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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avenue Nationale n'est pas un livre ordinaire. Vandam, le personnage principal, n'a rien d'un héros littéraire. Au contraire, c'est un extrémiste, bagarreur, ancien taulard et fan de Jean-Claude van Damme. Bref, au premier abord, il semble difficile de s'attacher a lui. Pourtant au fil des pages, on voit clairement que la vie n'a pas épargné notre héros, et on arrive a lui trouvé quelques excuses :
"Et Mrazák dit : Vandam, mon père disait toujours que ton père, il savait toujours mettre de l'ordre ici.
Et moi, je dis rien et je bois.
Et Mrazák me dit : D'ailleurs, c'est bizarre, pas vrai ? Quand t'es jeune, tu détestes ton père. Et plus tu vieillis, plus tu lui ressembles. Et pour finir t'es la même brute que lui. La vie, c'est rien que des mystères cosmiques, pas vrai ?
Mais moi, je veux rien dire et je vais pisser."

Pourtant, Jaroslav Rudis signe ici un très bon roman. A travers son héros, on découvre la République Tchèque populaire, son histoire (le livre est extrêmement bien documenté). C'est cru, l'écriture est un langage parlé mais le livre se lit très vite. "Ils te mettent dans le crâne qu'en ce moment la guerre est de l'autre côté de la planète et que c'est vachement loin, que c'est sûrement une planète tout à fait différente de celle sur laquelle tu vis.
Ils te mettent dans le crâne que t'as du bol de pas devoir partir à la guerre, parce que tu vis dans un bassin de la Bohême où règnent la calme et la paix.
Et où les guerres se déroulent aujourd'hui uniquement dans ton ventre.
Si tu prends du porc-chou-boulettes et de la bière, c'est un vrai Stalingrad que tu vivras dans tes boyaux."

C'était ma première rencontre avec l'écrivain tchèque et je suis bien tentée d'en découvrir plus.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Il est tchèque, peintre, costaud, bagarreur, militariste, extrémiste – avec un penchant pour le salut romain. Il a tâté de la taule, de la drogue. Quel est son nom d'emprunt ? Un indice : monsieur fait désormais ses deux cent pompes par jour. Vandam ! C'est à la taverne qu'il s'envoie des bières avec ses potes et c'est aussi là qu'il joue des poings. Vandam affirme avoir déclenché les événements qui ont engendré la Révolution de 89. Cette forte tête, ce paumé a des trucs à nous dire, écoutons-le...



C'est quoi cette avalanche de propos haineux délivrés par un facho à la petite semaine qui déblatère des saloperies à longueur de récit ? Psitt ! On se pose et on développe ? Ce n'est pas le genre de type que nous inviterions pour fêter l'anniversaire de la Révolution d'Octobre parce que Vandam il fait plutôt dans le Velours question révolution. Et pour lui, le rouge n'est pas un symbole, c'est la couleur de la peinture qui tâche ses mains, « ce n'est pas du sang » répète-t-il à l'envi – l'emploi fréquent de l'anaphore dans le texte fait penser à un acte de propagande mais il a plutôt un caractère incantatoire. En écho de ce long et terrible monologue, l'auteur nous propose de porter notre regard sur la destinée de la République Tchèque et a fortiori celle de l'Europe vacillante. Mais si cet homme hisse le pavillon noir avec des yeux exorbités ce qu'il tente de nous révéler s'inscrit dans le crépuscule du deuil, de l'intime.



« Moi, je suis un patriote. [...]

Le dernier guerrier.

Le dernier Romain. »



Vandam est le héros négatif par excellence. Violent, malsain, néo-nazi, il crache ses urgences, comme on vomit un mauvais vin. Ses éructations ne sont pas passagères, il les scande puisqu'il en va de l'avenir de l'Homme. Il s'est forgé cette idéologie en se tournant vers l'histoire des grands hommes de guerre, ses livres de chevet dégagent des odeurs de poudre à canon, de sang, de conquêtes. « Y'en a qu'un seul qui peut gagner. » Mais une question nous turlupine au fil des pages : à qui s'adresse-t-il ? Cependant, à la frange de ses délires paranoïaques l'image du père s'insinue, son père dans la forêt, sous l'orme mythique et son père mourant qui va basculer dans le vide. La forêt et le marécage. La forêt, mère protectrice. le marécage qui engloutit, absorbe. Vandam ne sera jamais une proie. Il scande :



« Ils te mettent dans le crâne que t'as pas à avoir peur.

Ils te mettent dans le crâne que ça, c'est pas du tout la crise.

Ils te mettent dans le crâne que le monde s'est sorti d'emmerdements plus graves.

Ils te mettent dans le crâne que ça va tenir.

Ils te mettent dans le crâne que ça durera toute l'éternité, que rien va s'écrouler.

Ils te mettent dans le crâne que tout baigne.

Ils te mettent dans le crâne qu'ils gardent le contrôle. »


La suite sur : http://bobpolarexpress.over-blog.com/2016/10/konzentration-junge-avenue-nationale-jaroslav-rudis.html
Lien : http://bobpolarexpress.over-..
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C'est l'histoire d'un sale type.

Un sale type dont on ne connaîtra pas le nom, uniquement ce surnom ridicule -Vandam- dont il a été affublé parce qu'il s'astreint à faire 300 pompes par jour, et que ses capacités intellectuelles sont a priori inversement proportionnelles à l'ampleur de sa masse musculaire.

Un type qui vit depuis toujours dans une cité de la banlieue de Prague, le célèbre quartier Severní Mesto, immense lotissement de préfabriqués construit dans les années 70 et 80, dont les habitants végètent à la limite de la misère, entre ennui et hébétement face aux mutations d'un monde dont ils se sentent exclus.

A quelques pas de ce marasme urbain, survivent les vestiges d'une forêt ancestrale, qui a conservé à ses yeux sa dimension fantasmagorique et ténébreuse, et dont la présence le hante (il a même aperçu un loup à ses abords)... Une forêt dans laquelle, il en est persuadé, sa mère, devenue folle après le suicide de son mari alcoolique et violent, s'est définitivement perdue.

Il a connu la prison, la drogue, mais ce n'est pas ce qui nous le rend si antipathique. La répulsion qu'il nous inspire naît de la doctrine qu'il professe, des conceptions qu'il expose en une longue logorrhée scandée à l'attention d'un interlocuteur que l'on devine être son jeune fils, qu'il voit en cachette suite à un jugement lui interdisant de l'approcher.

Il lui assène ainsi, en une succession de phrases brèves, coupantes, ses leçons de vie très personnelles, alimentées par une morale guerrière. Convaincu que l'existence est un combat permanent et que la violence est par conséquent un mal nécessaire, abreuvé de fantasmes d'héroïsme romanesque qu'il entretient par la lecture exclusive de récits de batailles et de stratégie militaire, il martèle l'importance de jouir d'une condition physique et d'une force mentale optimales, car indispensables à la survie.

La conviction qu'a le héros de sa grandiloquence, de la justesse de son raisonnement, est à la fois effrayante et pathétique. Au fil de son discours rétrograde et délétère, sous la virilité ostentatoire et obtuse dont il l'enveloppe, transparaissent son racisme ordinaire, sa mesquinerie, sa mauvaise foi. Plus qu'un menteur, toutefois, Vandam est un être qui s'illusionne sur lui-même, passant certains des événements qu'il a vécus au crible d'une interprétation qui lui donne le beau rôle, à ses propres yeux comme -du moins le croit-il- à ceux des autres...

Et il ne faut pas creuser beaucoup plus pour deviner, sous ses airs belliqueux et pontifiants, la détresse et l'égarement... sa quête d'identité, d'une place dans une société dont l'évolution, les nouveaux codes lui échappent, est sans doute le reflet du désarroi et du sentiment de solitude d'une nation écartelée entre la nécessité de s'ouvrir au monde, et l'angoisse d'y laisser une part de son intégrité.

"Avenue Nationale", en rapportant une parole que l'on préfère habituellement ignorer, brosse le tableau d'un désespoir sordide et amer, terreau propice à la prolifération de la haine et du repli sur soi.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Je m'attendais au pire après les première pages... et en fait on abouti à un très réussi portrait de "déclassé"... Comment dit-on "missfit" en tchèque?
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