Citations sur L’été meurt jeune (65)
Ce sont les choses qui sortent de l’homme qui le rendent impur.
Une chose très simple. Je fumais. La fatigue. La fatigue comme la mort. On trime toute la journée et même pas un verre de vin le soir. Une cigarette, au moins une cigarette. Je fumais. Et puis, mes yeux se sont fermés. Les yeux ne se commandent pas. On n’y pense jamais au fait que les yeux ne se commandent pas, on n’y pense jamais jusqu’au moment où ils se ferment. Quelquefois pour dormir, une fois pour tuer, la dernière pour mourir.
Nous sommes si nombreux, il se passe forcément plein de choses, chaque jour, sans exception, il n’est pas un jour où rien ne se passe. Et à qui la faute ? L’homme ? Oui et non. Parfois les choses arrivent et personne n’est responsable. Le coupable ? Personne. Ou bien : tout le monde. La somme des actions de tous les hom…
Je n’étais pas ivre. Je n’avais pas bu depuis une semaine, pas un verre de vin. J’étais tout sauf ivre. S’il y a une chose que je n’étais pas, c’était bien ivre.
Tout le monde connaissait l’histoire, chacun à sa manière, avec les variantes possibles qui irradiaient autour d’un noyau fixe, terrible, immobile.
Il aurait accepté n’importe quelle explication, même la plus saugrenue : si on lui avait dit que son père avait guéri grâce à la friction d’une tomate sur ses tempes, il aurait été prêt à le croire. Il était heureux parce que son père avait pu sortir de l’asile, il était heureux parce que Sabino Canosa avait une bouteille plantée dans la fesse, heureux parce que, pour ses amis, Mauro Lepore était une sorte de héros de la parole.
Et le dialogue. Le dialogue est vie. Le dialogue est création. Deux êtres humains qui parlent la même langue – et par langue je n’entends pas simplement le langage, mais quelque chose de plus profond, une communication qui va au-delà de la parole en soi –, deux êtres humains qui parlent la même langue peuvent créer un monde, avec leur dialogue. Ainsi ne croyez jamais ceux qui affirment être bien seuls. Et méfiez-vous des ermites, qui se suffisent à eux-mêmes. On a besoin de parler avec d’autres, sinon comment peut-on avoir la certitude d’être vivants ?
Si un homme dit à sa femme qu’il la considère comme un attention : si une femme dit la même chose à un homme, ça ne va pas. C’est un problème si votre femme vous voit comme un frère. Gardez cela en tête.
Il n’est pas simple du tout de définir, ou d’appréhender, les personnes sur la base de leurs actions. Une action, même spécifique et extrême, ne permet pas de placer un individu dans la catégorie du bien ou du mal. Elle ne le définit pas dans son ensemble, et ne l’empêche pas d’accomplir une action opposée dans une autre situation ou un autre moment de l’existence.
Les événements se créent par différence, par friction. Voilà pourquoi la complication, le mal, sont nécessaires.