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Citations sur Légendes rustiques (11)

C'est là le paradoxe de ces légendes, le souvenir des morts, la peur, l'angoisse nous protègent d'une menace bien plus terrible encore : l'oubli
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La croyance au moine bourru, qui s’en va, menaçant et plaintif, frapper aux portes des maisons durant la nuit, et qui ne se retire, aux approches du jour, qu’en poussant des hurlements horribles, était proverbiale autrefois.
Elle s’est maintenue longtemps dans presque toutes les provinces de France. On a beaucoup de légendes sur les moines débauchés, et même sur les curés qui ont manqué à leur vœu. Il est peu de presbytères qui ne fussent encore hantés par ces âmes en peine, il y a une vingtaine d’années, et peu d’églises de campagne où n’ait été surprise cette fameuse messe expiatoire que le prêtre défunt vient essayer de dire à l’aube du jour et qu’il ne peut jamais achever, s’il ne trouve un vivant de bonne volonté qui ait le courage de lui répondre amen.
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Autour des mares stagnantes et des sources limpides, dans les bruyères comme au bord des fontaines ombragées dans les chemins creux, sous les vieux saules comme dans la plaine brûlée du soleil, on entend, durant la nuit, le battoir précipité et le clapotement furieux des lavandières fantastiques. Dans certaines provinces, on croit qu’elles évoquent la pluie et attirent l’orage en faisant voler jusqu’aux nues, avec leur battoir agile, l’eau des sources et des marécages. Il y a ici confusion. L’évocation des tempêtes est le monopole des sorciers connus sous le nom de meneux de nuées. Les véritables lavandières sont les âmes des mères infanticides. Elles battent et tordent incessamment quelque objet qui ressemble à du linge mouillé, mais qui, vu de près, n’est qu’un cadavre d’enfant. Chacune a le sien ou les siens, si elle a été plusieurs fois criminelle. Il faut se bien garder de les observer ou de les déranger car, eussiez-vous six pieds de haut et des muscles en proportion, elles vous saisiraient, vous battraient dans l’eau et vous tordraient ni plus ni moins qu’une paire de bas.
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Esprits chagrins, rêveurs et stupides, ils [les lubins] passent leur vie à causer dans une langue inconnue, le long des murs des cimetières. En certains endroits on les accuse de s’introduire dans le champ du repos et d’y ronger les ossements. Dans ce dernier cas, ils appartiennent à la race des lycanthropes et des garous, et doivent être appelés lupins. […]
Je ne sais si c’est aux lupins que le petit tailleur bossu de Saint-Bault eut affaire. On le croirait, d’après les circonstances de son histoire. La voici telle que j’ai pu la recueillir.
Un soir que notre bossu passait le long du cimetière, il y vit une bande d’esprits en forme de laides bêtes qui ressemblaient à des chiens noirs ou à des loups et que, pour faciliter notre récit, nous appellerons lupins bien qu’ils ne nous aient été désignés sous aucun nom particulier. Soit que ces esprits-bêtes fussent d’une race plus hardie que les lubins et lupins ordinaires, soit que le tailleur fût si laid, si laid, qu’il ne leur fit pas l’effet d’un chrétien, ils ne bougèrent tout le temps qu’il passa devant eux. Ils se contentèrent de le regarder avec leurs yeux qui brillaient comme du sang de feu, et à ouvrir leurs vilaines gueules qui avaient si mauvaise haleine que le tailleur en fut empesté.
Pourtant, comme il avait grand’peur, ne les ayant aperçus que lorsqu’il était au milieu de la file, et qu’il avait autant de chemin à faire pour reculer que pour avancer, il n’osa point risquer de les offenser en se bouchant le nez ; il passa en faisant le gros dos, encore plus qu’il n’en avait l’habitude.
Ce dos courbé plut aux lupins, qui s’imaginèrent que c’était une manière de les saluer, et comme ils n’ont pas l’habitude de voir des gens si honnêtes avec eux, ils en furent fiers et se mirent à tirer tous la langue et à remuer la queue comme des chiens, ce qui est apparemment aussi pour eux un signe de contentement et de fierté.
Le tailleur essaya de raconter son aventure ; mais tous ses voisins se moquèrent de lui, disant qu’il pouvait bien rencontrer le diable en personne et le faire fuir, vu qu’il était encore le plus vilain des deux. 

(Lubins et lupins)
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ce sont des hommes savants et mystérieux, de vieux bûcherons ou de malins gardes-chasse, qui possèdent le secret pour charmer, soumettre, apprivoiser et conduire les loups.
Je connais plusieurs personnes qui ont rencontré, aux premières clartés de la lune, au carroir [carrefour] de la Croix-Blanche, le père Soupison, surnommé Démonnet, s’en allant tout seul, à grands pas, et suivi de plus de trente loups.
Une nuit, dans la forêt de Châteauroux, deux hommes, qui me l’ont raconté, virent passer sous bois, une grande bande de loups. Ils en furent très effrayés et montèrent sur un arbre, d’où ils virent ces animaux s’arrêter à la porte de la hutte d’un bûcheron. Ils l’entourèrent en poussant des hurlements effroyables. Le bûcheron sortit, leur parla dans une langue inconnue, se promena au milieu d’eux, après quoi ils se dispersèrent sans lui faire aucun mal.

(le Meneu’ de loups)
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Chapitre 12

Lubins ou lupins

Les Grecs et les Romains avaient l'imagination riante ; ils peuplaient de charmantes divinités les arbres, les eaux et les prairies. Le moyen-âge a assombri toutes ces bégnines apparitions. Le catholicisme, ne pouvant extirper la croyance, s'est hâté de les enlaidir et d'en faire des démons et des bêtes, pour détourner les hommes du culte des représentants de la matière.
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Chapitre 5

Les trois hommes de pierre

En Berry, où aucune tradition historique n'est restée dans la mémoire des paysans, sinon à l'état de mythe, on est très surpris de retrouver une sorte d'histoire locale très précise de Gargantua tout à fait en dehors du poème de Rabelais, bien que dans la même couleur. A Montlevic, une petite éminence isolée dans la plaine a été formée par le pied de Gargantua. Fourvoyé dans nos terres argileuses, le géant secoua son sabot en ce lieu, et y laissa une colline...
... Mais je croirais que Gargantua est l'oeuvre du peuple et que, comme tous les créateurs, Rabelais a pris son bien où il l'a trouvé.
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Le Berry, couvert d'antiques débris des âges mystérieux, de tombelles, de dolmens, de menhirs, et de mardelles, semble avoir conservé dans ses légendes, des souvenirs antérieurs au culte des druides : peut-être celui des Dieux Kabyres que nos antiquaires placent avant l'apparition des Kimris sur notre sol. Les sacrifices de victimes humaines semblent planer, comme une horrible réminiscence, dans certaines versions . Les cadavres ambulants, les fantômes mutilés, les hommes sans tête, les bras ou les jambes sans corps, peuplent nos landes et nos vieux chemins abandonnés.
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Il est bon de sauver de l'oubli qui marche vite, quelques versions de ce grand poème du "merveilleux", dont l'humanité s'est nourrie si longtemps et dont les gens de la campagne sont aujourd'hui, à leur insu les derniers bardes.
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- Que faites-vous là, enfants, à vous bouder, au lieu de mettre à profit la nuit et la solitude ? Vous attendez sottement la fin de la semaine pour vous aimer librement ? Ne savez-vous pas que le mariage, c'est la peine, la misère, le souci des enfants et les jours sans pain? Allons, allons innocents que vous êtes ! Dès le lendemain du mariage, vous pleurerez, si vous ne vous battez point ! Vous voyez bien que déjà, en voulant parler d'avenir et d'économie, vous n'avez pu vous entendre ! La vie est sotte et misérable, ne vous y trompez pas ; il n'y a de bon que l'oubli du devoir et le plaisir sans contrainte. Aimez-vous à présent, car, si vous ne profitez pas de l'heure qui se présente, vous ne la retrouverez plus et vous connaîtrez de votre union que les coups et les injures, des fleurs de la jeunesse que les piquerons et la folle graine.
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