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Critique de Soukiang


Le syndrôme du morveux de David Ruiz Martin, écrivain est un thriller nerveux, implacable et d'une intensité rare !

Les faits divers regorgent d'histoires qui font froid dans le dos, de la jalousie extrême, des meutres gratuits sans mobile apparent, des actes inqualifiables touchant des familles entières, des dommages collatéraux, l'irrationnel s'invite dans le coeur d'hommes et de femmes pour assouvir qui des fantasmes, qui des vengeances, qui des vols crapuleux, tout est possible dans un monde qui frise souvent l'incompréhension la plus totale, des paroles déplacées, un regard de travers, une envie ou une pulsion soudaine et tout peut partir en vrille ...
Pour Carine, ce qui devait être une journée radieuse et pleine de promesses, pensez-vous, un week-end avec son amoureux, jamais elle n'imaginera la tournure des évènements qui allait suivre.
Pendant ce temps, un homme se tient devant la glace, l'heure est venue ...

Il y a plusieurs manières d'aborder la lecture d'un thriller, certaines personnes lisent pour éprouver des sensations fortes, pousser l'adrénaline dans ses tripes très loin, histoire de voir si elles peuvent en supporter la vision et des images récurrentes, cela tourne et retourne dans la tête, les cauchemars les attendent la nuit suivante, d'autres préfèrent y voir jusqu'où des personnes peuvent aller, les limites à ne pas franchir, la frontière délimitant le bien et le mal, rien n'est jamais tout blanc ni tout noir, encore d'autres et je privilégie pour ma part cet aspect du thriller, la psychologie des personnages, qu'ils soient de tous les bords, la moralité, les démons intérieurs, découvrir ce qui se cache derrière les masques apparents des uns et des autres, un bon thriller sait ne pas aller trop loin dans la gratuité des descriptions de violence inhérente au genre, l'auteur ne va pas chercher à choquer, à donner le vertige à chaque page sous peine de trouver futile l'orientation de son intrigue, il y a une raison à tout, l'art d'écrire un bon thriller est de distiller au compte-goutte des situations de stress permanent tout en posant des bases d'un récit, d'une histoire qui tienne la route, le suspense, des rebondissements, des surprises qui vont estomaqueront à coup sûr vos neurones et vous feront poser de nouvelles questions, un personnage fort et servant de lien rémanent tout le long de l'histoire, un héro ou un anti-héro, l'essentiel est de vous faire sentir ce qui va se préparer, inexorablement, page après page, la tension augmente, les nerfs sont mis à rude épreuve, toute la gymnastique du flux et du reflux d'enchaîner séquences fortes puis relâchement et ainsi de suite pour aboutir au clou de tout thriller qui se respecte, le dénouvement, la conclusion qui vient mettre la lumière ... ou pas sur tout ce qui vient de se passer.

Après avoir lu le deuxième roman de David Ruiz Martin, Que les murs nous gardent "Un roman fantastique, addictif et ... bouleversant !", j'étais impatient de découvrir son premier livre, le syndrôme du morveux. Une histoire qu'il a mis plus de deux ans à écrire, c'était une première, la somme de milliers d'heures de travail, de gestation, de nuits blanches, l'auteur ne s'en cache pas, plusieurs fois il a failli jeter l'éponge et pourtant, il est là ... et bien là.
Je profite de cette intermède pour remercier chaleurement l'auteur, David Ruiz Martin de m'avoir donné l'opportunité de lire sa première incursion dans le monde du thriller et de la littérature.

Desperate years ...

Bien sûr, après de multiples corrections, il subsiste encore quelques coquilles ou autres fautes de syntaxe ou d'accords, comme je l'ai déjà souligné dans plusieurs chroniques précédentes, ce ne sont pas des arguments suffisants que je mets en avant ou qui me feront baisser dans mon estime, l'important est ailleurs, la vérité est ailleurs, passé ces quelques petits accros mineurs, vous allez juste vivre une histoire palpitante, de celle qui vont vous faire réfléchir à quel point l'être humain confirme son standing du plus grand prédateur que la terre n'engendrera jamais, quand j'ai apprécié un livre d'un auteur, l'idée de lire une première oeuvre avec ses maladresses, ses hésitations dans la construction ou le style, c'est comme de découvrir les premiers essais cinéma de grands réalisateurs d'aujourd'hui ou d'écouter le premier album d'un groupe qui n'avait pas encore fait parler de lui, le hasard a fait que j'ai donc d'abord son deuxième roman avant celui-ci et pour noter la progression et l'amélioration de l'écriture, notamment ces tournures de phrases bizarres ou ces alternances de personnages dans un même paragraphe, passer du coq à l'âne, c'est pourquoi j'ai pris le temps de lire, d'en esquisser des images, de prendre du recul afin de recréer un champ exploitable, une rigueur dans l'esprit analytique, une vision d'ensemble qui se dessine au fur et à mesure des pages, chapitre après chapitre, le rythme crescendo, la narration du personnage principal suivant celle des autres, la cohérence du tout a fini par emporter mon adhésion, à l'image de l'auteur qui a écrit les derniers mots à cette histoire, à la lecture du mot FIN, j'ai su que David Ruiz Martin était vraiment, sincèrement, un auteur à part entière, un conteur d'histoires.
Ici un thriller, une histoire à vous faire dresser les cheveux sur la tête pour le roman de genre fantastique dans Que les murs nous gardent avant de découvrir son dernier roman, dans un registre plus personne et quelque peu intime, Je suis un des leurs.

Desperate days ...

Dans le syndrôme du morveux, l'histoire se passe dans un périmètre restreint, un sentiment etouffant à la limite de la syncope, une peur viscérale de tous les instants, l'imprévisibilité de l'un contrastant avec la nervosité de l'autre, un fragile équilibre semble imprégner les lieux, la proximité, les langues qui se délient, les regrets, toujours cette culpabilité qui s'ensuit dans les actes d'un passé révolu mais encore prégnant dans l'esprit des protagonistes, ce passé qui semble ne jamais laisser en paix les vivants, le poids des actes et les conséquences qui en découlent, chacun des personnages aura fort à faire pour se défendre, trouver des raisons suffisantes à contenir leur orgueil ou leur fierté, la culpabilité, la colère, des souffrances infinies, la violence n'est jamais loin, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, les apparences sont souvent trompeuses et autant vous le dire, ce thriller va vous emmener loin et pas dans la direction que vous pensiez deviner, rien n'est jamais acquis, tout est dans les soupçons ou dans les méandres des esprits torturés voire tortueux, dans les confidences délivrées, vraies ou pas, c'est à vous, lecteur, de vous faire votre propre idée sur plusieurs questions qui se dessinent telles que ...
Connait-on assez ses proches ou ses semblables ?
Quel est le prix du sacrifice pour ... renaître ?
Jusqu'où une personne est-elle capable d'aller pour préserver ses acquis ?

Desperate hours ...

Un sentiment d'urgence transpire dans chacune des pages, l'auteur sait y maintenir un état malsain, des situations de délire permanent, l'horreur dans toute sa démesure, c'est parfois brutal, sans concession mais j'insiste bien aussi, ce n'est jamais de la violence gratuite, méfiez-vous des convenances, vous croyez savoir mais vous allez être servi dans les retournements de situation, en cela ce roman respecte des codes du thriller afin de maintenir en haleine, en apesanteur le lecteur, les successions de scènes d'anthologie ne vous laisseront que rarement de répit, toute la différence avec une histoire cousue de fil blanc, personne ne sera épargnée et à commencer d'abord par le lecteur, j'apprécie cette ambiguïté qui naît dans la tête de certains personnages, cette part d'ombre et de secrets qui pèsent sur leurs épaules, les affres du passé coïncident avec les échos du présent, trahison et mensonges vont de pair pour orchester une mise en abîme terrifiante de la face humaine, les profondeurs virent de babord à tribord avant de trouver la faille de ... l'abysse.

Desperate seconds ...

Tout est dans les détails et comme je l'ai souligné auparavant, pour peu que vous preniez et savouriez chaque page de ce thriller oppressant et définitivement plein de surprises, une intrigue machiavélique, vous serez récompensé des quelques heures qu'il vous aura fallu pour découvrir tous les tenants et aboutissants à la fin de l'histoire, de comprendre tous les personnages, d'éprouver de l'empathie voire de la compassion, une psychologie simplement brillante qui cerne chacun des protagonistes, de l'obsessionnel au déni complet en passant par le masque figé, une ambiance qui frise souvent le rêve halluciné ou cauchemardesque, la paranoïa, les tensions vives et cette atmosphère irrespirable donneront le change et le ton irrépressible de la première à la dernière ligne.

Je termine en évoquant et toujours dans le but de ne pas spoiler, un problème sociétal soulevé et qui trouvera un écho pertinent dans le monde d'aujourd'hui. L'histoire se passe en Suisse, dans les environs de Neufchâtel mais pourrait tout aussi bien se manifester dans n'importe quel pays. C'est clairement l'une des clefs essentiels pour saisir tout l'enjeu de l'histoire et des agissements des personnages ...
Je parle de la justice, cette institution qui se doit d'être impartial à tous les égards, connait-elle des limites dans l'ère contemporaine ?

Une fois que vous aurez passé l'écueil de coquilles ou autres petits défauts syntaxiques ou grammaticales, de faire fi de certaines maladresses mineures comme le fait de noter entre parenthèse des situations ou des états d'âme qui avaient leur place dans une phrase ou une séquence, que vous acceptiez de passer d'un personnage à un autre alors que de courts paragraphes auraient mis en évidence et sans que cela nuise ou ralentisse la trame, je confirme que ce thriller est à lire pour tous les amateurs de sensations fortes, de frissons, de découvrir une belle intrigue qui m'a donné le tournis jusqu'à la toute fin (c'est le mot), un roman qui m'a permis aussi de constater l'évolution de la plume de l'auteur après avoir lu son deuxième, cela donne sans complaisance une lecture haletante et idéale pour ne pas se reposer sur ses lauriers, un thriller qui sait pousser le paroxysme et le suspense jusqu'au bout de vous-même.

Avec Nicolas Feuz, Marc Voltenauer et Joseph Incardona, vous pouvez aisément rajouter David Ruiz Martin pour compléter le meilleur du polar et du ... thriller chez nos amis helvétiques.

Le syndrôme du morveux est un grand thriller aux allures de tragédie des temps modernes ...

Un livre auto-édité, chez TheBookEdition, "Réveillez l'auteur qui est en vous", "De la page blanche ... au best-seller", un auteur, David Ruiz Martin, écrivain, écrivain qui confirme tout le bien déjà largement entrevu avec Que les murs nous gardent qui suivra le syndrôme du morveux.

Si vous regardez bien la couverture, après lecture, vous comprendrez le choix avec deux des éléments clefs de l'histoire.
A noter enfin une autre couverture pour la version numérique et qui résonne également au coeur de l'intrigue.
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