membre du Jockey Club et balletomane.
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