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Critique de ClaireG


Il était une fois, dans les années 1770, un jeune comte hongrois, Auguste Benjowski, qui, après avoir été fait prisonnier par les Russes, se retrouva banni avec ses infortunés camarades au Kamtchatka, terre peu hospitalière peuplée de Cosaques.

Ainsi pourrait commencer la grande aventure que nous conte Jean-Christophe Rufin avec son roi Zibeline, aventure basée sur les Mémoires dudit comte qui, bien malgré lui, se transforme en navigateur averti comme tant d'autres au XVIIIe siècle, tels La Pérouse, Bougainville, Kerguelen et autre James Cook. En tout cas bien avant eux dans le Pacifique Nord.

Instruit par un précepteur français fervent adepte de Rousseau et de Diderot, Benjowski baigne autant dans les idéaux des philosophes que dans le métier des armes. Lorsqu'il est déporté en Sibérie, il enseigne le français et l'allemand aux enfants du gouverneur, chasse les bêtes à fourrure, commerce avec les marchands, s'informe auprès des marins et prend un maximum de points de repères.

Après bien des complots, des trahisons et même l'assassinat du gouverneur Nilov, Benjowski parvient à prendre le large avec quelques exilés et beaucoup de complicités extérieures. Il emmène avec lui Aphanasie, fille de son geôlier, tombée en amour de cet homme singulier.
« En voyant défiler l'interminable étendue de landes déserte et de steppes arides qui nous avaient emprisonnés, nous n'avions plus aucun doute sur la nécessité de fuir un tel destin ».

Commence alors une navigation difficile en eaux inconnues malgré les quelques relevés et cartes dérobés et c'est ainsi que Benjowski met à profit « l'usage du monde » tel que le lui a enseigné son précepteur. Subissant vents et tempêtes, déviations de route et insubordination à bord, avaries du bateau et hostilité pour faire provision d'eau et de nourriture, le hardi Benjowski traverse le détroit de Béring, longe l'Alaska, suit les côtes du Japon où il reçoit une lettre patente du roi. Arrivé à Macao, l'audacieux navigateur doit affronter le doute et la suspicion de toutes les compagnies maritimes et commerciales d'Europe qui se font une folle concurrence. Sollicité par les Anglais et les Hollandais, courtisé par les Portugais qui, tous, veulent tirer parti de ses découvertes et de ces terres du Pacifique Nord qui n'appartiennent encore à personne, Benjowski finit par céder de précieuses informations aux Français afin de pouvoir gagner Paris et obtenir les moyens de retourner à Formose où il rêve d'installer une colonie.

Méfiants et soupçonneux, jaloux de leurs prérogatives, les Français l'envoient à Madagascar, base avancée de la Compagne française des Indes mais aussi des esclavagistes, où règnent des dissidences tribales à répétition. Benjowski finit par y mettre bon ordre, construit un fort, une ville, des hôpitaux et, par une supercherie involontaire, est sacré roi par les Malgaches, sous le nom de Zibeline en souvenir des fourrures préférées d'Aphanasie. Pourtant, ce que souhaite le nouveau roi, c'est que les indigènes se gèrent eux-mêmes.

C'est pour l'appuyer auprès du roi de France que Benjowski et Aphanasie viennent trouver Benjamin Franklin à Paris, lui qui est l'un des pères fondateurs de la déclaration d'indépendances des Etats-Unis.

Jean-Christophe Rufin fait de cette histoire authentique un conte plein de péripéties et de rebondissements, une histoire d'amour entre Auguste et Aphanasie qui, à tour de rôle racontent leurs aventures trépidantes à Benjamin Franklin.

Merci Kielosa pour ces heures de lecture plaisante et dépaysante à souhait.
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