Il est toujours un peu délicat, lorsqu'un éditeur vous a fait la faveur de vous envoyer un ouvrage pour recueillir votre avis, de dire que vous n'êtes pas entièrement conquis. C'est pourtant ce qui m'arrive. Et cela m'est d'autant plus difficile qu'il s'agit d'une jeune auteur et d'une jeune maison d'édition.
Pourtant, force est de reconnaître que je n'ai pas franchement accroché avec le style de
Fanny Saintenoy, qui manque, me semble-t-il, de personnalité. Je pense qu'elle gagnerait à être moins descriptive et plus percutante, à oser creuser la surface des choses, à ne pas hésiter à étoffer la psychologie de ses personnages.
Et j'en viens là au fond, à l'histoire elle-même. La scène inaugurale ne manque pas d'intérêt, et l'on se doute qu'il s'agit d'une histoire à la Roméo et Juliette : deux amoureux que leurs communautés respectives ne veulent pas voir s'unir et qui connaissent une fin tragique. Mais pourquoi alors passer tout le livre à ne pas parler de cette histoire ? On aimerait comprendre qui ils sont et par quoi, de part et d'autre, les réactions de rejet ont été suscitées, autrement que par les quelques mots succincts qui nous sont délivrés bien trop rapidement vers la fin du roman. C'est cela qui aurait donné de l'épaisseur au récit.
Au lieu de ça, une ellipse temporelle nous transporte des années après le mariage, alors que la petite fille qu'ils ont eue se soit elle-même mariée, et on ne nous explique jamais pourquoi celle-ci et son mari ne parviennent pas à se comprendre et à s'aimer. Tout cela est totalement déconnecté de la situation de départ.
Du coup, ce qui est donné comme étant la clef, la scène finale paraît un peu plaquée, même si elle est sans surprise. Dommage, car dans cette scène encore il y a de jolis instants : on y perçoit l'amour inconditionnel de deux êtres qui avaient voulu ignorer l'intolérance et la bêtise. Là encore, c'est leur combat contre les préjugés qui aurait pu avoir de l'intérêt. Plutôt que d'en rester à de jolis sentiments convenus.
Je ne prétendrais pas donner de conseils à l'auteur, mais, tout de même, je pense qu'elle ne doit surtout pas avoir peur de se colleter avec son sujet. Et c'est un peu l'impression que j'ai eue là...