AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bellonzo


C'est toujours un plaisir de voyager avec Jean-Christophe Rufin. Ca fait du bien de rouvrir un livre qu'on a laissé 20 minutes plus tôt et de se retrouver happé par le souffle de l'auteur. L'Abyssin est son premier roman. Elle est fort bien troussée, cette histoire de Jean-Baptiste Poncet, médecin, pas très officiel, au Caire, à la fin du règne de Louis XIV, période où le Roi-Soleil finissait sa vie confit en dévotions, et où les Jésuites exerçaient une grande influence. Il est amené à devenir ambassadeur auprès du Négus, souverain d'Ethiopie, alors Abyssinie.

Rufin a la plume aisée et nous entraîne dans cette aventure qui tient de Dumas pour la truculence et De Voltaire pour l'esprit frondeur. Bien que trop long à mon gré d'une centaine de pages, on se régale des héros et des fourbes. Les premiers, Poncet, son ami Juremi, maître d'escrime et protestant, la belle Alix, fille du consuL du royaume de France au Caire, sont dignes de toute notre estime. Les ennemis sont évidemment à chercher du côté des Jésuites et des Capucins, par ailleurs très querelleurs entre eux. On connait bien l'auteur, médecin, diplomate, académicien, marcheur, longtemps au coeur de plusieurs ONG. Il aime raconter, Rouge Brésil, le grand Coeur, et virevolte joliment autour de la vérité historique.

Mais quelle joie de plonger et replonger dans ce roman, 700 pages en poche, et de retrouver le climat de liberté et de tolérance, sans message lourdaud, que le futur prix Goncourt distille tout au long du récit. Précisons à nouveau que Louis XIV sur sa fin n'était plus qu'une ombre souffrante, l'objet des manipulations d'un catholicisme outrancier. Après deux romans un peu punitifs, l'un suédois, l'autre néerlandais que j'ai renoncé à vous présenter (mon goût pour la découverte d'auteurs européens inconnus me conduit parfois à quelques déconvenues), je ne peux que conseiller ce joli voyage en Afrique précoloniale. Cet adjectif s'applique mal à l'Abyssinie qui ne connut qu'un bref épisode italien. Quoi qu'il en soit, en selle!
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}