Citations sur Indiana (189)
Mais lorsqu'un tison, venant à s'éteindre, cédait son éclat à un autre point embrasé de l'âtre, les objets, lumineux tout à l'heure, rentraient dans l'ombre, et d'autres aspérités brillantes se détachaient de l'obscurité. Ainsi l'on eût pu saisir tour à tour tous les détails du tableau, tantôt la console portée sur trois grands tritons dorés, tantôt le plafond peint qui représentait un ciel parsemé de nuages et d'étoiles, tantôt les lourdes tentures de damas cramoisi à longues crépines qui se moiraient de reflets satinés, et dont les larges plis semblaient s'agiter en se renvoyant la clarté inconstante.
Que la critique remplisse souvent mal et comprenne mal encore sa mission dans la société actuelle, ceci est évident pour tout le monde; mais que la mission en elle- même soit providentielle et sacrée, nul ne peut le nier, à moins d'être athée en fait de progrès, à moins d'être l'ennemi de la vérité, le blasphémateur de l'avenir, et l'indigne enfant de la France. Liberté de la pensée, liberté d'écrire et de parler, sainte conquête de l'esprit humain ! que sont les petites souffrances et les soucis éphémères engendrés par tes erreurs ou tes abus, au prix des bienfaits infinis que tu prépares au monde ?
l'injustice et de la barbarie des lois qui régissent encore l'existence de la femme dans le mariage, dans la famille et la société. Je n'avais point à faire un traité de jurisprudence, mais à guerroyer contre l'opinion; car c'est elle qui retarde ou prépare les améliorations sociales. La guerre sera longue et rude; mais je ne suis ni le premier, ni le seul, ni le dernier champion d'une si belle cause, et je la défendrai tant qu'il me restera un souffle de vie.
Je me suis borné à ce travail, cherchant à établir ma propre conviction bien plutôt qu'à ébranler celle des autres, et me disant que, si je me trompais, la société saurait bien faire entendre des voix puissantes pour renverser mes arguments, et réparer par de sages réponses le mal qu'auraient pu faire mes imprudentes questions. Des voix nombreuses se sont élevées, en effet, pour mettre le public en garde contre l'écrivain dangereux; mais, quant à de sages réponses, le public et l'auteur attendent encore.
Ensuite vous direz que l'on ne vous a pas montré la vertu récompensée d'une façon assez éclatante. Hélas ! on vous répondra que le triomphe de la vertu ne se voit plus qu'aux théâtres du boulevard. L'auteur vous dira qu'il ne s'est pas engagé à vous montrer la société vertueuse, mais nécessaire, et que l'honneur est devenu difficile comme l'héroïsme, dans ces jours de décadence morale. Pensez- vous que cette vérité dégoûte les grandes âmes de l'honneur ? Je pense tout le contraire.
Rendre une cause odieuse ou ridicule, c'est la persécuter et non pas la combattre. Peut- être que tout l'art du conteur consiste à intéresser à leur propre histoire les coupables qu'il veut ramener, les malheureux qu'il veut guérir.
Ici, l'auteur vous répondra qu'avant d'être moral, il a voulu être vrai; il vous répétera que, se sentant trop neuf pour faire un traité philosophique sur la manière de supporter la vie, il s'est borné à vous dire Indiana, une histoire du coeur humain avec ses faiblesses, ses violences, ses droits, ses torts, ses biens et ses maux.
Il sait trop que nous vivons dans un temps de ruine morale, où la raison humaine a besoin de rideaux pour atténuer le trop grand jour qui l'éblouit.
L'inquiétude ne résonne pas et l'amour est fécond de craintes puériles.
Le vice ne se mire pas dans sa propre laideur car il se ferait peur à lui même