AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de brigittelascombe


Montmartre.
Ses yeux verts mangent son visage, seul comme un chien, il respire l'air poussiéreux de la rue Labat. Orphelin, il est orphelin!
Il? Qui il?
Il, c'est Olivier Chateauneuf, le fils de la belle mercière, celle qu'il appelait Virginie, M'mam, celle qui n'est plus.
Ah le chocolat de M'mam, rite onctueux relevé de quelques gouttes d'anis et d'extraits de café (miam! miam!). Ah la peau soyeuse et chaude contre laquelle il aimait se coller pour un calin du soir!
C'est ça la mort, tout ce manque lancinant qui le terrasse, au fil des jours, de son injustice soudaine.
Faut assumer l'incertitude du conseil de famille qui statuera de son sort(et puis le fait que Virginie prenne des amants n'était pas au goût de tous), faut assumer aussi la douleur et la honte de passer chez chacun récupérer les impayés pour payer l'enterrement.
Heureusement, y a les cousins au 77, Jean et Elodie qui le recueillent le temps du deuil. Ils sont gentils ces deux tourtereaux, mais l'époque est dure et Jean, conducteur d'imprimerie, hôche souvent la tête.
Alors, Olivier traine dans cette rue Labat, cette grande famille qu'il connait depuis toujours.Eux, ils chantent "Faut pas s'en faire" et ont l'air heureux.
Au 73, chez Albertine Haque,bien en chair, un peu brusque à le traiter tout le temps de voyou, mais pas méchante au fond, il dévore des tartines au beurre salé.
Y a Serge dit Loulou ou tête à poux, son meilleur ami qui attrappe les mouches et le soutient en lui claquant deux gros baisers sur les joues et Anatole,Cap de verre,Ramélie, et les batailles de gosses avec la rue Bachelet, et le jeu des allumettes qui "consiste à poser une allumette verticalement sur le trottoir, à appuyer avec l'index et d'une pichenette à la faire s'envoler toute allumée".
Y a Bougras, plein de sagesse, homme sandwich, toiletteur de caniches, homme à tout faire doué de ses mains qui confectionne des bagues avec des pièces de monnaie, qui lui parle de Zola et embellit la campagne des grands parents. C'est là qu'il lui faudrait aller pour retrouver ses repères.
Y a L'araignée au corps désarticulé qui lui fait peur et pitié à la fois.
Mais, il y a surtout Mado qui ressemble à sa mère, "femme liane, dont la tête s'épanouit au dessus du corps comme une fleur colorée".
Elle fait la vie? C'est une poule de luxe? Qu'importe! Elle l'invite à manger des mokas.
Et le beau Mac, ce caïd peu recommandable qui lui tourne autour, joue du révolver et appelle Olivier "Pauvre pomme"?
"Quand je serai grand" dit l'enfant" je lui casserai la margoulette"!
Un livre pétri d'émotions, d'amitié pour les humbles, le récit d'une époque charnière angoissante dans la vie d'un enfant. Mais parfois, un coup de pouce du destin(malgré le malheur survenu) peut tracer une route différente hors d'une rue tendre mais sans repères.
A suivre...
Dans : Les noisettes sauvages et Trois sucettes à la menthe.
Petit rappel :Né à Paris en 1923, Robert Sabatier, bientôt orphelin et ayant grandi à Montmartre, a sans doute pioché dans ses souvenirs.
Poête,romancier, ses oeuvres ont été traduites dans le monde entier et il est membre de l'Académie Goncourt.
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}