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Citations sur Fungus : Le roi des Pyrénées (23)

Ce que Cassian ne comprenait pas, c'était que la haine est comme les rivières, plus elle est profonde, plus elle fait de bruit.
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Sur le chemin de la grotte, il pensa à elle. L’alcool lui brouillait l’esprit, mais il se rappelait parfaitement que Mailís viendrait le lendemain, à l’aube. Il avait bien fait de lui donner rendez-vous à l’ostal de Cassian et pas dans sa cauna, remplie d’immondices, de suie et de couvertures en peau de chèvre tachées de mille masturbations. Il devait faire attention : le lendemain, arriver avant elle, l’attendre et l’emmener immédiatement se promener dans la forêt ou ailleurs. Parce que la règle la plus ferme des contrebandiers les poussait à éviter tout contact avec des femmes. La présence d’une femme, une femna, comme ils disaient, provoquait des avalanches et des arrestations imprévues. Les muscats étaient ainsi, plus une croyance était irrationnelle, plus ils s’y attachaient. Oui, pour éviter des conflits et des malentendus, il allait devoir se lever tôt. Très tôt.
Il parcourut la dernière portion du chemin menant à la grotte. Des deux côtés, des pentes enneigées, avec des forêts de jeunes arbres. Il s’arrêta dans un tournant et regarda sur la droite. C’était une pente à quarante-cinq degrés saupoudrée d’arbres minces. Entre les petits arbres, plus haut, il y avait quatre de ces champignons grandioses, groupés. Et cela arriva.
L’amour.
Cette nuit, dans cette courbe enneigée, un sentiment nouveau naquit chez Ric-Ric. En regardant ces quatre champignons, en haut d’un versant, il sentit la joie dans sa poitrine. Une force enthousiaste, comme un aiglon qui lutte pour briser sa coquille. Une joie qui lui annonçait qu’avec Mailís, sa vie allait changer. Et il se dit que cela, cette euphorie si nette, si insolite, devait nécessairement être de l’amour, et que l’amour était une sorte de révolution intérieure.
Alors il se rappela qu’il l’avait invitée à prendre le petit-déjeuner et qu’il n’avait rien à manger. Amoureux, ivre, regardant ces champignons grands et fiers, il pensa : « Je vais en couper un bon morceau et je le mettrai sur le poêle, ce sera comme manger un gâteau. » Lui seul pouvait concevoir une telle sottise. Mais ce fut ainsi que tout commença.
Il grimpa, s’enfonçant dans la neige jusqu’aux genoux, s’accrochant aux branches des jeunes arbres, heureux qu’à l’euphorie du vincaud s’ajoute celle de l’amour. Tandis qu’il montait, le chapeau melon et le manteau noir contrastaient avec cette neige si blanche, argentée sous la lune. Les quatre champignons émergeaient avec un orgueil vertical. De la main, il chassa la neige du chapeau de l’un d’eux, un chapeau rond et grand comme une table de jeu. Ce chapeau avait la peau fine et froide, humide, la surface était légèrement bombée. Il voulait en couper un triangle, comme une portion de gâteau. Le couteau, tenu par un homme gorgé d’alcool et d’amour, pratiqua une incision.
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Camarades ! cria Ric-Ric. J’ai une nouvelle très grave à vous annoncer : la conspiration réactionnaire nous agresse ! Ils attaquent ce foyer socialiste et collectiviste que vous êtes en train de construire avec tant de joie. Vive Kropotkine ! Vive l’édition illustrée des mémoires du camarade Gorki ! Vive l’anarchie internationale et intervégétale !
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Les armées qui avancent marchent sur les fleurs et le fumier de la même façon.

p.140
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- C'est complètement absurde, le pouvoir politique ne se trouve dans aucune grotte, ni dans aucun lieu concret, dit-il.
- Ah non ? répliqua Mailís, eh bien je dirais que vous, en bon militaire, vous croyez qu'il se trouve dans un lieu très concret : dans le canon des fusils de l'armée.
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Où le véritable Pouvoir se trouvait-il?
Que le Pouvoir appartient aux indigents, aux affamés et aux assoiffés. aux exterminés. A ceux d'en bas. Aux très pauvres. Aux abandonnés et aux incompris. Aux proscrits, aux lépreux. Aux bizarres et aux exotiques. Aux multiples et aux malheureux. aux noirs, aux multicolores. Aux incompris et monstrueux....
Le Pouvoir est à l'intérieur de cette majorité incalculable
qui n'a pas confiance en la langue des sentiments. Ils ne le savent pas encore, mais un jour, ils sauront que le Pouvoir est à eux, que le monde est à eux. Il l'a toujours été et le sera toujours. Pour cette raison, ils ont le droit de créer un Monde nouveau. Et ils le feront le jour où ils rêveront leur destin. Ils n'ont besoin que de ça: apprendre à rêver et faire un rêve.
pages 341-342.
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La haine est bonne. Quand nous détestons quelqu'un, nous voulons croire que nous avons raison, que nous le détestons parce qu'il est mauvais. Par conséquent, si notre ennemi est mauvais, nous sommes bons. Oui, c'est pour cela que la haine est révolutionnaire et donc bonne..... Le mal n'existe pas, c'est le Pouvoir qui existe.
page 241.
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Ce qui énervait le plus Cassian n'était pas que Ric-Ric dégradât l'idée qu'il se faisait du Pouvoir, mais au contraire le terrible soupçon qu'il en était la parfaite représentation. Il voyait Ric-Ric chevaucher un monstre et se disait que dans le fond, tous les rois, gouvernants et dignitaires n'étaient peut-être que des écervelés comme lui, coiffés d'une couronne au lieu d'un chapeau melon, qui ne devaient leur Pouvoir qu'à l'imbécillité monstrueuse de leurs projets. Oh, oui, il avait toujours pensé que le pouvoir était la magnificence, et Ric-Ric prouvait que non, que l'essence du Pouvoir n'était que la sottise de ceux qui obéissent.

p.167
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Soudain, les êtres humains cessèrent de tirer. Un soupçon d'espoir s'empara d'eux. Ils se dirent que Le Petit allait peut-être arriver pour les sauver. Mais ils n'entendirent aucune lutte distante, même si quelques fungus passèrent la tête au-dessus des rochers et auscultent ce brouillard soudain. Rien. Un silence anormal. Le brouillard se dressait comme un écran de farine humide. Pourtant, leurs facultés leur permettaient de "percevoir" les hommes, à un point quelconque du brouillard. Ils percevaient les sentiments que projetaient cette foule en régiment. Des émotions turbulentes, sanguines et rudes. Et pour les diriger, les commander, une créature particulièrement déprédatrice : Auguste Féraud-d'Hubert. Oui, à cause du brouillard, Féraud ne leur était pas apparu, mais là, derrière un point du brouillard farineux, ils "percevaient" sa présence à l'intensité et la malignité des sentiments. Ils percevaient clairement une cruauté et un égoïsme qui rivalisaient entre eux, un manque absolu d'entente avec le monde, avec les autres créatures du monde. Et entre eux, ils émirent le jugement suivant : "Ainsi sont les humains, qui pour les commander et les diriger choisissent le plus cruel de tous."

p.347
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Mailis plaignit son père: le Pouvoir était une maladie. Et de quoi peut-on accuser un malade.
page 193.
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