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EAN : 9782226445599
384 pages
Albin Michel (17/03/2021)
3.97/5   16 notes
Résumé :
Nous vivons une époque dangereuse pour la démocratie, une époque qui creuse les écarts entre gagnants et perdants. En cause, l'idéal de la méritocratie qui, généralement associé au fonctionnement régulier des institutions démocratiques, à l'autonomie et à la liberté des citoyens, et à une certaine forme de justice sociale, apparaît fondamentalement vicié et in fine inégalitaire, conduisant les sociétés occidentales à une véritable « tyrannie du mérite ». La conséque... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre est réjouissant à tous points de vue.
Soyons brefs et efficaces : il est États-unien mais peut très bien être transposé dans notre petite société française (et d'autres dont je connais moins le système éducatif). Il suffit de remplacer l'Ivy League (Harvard, Yale, Columbia, etc ....) par X, Mines, Centrale, Sans Pot, etc, etc ...
La base communément admise (apprise plutôt car pas réellement pensée) est que la seule chose qui compte est « l'égalité des chances » sur la ligne de départ de la vie.
Hormis le fait qu'elle n'est jamais réalisée, quand bien même nous eûmes il y a quelques dizaines d'année un système éducatif relativement performant produisant des « ascenseurs sociaux » permettant de pourvoir aux postes qualifiés qui l'exigeaient, elle n'est jamais interrogée sur son fondement philosophique et moral.
En quoi une course à l'apprentissage de leçons de grammaire bien apprises, de résolution d'équation différentielle ou de maîtrise d'une ou plusieurs langues étrangères marquerait une supériorité intrinsèque de celui qui a la chance au départ d'y être mieux prédisposé ?
L'auteur remet en question le mantra du fameux « si on veut on peut » qui entraîne par effet d'équivalence logique : si tu n'y es pas arrivé, c'est que tu ne mérites rien. Que les miettes d'un salaire universel que l'on se prépare à te servir avec la bénédiction des médias que possèdent les « mieux armés » pour que tu n'imagines pas un autre genre de système...
Pour discuter assez souvent avec des professeurs, je crois que ce livre leur est indispensable car ils sont bercés par l'illusion (louable souvent) qu'ils participent par leur engagement à cette égalité de façade, cette « méritocratie » qui justifie aujourd'hui que deux mondes se côtoient sans se rencontrer. Celui qui va bientôt pouvoir se payer un voyage dans l'espace, qui passe son confinement dans une île paradisiaque, et celui à qui on enseigne à l'école de ne pas prendre la voiture pour se déplacer, c'est polluant et on peut apprendre à distance via une plateforme payante dont les actionnaires sont les premiers cités. Mais qui le méritent vu les belles années d'étude qu'ils ont fait avant d'en arriver là.
C'est ce « là » qu'interroge M. Sandel. Il montre que les enseignants, même animés de la meilleure foi du monde, ne font partie que d'une vaste machine à trier et qu'ils devraient plutôt contribuer à une réflexion sur les parts respectives du mérite et du bien commun dans une société plus juste.
Dans sa conclusion, l'auteur cite l'exemple qui m'a rappelé le récent film de Regina King : « One night in Miami »
Henry Aaron avait treize ans lorsque Jackie Robinson, un joueur noir comme lui, lui laisse espérer un avenir dans les meilleures équipes de baseball. Sans balles, sans batte, il s'entraîne avec ce qu'il a, frappant avec un bâton les capsules de bouteille que son frère lui lançait. Plus tard, il battit le record de « home run » du blanc George Herman Ruth Jr.
Il est difficile de ne pas y voir une victoire du talent sur les préjugés, le racisme et l'inégalité des chances et d'en tirer la conclusion qu'une société juste est une société méritocratique, où tous les individus ont des chances égales de se hisser aussi haut que leurs talents et leur travail le permettent.
Franchir ce pas serait pour M. Sandel une erreur.
« La morale de l'histoire de Henry Aaron n'est pas que nous devrions aimer la méritocratie, mais que nous devrions mépriser un système d'injustice raciale auquel on ne peut échapper qu'en battant le record des circuits. L'égalité des opportunités est le nécessaire correctif moral à l'injustice. Mais ce n'est qu'un principe rectificatif, et non pas un idéal adéquat pour une société bonne. »
Amis enseignants, bonne lecture et faites circuler...
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MON MEILLEUR ESSAI CETTE ANNEE ! mais l'année n'est pas terminée :)
Michael J. Sandel rappelle qu'il est plus que jamais nécessaire de revoir notre position vis-à-vis du succès et de l'échec, en prenant davantage en compte la part de chance qui intervient dans toutes les affaires humaines et en prônant une éthique de l'humilité plus favorable au bien commun.Après l'immense succès de Justice, Michael J. Sandel, professeur renommé de philosophie politique à l'Université de Harvard, examine avec force les maux et les nouveaux défis auxquels se trouvent confrontées nos sociétés actuelles.
GENIAL !
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critiques presse (1)
LaViedesIdees
15 octobre 2021
Le mérite est un concept douteux : nos talents sont le plus souvent immérités et très largement dépendants des contextes sociaux et familiaux. Mais c’est aussi un concept dangereux : les perdants du système ont une mauvaise image d’eux-mêmes.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ceux qui ont profité de l’abondance économique des marchés globaux, des chaînes de distribution et des flux de capitaux ont, dans le même temps, renoncé à compter sur leurs concitoyens producteurs et consommateurs. Leurs perspectives économiques et leurs identités se sont détachées de leurs communautés locales ou nationales. En s’éloignant des perdants, les gagnants de la globalisation ont inventé leur propre mode de distanciation sociale.
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IL est généralement souhaitable que des gens bien formés gèrent les affaires publiques, à condition qu'ils aient une bonne faculté de jugement et que leur sensibilité leur permette de comprendre la vie des gens ordinaires - ces facultés qu'Aristote appelait la sagesse pratique et la vertu civique. Mais l'histoire montre qu'il n'y a pas vraiment de lien entre les qualifications universitaires prestigieuses et la sagesse pratique ou la sensibilité du bien commun. L'ouvrage de David Halberstam The Best and the Brightest (les meilleurs et les plus brillants), un classque, comporte l'une des meilleures descriptions d'une diplômanie qui a mal tourné : l'équipe de technocrates brillants aux références étincelantes réunie par John F. Kennedy a entraîné les Etats-Unis dans la folie de la guerre du Vietnam.
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Pendant des décennies, les élites méritocratiques ont entonné leur mantra : ceux qui travaillent dur et respectent les règles méritent la place que leur réserve leur talent. Elles n'ont pas réalisé que les individus placé au bas de la hiérarchie sociale ou qui luttaient pour surnager voyaient dans la rhétorique de l'ascension plus une provocation qu'une promesse.
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Avant de pouvoir reconquérir leurs électorats, les partis européens doivent repenser leur mission et leurs objectifs. Pour y parvenir, ils devraient comprendre les protestations populistes qui les ont écartés du pouvoir, non pas en endossant la xénophobie et la ferveur nationaliste de l'électorat, mais en prenant au sérieux ses plaintes, légitimes bien que mêlées à de mauvais sentiments.
Ils devront commencer par reconnaître que ces grifs ne sont pas seulement économiques, mais aussi moraux et culturels, qu'ils ne portent pas seulement sur les salaires et les emplois, mais aussi sur l'estime sociale.
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Il a aussi un côté idéaliste, très présent dans ce que l'on pourrait appeler la rhétorique de l'ascension : la promesse que ceux qui travaillent dur et respectent les règles du jeu méritent d'aller aussi loin que leurs talents et leurs rêves les portent.
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Videos de Michael J. Sandel (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michael J. Sandel
Rencontre avec Michael Sandel, philosophe. Modération : Guillaume Erner
#EtMaintenant #FranceCulture #Arte
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