La vie est ce qui t’arrive entre la naissance et la mort. Tu ne choisis pas vraiment. Les personnes et les événements s’accrochent à toi, aveugles, tenaces, et au fil du parcours des choses restent, d’autres s’ajoutent, tu en perds la plupart, puis tu perds tout.
Quand tu auras l’impression que les autres sont plus doués que toi, n’oublie pas que l’indépendance n’est pas toujours synonyme d’autonomie. Et quand tu auras l’impression que la vie est peu généreuse à ton égard, dis-toi que chacun vit comme il peut. Dans les moments difficiles, rappelle-toi simplement ces deux choses. Tu te sentiras mieux.
Cette lettre doit suffire pour une vie entière. Elle devrait contenir plein de mots. Elle devrait te parler dans toutes les occasions importantes. Le brevet, ta première petite amie, un devoir raté, une déception amoureuse, le baccalauréat, l’éloignement des amis de toujours, l’université, le premier examen, la thèse, le mariage, les enfants. Mais une telle lettre demanderait une grande sagesse, et même les hommes n’en ont pas autant.
Ce n’était plus un jeu sadique ; même plus une punition, ni l’exercice grisant d’une violence gratuite. C’était au-delà de la haine. Si personne n’était intervenu, Sabino ne se serait pas arrêté.
Soudain un filet d’air trouva le chemin de mes poumons ; je sentis mon estomac se contracter violemment et un flot acide jaillit de ma gorge.
Quand on est seul, les choses nous arrivent tout entières.
En théorie, cette règle devrait valoir aussi pour le bonheur, mais elle n’y parvient pas à cause de ce mot – seul – autour duquel le bonheur, qu’on a beau arranger, étirer, border, achoppe toujours.