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Citations sur Papa est au Panthéon (11)

- Fillette de Camaret où est ton pucelage ? beuglait l'oncle Arnuphe dans un déluge de postillons, les joues hirsutes d'une barbe grise et mitée, tanguant ferme, mais arrimé au piano. "Il s'en est allé dans l'eau avec les petits bateaux, il nage, il nage, il na-a-geu."
Ses viriles vocalises étaient scandées d'une main terminée par une bouteille. Cette vision fit exploser la nature bourgeoise de ma mère sous son vernis révolutionnaire ; elle coupa la radio :
- Mais tu es ivre !
- T'en veux ? C'est de la prune de Sologne, bonne gnôle ! fit-il en lui tendant la bouteille. Prise de guerre, pas jeune...
- Complètement saoul !
- Pas tant que je peux tenir au bar avec deux doigts, c'est le signe...
- C'est un piano, ça, au lit, ouste, il fait jour !
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Le dernier "volet de questions", comme ils le présentèrent, porta sur la jeunesse- banlieue-immigration-délinquance-drogue, toutes choses dont ils soulignèrent combien il serait affreux de les assimiler, quelle horreur, nous, non, jamais, mais les gens, vous savez, les gens, ah, là là ! ils ont vite fait de...
Le président était bien d'accord, c'était un gros souci, et les vieilles dames, pardon, les personnes du troisième âge n'osaient plus prendre l'autobus la nuit après leurs parties de scrabble de peur de se faire violer ; les journalistes roulaient des yeux, muette position d'interrogation, et le président, air responsable, leur annonça la nouvelle : pour rendre les jeunes citoyens plus citoyens dans la citoyenneté générale, il allait panthéoniser Berger, ce Héros qui...
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- Il ne ressemble pas à un jésuite, glissa le conservateur à Nina.
- Il vous dirait qu'un jésuite ne ressemble jamais à un autre jésuite, répondit-elle, c'est à cela qu'on les reconnaît.
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Pour avoir l'oreille du président, il fallait au comité la bouche d'un conseiller, or une de ces bouches avait été fébrilement explorée une quinzaine d'années plus tôt par la langue du jeune énarque, non qu'il fût, comme c'était la grande mode, homosexuel : cette bouche était celle d'une femme.
Caroline B. avait fait Sciences po, mais pas l'Ena, ce qui lui avait permis de continuer à parler français avec naturel, tout en comprenant le dialecte technocratique que jargonnaient ceux qui en sortaient. Cet idiome venait du français, dont il conservait les adverbes en -ment (fondamentalement, essentiellement, principalement), jugés chics, les noms en -té (société, collectivité, faisabilité), abstractions n'engageant personne, et ceux en -isme (urbanisme, socialisme, collectivisme), permettant de faire des tas ; il les organisait autour des verbes du premier groupe (décider, changer), faciles à conjuguer, sous la forme de propositions relatives (qui, que, dont, mais pas les frères duquel, auquel, trop casse-gueule), accrochées les unes aux autres en tel nombre qu'à la fin d'une phrase, l'auditeur le plus attentif en avait complètement oublié le sujet. Cette façon de parler donnait l'impression d'une grande hauteur de vue conceptuelle et pouvait s'adapter à n'importe quel thème, puisque aucune réalité n'y figurait jamais que sous une forme dénoyautée, cuite et déjà emballée ; elle permettait aux hommes politiques d'enchaîner les discours en donnant l'impression qu'ils maîtrisaient la question, quelle qu'elle fût.
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Si nos andouilles de politicards avaient lu Mein Kampf au lieu d'aller faire des risettes au grand méchant loup...Et ton Front populaire : " Pas un sou, pas un homme pour la Défense nationale !", on a vu le résultat !
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Une panthéonisation, c'est le meilleur rapport qualité-prix de la République. On prend les enfants des écoles, la Garde républicaine, on fait éditer un timbre : tout ça en jette et ne coûte rien ; la publicité marche toute seule, les journaux font des articles, les radios relaient, et on fait payer les éclairages par la télé en se débrouillant pour que ce ne soit pas une chaîne publique ! Pensez si c'est tentant... Mais le choix n'est pas si évident ; la triplette Grégoire, Monge et Condorcet, par exemple, l'hiver 1989, a fait un vrai bide. Pour que ça marche, il faut que le client soit bon ; je ne dis pas ça pour votre papa, ne le prenez pas mal !
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- Tu dois déjà être aux anges avec Pétain...
- Ma petite, tu es sous mon toit, tu serais gentille de ne pas m'insulter !
- Mais...
- Il n'y a pas de mais...Montoire a été une humiliation impardonnable. Pétain est gâteux, un point c'est tout. D'ailleurs, je te signale que c'est une chambre de gauche qui lui a donné les pleins pouvoirs pour se déculotter.
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Quand on n'a plus de père, il faut avoir des Kleenex.
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Des quantités de gens allaient écouter la messe en latin; depuis qu'elle était en francais et qu'il y avait tout un bazard de micros, clac, plus personne. Enfin presque. Avaient ils compris soudain qu'ils ne comprenaient rien ? Ou que cela ne collait pas ?
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Interdit de vocalises, il (le conservateur du Panthéon) écoutait les paroles et trouvait cette religion horriblement compliquée : un seul Dieu, c'était facile, mais les trois personnes (le Père et le Fils, encore, passait, mais le Saint Esprit? "Quid"?), les deux natures du Christ, la vierge Marie, la sainte Eglise catholique, la communion des saints... Il se demanda comment cela avait pu "prendre", comment les gens avaient marché là-dedans, et si longtemps. D'autant qu'avant tout était en latin. Jeanne d'Arc "ma" copine, se dit-il en pensant aux filles, n'avait jamais pigé un mot de latin, et elle était allée à la messe tous les jours. Des quantités de gens allaient écouter la messe en latin; depuis qu'elle était en français et qu'il y avait tout un bazar de micros, clac, plus personne. Enfin presque. Avaient-ils soudain compris qu'ils ne comprenaient rien? Ou que cela ne "collait" pas?
[ j'ai mis des guillemets pour les mots en italique dans le texte]
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