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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bien évidemment, le féru de philosophie creusée, argumentée et développée n'y trouvera pas son compte. L'auteur est américain et cela se sent immédiatement, mais plus pour le meilleur que pour le pire, dirais je. La force de Sandel, et son succès inimaginable, tient dans son talent d' installer Kant, Rawls ou Aristote à coté de nous, loin de tout jargon mais sans trahison. C'est un art appréciable. Certains, parmi les puristes, ne le supporteront pas, la philo est souvent chassée gardée, d'un élitisme réservé aux érudits. C'est tout l'inverse ici et franchement, j'ai apprécié cette honnêteté. le monde des idées appartient à tous et avoir le courage de confronter les siennes appelle plutôt au respect, quitte à pour cela admettre un discours accessible.

Sur le fond, le sujet intéresse tout un chacun(e). Qu'est ce qui est juste ? Comment arrive-t-on à considérer tel acte, telle décision comme juste ? L'auteur embarque dans une longue critique, plus des trois quarts du livre, des paradigmes classiques à l'oeuvre.

L'utilitarisme d'abord, défendu par Bentham et Stuart Mill, pour qui la justice procède d'un calcul visant à "maximiser le bien être collectif". Pour l'utilitariste, c'est le bonus de l'addition qui compte, quel qu'en soit le prix individuel. Une version très sacrificielle de la justice dont le prototype est le militaire, jeune et plein d'avenir, envoyé à la mort pour la nation. Autant dire que Sandel n'éprouve que peu de difficulté à moucheter cette théorie.

Le libertarisme ensuite, la liberté à tout prix, qu'elle soit issue de Kant qui avance sa célèbre conception de la liberté comme une loi que l'on se donne et qu'on respecte, donc dont on consent, ou de Rawls qui "voile d'ignorance" un groupe d'humains pour interroger l'individu sur ce qu'il considérerait comme juste en ne connaissant pas sa place à l'avance dans la société qu'il projette, position qui fait tout aussi appel à son consentement. Et là non plus, il n'est pas compliqué pour Sandel de mettre à mal nombre d'injustices émergeant de ce modèle.

Reste sa position, et là c'est plus problématique. D'abord, parce qu'elle ne concerne que la fin de l'ouvrage et s'en trouve donc peu développée. Ensuite par ce que cet aficionados d'Aristote polit longuement l'idée du maitre mais peine à la mettre en pratique. Cette idée vise à avancer une justice basé sur la "vie bonne". La justice aujourd'hui comment l'erreur d'être neutre, en quelque sorte. Tout à l'opposé, Sandel prône une justice qui défendrait une conception assumée de ce qu'est une "vie bonne". Mais précisément, qu'est ce qu'une "vie bonne" ? Chaque religion, chaque philosophie à son idée, évidemment incompatible avec celle du voisin. On se rend compte du danger de cette option. A cela, l'auteur ne sait finalement que répondre et c'est sans doute la faiblesse de l'ouvrage. Il est certes tentant de cheminer vers une justice meilleure mais sommes nous disposer à payer le prix de la liberté de choix de nos valeurs ? That is the question !

Chaque chapitre met en lien les théories présentées avec des exemples très concrets de la vie, politique notamment. C'est extrêmement plaisant, souvent surprenant et très clarifiant. On en redemanderait à chaque page. Un ouvrage de philo pour tous donc, un livre qui ouvre les esprits, tous les esprits. Grandement apprécié...
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