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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans son livre précédent, "Retour à Lemberg", l'auteur partait sur les traces de son grand-père Léon, victime des nazis. Ici c'est à l'un d'entre eux qu'il s'intéresse : Otto von Wächter qui fut l'un des responsables de la « solution finale », principalement à Lemberg (aujourd'hui Lviv). Pour ce faire Sands s'appuie en partie sur les souvenirs de Horst, le fils d'Otto.
Otto von Wächter, autrichien de naissance, nazi dès sa jeunesse, devient SS, grimpe dans la hiérarchie nazie, participe à l'Anschluss, avant d'être affecté en Pologne et en Ukraine pour exercer sa sale besogne. A la fin de la guerre il fera tout pour échapper au procès et tentera de fuir à l'étranger via la « filière » installée en Italie avec l'appui de l'Église catholique. Sa mort, mystérieuse, surviendra avant qu'il ait pu s'expatrier.
Le sujet du livre ne se limite pas là : il est aussi dans l'attitude de déni de son fils Horst, acharné à déresponsabiliser son père. de ce point de vue c'est une étude sur la psychologie de « ces gens-là ».
Comme le livre précédent, l'auteur s'appuie sur des sources multiples et une immense bibliographie qui nous sont livrées en notes. C'est un superbe travail d'enquête dont l'intérêt historique est évident. On ne retrouve cependant pas la sensibilité de "Retour à Lemberg".
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Durant ses recherches pour Retour à Lemberg, son précédent livre, Philippe Sands avait rencontré Niklas Frank, le fils de Hans Frank, l'ancien gouverneur général de la Pologne occupée durant l'annexion nazie. Niklas Frank a indiqué à l'auteur l'existence d'un autre fils de dirigeant nazi, qui serait prêt à parler de ses parents : Horst Wächter, fils de Otto Wächter, ancien gouverneur de Cracovie, puis de la Galicie. Si Niklas Frank condamnait totalement les actes de son géniteur, l'attitude de Horst Wächter était plus ambiguë : il ne niait pas les crimes de guerre, mais estimait que son père était un homme bon, un administrateur respecté des territoires qu'il avait en charge. D'un côté l'administration civile, de l'autre les SS, en quelque sorte.
Sands et Horst Wächter se sont rencontrés à de multiples reprises et Horst a accepté de le laisser consulter les archives familiales, rien d'important n'y étant caché selon lui.
Ce livre est le fruit de ces longues recherches et propose trois thèmes distincts.

Le premier est bien évidemment une biographie de cet Otto Wächter. Ce fils de militaire autrichien a dès ses études universitaires en droit durant les années 20 basculé dans le camp nationaliste et antisémite. Avec quelques amis du Deutsche Klub viennois, dont Arthur Seyss-Inquart ou Ernst Kaltenbrunner, ils adhèrent au NSDAP, puis complotent contre le chancelier autrichien Dollfuss. le 25 juillet 1934, leur tentative de putsch, dont Wächter était l'un des trois chefs principaux, échoue, même si Dollfuss est assassiné. En fuite, Otto Wächter quitte femme et enfants, passe en Allemagne et bien évidemment trouve du travail au sein des services d'Himmler. Cette proximité avec le pouvoir nazi va l'amener à être un des dirigeants de la nouvelle région du Reich qu'est l'Autriche après l'Anschluss. Il licencie ses anciens professeurs de droit (juifs), interdit d'exercer plus des deux tiers des avocats du pays…
La seconde guerre mondiale va être l'opportunité de monter dans la hiérarchie nazie : d'abord comme adjoint de Frank, puis comme gouverneur de Cracovie, avant de devenir gouverneur de Lemberg (Lviv aujourd'hui) en Galicie. Dans ces postes il va montrer son efficacité : représailles contre la population civile lors d'attentats, création du ghetto de Cracovie, élimination des juifs de Galicie…
Avec l'avancée des troupes soviétiques sur le front de l'Est, il va d'abord être responsable de la liaison entre l'armée allemande et le gouvernement de Mussolini à Salo, avant de diriger l'action de troupes étrangères ralliées aux nazis, dont une division SS d'ukrainiens de Galicie.
Avec la fin de la guerre, il n'est plus qu'un criminel de guerre, qui se cache dans les montagnes autrichiennes, ravitaillé à l'occasion par sa femme. Après des années de cache-cache avec les forces d'occupation en Autriche, il va partir pour Rome pour tenter comme beaucoup d'autres de rallier l'Amérique du Sud. Il mourra à Rome en 1949 avant d'avoir pu quitter le pays.

Toute cette partie historique, en grande partie reconstituée grâce aux nombreuses lettres échangées entre Otto Wächter et sa femme Charlotte, est détaillée et montre bien comment l'ambition d'un homme, alliée à un racisme profondément ancré, l'a conduit a être un des rouages importants du nazisme.
Le deuxième thème abordé est donc celui des réactions de Horst Wächter face aux révélations successives sur l'action de son père. Horst, qui n'était qu'un gamin au moment la guerre et n'a quasiment pas connu son père, s'est forgé une image de celui-ci au travers de ce que sa mère Charlotte lui a raconté. Une version idéalisée où Otto Wächter n'était qu'un administrateur, apprécié de ses administrés (ukrainiens notamment). Charlotte a elle-même profité de l'ascension de son mari : des propriétés de luxe leur ont été attribuées après confiscation à leurs propriétaires, elle était entourée de nounous, majordomes et chauffeurs, et a puisé le décor de leur résidence à Cracovie dans le musée local…
Charlotte, amoureuse de son mari jusqu'aux derniers instants a tout fait pour lui, même si lui l'a abondamment trompée. Elle était autant que lui convaincue du projet nazi. Et l'est certainement restée jusqu'à son décès des décennies plus tard.
Sands reconnaît que Horst Wächter a fait montre de transparence, mais on sent que plus la vérité historique se fait jour, plus Horst l'habille et créée d'autres motifs aux actes de son père. Il lui est difficile de mettre en cause sa famille.

Le troisième thème abordé est celui qui donne son nom au titre : les réseaux d'évasions des nazis après guerre. Rome en 1949 est un vrai nid d'espions. L'opposition Est-Ouest commence. La CIA paye des indicateurs dans tous les milieux. le rôle d'une partie de l'église catholique est ambigu, surtout s'agissant de l'évêque Hudal, un autrichien proche des nazis, qui a contribué au passage en Argentine de nombreux criminels de guerre, avant de devoir abandonner son poste quand ses liens avec… Otto Wächter sont apparus lors du décès de celui-ci.
Cette partie du livre est labyrinthique, complexe, et parfois déroutante. Il en ressort que les Américains ont très vite su que Wächter, qui figurait parmi les criminels de guerre réclamés par la Pologne nouvellement communiste, était présent à Rome, mais n'ont rien fait pour empêcher son projet d'exil sud-américain.
Sands durant son enquête va aussi découvrir des secrets de famille, qu'il va s'empresser de révéler (de son propre chef) à des personnes qui des décennies après les faits en ignoraient tout.

La filière est un récit historique parfaitement documenté (au plus prés des intervenants), impressionnant en ce qu'il montre de la vanité humaine et de l'absence d'humanité de certains. Mais l'ouvrage perd un peu de sa force dans une trop longue partie finale qui ressasse un peu toujours les mêmes arguments.
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Le parcours d'Otto von Wächter, autrichien et membre de l'élite hitlérienne, gouverneur de Cracovie en Pologne, puis de Galicie (Ukraine). Après la guerre, il est accusé de meurtres de masse et d'avoir été méticuleusement très actif dans l'application de la " solution finale ". En 1949, fugitif, il meurt à 48 ans en Italie. Il est persuadé de son innocence. Sa femme et son fils le sont également.

Mais comment a-t-il pu échapper à la justice ? Qui l'a aidé dans sa fuite ? Sa mort est-elle naturelle ?

L'auteur a orchestré un remarquable travail de recherche afin de nous apporter des réponses à ces questions. Il a obtenu de son fils un accès privilégié aux archives de cette famille. Les nombreuses correspondances entre von Wächter et sa femme vont permettre d'amorcer une enquête tentaculaire. Un fils en quête désespérée de l'humanité de son père et un auteur qui veut la vérité.
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J'avais vu passer ce livre plusieurs fois sur Babelio avec de très bonnes critiques. le sujet est pour le moins délicat, particulier, cela me change de mes policiers/thrillers habituels. J'ai été tenté de le lire, curieux de comprendre comment on pouvait embrasser une telle cause, obéir aux ordres de façon aveugle.

Le travail de Philippe Sands est remarquable, extraordinairement riche en documents d'archives, en photos. Il a « mouillé la chemise » comme on dit pour nous restituer au plus juste la ‘vérité'. Quel travail d'investigation !

Otto Wätcher a gravi les échelons de la hiérarchie militaire un par un mais assez rapidement. Obéissant aveuglément aux ordres ; était-il convaincu du bien-fondé de ceux-ci ? On le dirait bien. Il ne s'agissait pas seulement de monter en grade. Il était assez proche des grands décideurs nazis. Cet ancien avocat était pourtant un bon mari, un bon père de famille nombreuse.
Cela ne l'a pas empêcher d'agir de façon monstrueuse.

Ce général SS est responsable du massacre de plusieurs dizaines de milliers de juifs.

Ce que j'en retiens et qui me choque le plus c'est qu'il n'assume pas ses actes, pour lui il ne faisait qu'obéir. Sa femme charlotte minimise le rôle de son mari également. de plus elle trouve normal de « récupérer » la maison et les biens de personnes chassées mais est choquée quand il s'agit de les rendre. « Non elle n'a rien fait de mal, elle ne comprend pas ce qu'on leur reproche »

Idem pour le fis d'Otto, Horst, qui a confié beaucoup d'archives familiales à Ph Sands comme le journal de sa mère par exemple. Il défend sans relâche ce père dont il ne se souvient quasiment pas, l'idéalisant, lui trouvant sans cesse des excuses ou minimisant son rôle malgré des preuves accablantes.

Si Otto Wätcher ne se rend pas responsable de ses actes il entreprend pourtant une cavale pour échapper au procès de Nuremberg. Elle prendra fin à Rome en 1949 .
Après avoir déjeuner chez un ami il tombe rapidement malade. A-t-il été empoisonné ? Par qui ?

Philippe Sands entreprendra de répondre à cette question en analysant les archives, en interrogeant la famille. Il ne ménagera pas ses efforts. Homme de terrain il n'hésitera pas à aller à Vienne chez Horst Wâtcher, le fils d'Otto.

Si vous souhaitez juger par vous-même du degré d'implication d' Otto Wätcher, n'hésitez pas à lire cette brillante analyse de Philippe Sands, juriste-professeur-écrivain émérite.
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La Filière de Philippe Sands est l'histoire de la famille Wächter.

Un roman historique, une saga familiale que je n'ai pas lu mais que je viens de découvrir en adaptation radiophonique sur France Culture...

Les nazis étaient des hommes et des femmes presque comme les autres... Ils tombaient amoureux, se mariaient, avaient des enfants.

Philippe Sands nous raconte une histoire d'amour et d'espionnage, de secrets, de cavales et de doubles vies. On dirait un thriller, une enquête captivante...

Une femme prête à tout, profondément et inconditionnellement amoureuse de son mari...
Une filière pour organiser la fuite des criminels de guerre nazis qui passe par le Vatican et un monastère catholique...

Une carrière "exemplaire" : Otto von Wächter a rapidement intégré l'élite hitlérienne, occupant les postes de gouverneur de Cracovie en Pologne, puis du district de Galicie, dans l'ouest de l'Ukraine actuelle, deux territoires qui furent le théâtre de l'extermination des Juifs.
Une mort suspecte : a-t-il été empoisonné ? A-t-on voulu le réduire au silence ?

Un déni, une mémoire farouchement défendue par sa famille malgré les preuves irréfutables.
Un fardeau lourd à porter pour les générations suivantes.

Lien vers la baladodiffusion sur France Culture :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-filiere?p=2

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Rome, 1949, à l'hôpital San Spirito, décède Otto Wächter, un nazi de haut rang, accusé de meurtres  de masse, adjoint de Hans Frank, Gouverneur général de la Pologne, Gouverneur de Galicie, responsable de la déportation des Juifs de Lemberg. Comment un nazi de si haut rang a-t-il échappé au procès de Nuremberg, aux poursuites des Polonais?

Philippe Sands va mener une enquête minutieuse à la suite de celle du Retour à Lemberg. Au cours de ses recherches précédentes, il a rencontré le fils de Otto Wächter, Horst Wächter qui a conservé les archives familiales, le journal intime de sa mère, Charlotte, des photos de familles ainsi que des enregistrements vocaux que sa mère a fait.

Philippe Sands, va étudier ce corpus de documents,  vérifier les pistes, imaginer que certaines lettres sont codées, chercher les témoins ou  les enfants des témoins et va nous livrer pas à pas les résultats de ses recherches. une cinquantaine de pages de notes complète le récit. Il va se voyager en Autriche, en Italie et même aux USA.

La première partie du livre est "une histoire d'amour nazie" relatée en détail dans le journal de Charlotte, femme exemplaire, mère de six enfants, skieuse, randonneuse, femme de goût (elle a fait des études d'art), femme du monde qui sait recevoir et sortir à l'Opéra...Otto est beau, élégant, bon skieur, nageur, marcheur. C'est un nazi très bien noté qui a mené sa carrière avec brio même dans les circonstances les plus dures comme l'exécution d'otages polonais ou la liquidation des Juifs de Galicie. Seul bémol, c'est un séducteur mais Charlotte s'en est accommodée. Cette relation par le menu de la vie de couple et de famille de ces deux nazis exemplaires m'a mise mal à l'aise. Quel besoin ai-je de lire cela? Elle est cependant utile pour l'enquête. Il faut établir les faits, les responsabilités dans les meurtres de masse.

Un autre aspect du livre est la question : comment vivre avec le lourd passé d'un père nazi?  Niklas Frank  a condamné son père ; Horst  Wächter n'a pas la même attitude : il minimise le rôle de son père dans le génocide en  niant la responsabilité directe. Son père n'a tué personne, selon lui, il a aidé des gens. Il espère que la relation de Sands permettra d'exonérer son père des horreurs qui lui sont imputées. Sands confronte les deux fils dans des entretiens publics à Londres. Un film What our Father Dud? A Nazi Legacy est passé au festival de Tribeca.

1945, "notre magnifique Reich est détruit" écrivit Charlotte qui se trouve en Autriche et doit se cacher. Quand elle doit loger des Américains dans les montagnes près du lac de Zell,  elle affirme "Bien sûr j'ai été une nazie heureuse" à leur plus grand étonnement. Pour Otto, accusé de meurtre de masse,  c'est la fuite. Otto se cache dans les montagnes proche du lac de Zell, puis passe en Italie. Ses vacances à la montagne, randonnées et ski vont lui permettre de survivre dans des conditions extrêmes.

1948, Otto passe en Italie, à Bolzano. Il a vécu à Trieste dans son enfance (alors autrichienne). En 1944, il a représenté les nazis auprès de la République de Salo. Il a déjà une bonne expérience de la clandestinité après le putsch de 1934 contre Dolfuss, il a échappé aux poursuites en se cachant sous une autre identité en Allemagne. Et surtout,  une Filière ayant pour but de soustraire les anciens nazis aux poursuites judiciaires passe par Rome et le Vatican. Suivant cette Filière ils sont exfiltrés en Amérique du Sud, accueillis par Péron, entre autres, ou en Syrie. C'est l'enquête sur cette Filière qui donne le titre au livre. 

La lecture est haletante avec de nombreux rebondissements : un véritable thriller d'espionnage comme les écrivait John le Carré. D'ailleurs, le Carré n'est pas très loin, non seulement c'est un ami et un voisin de Sands, mais il était lui-même espion à cette période. Il apparait brièvement dans le livre. Il est question de la responsabilité du Vatican, de Pie XII, et d'ecclésiastiques de haut rang qui ont gardé une influence pronazie après la chute de Hitler. Il est aussi question du rôle trouble des services secrets américains qui ont recruté d'anciens nazis pendant la Guerre Froide. Agents doubles aussi travaillant pour les Soviétiques. 

Sands essaie de démêler la question très trouble du décès de Wächter : a-t-il été empoisonné? Et si oui, par qui? les Américains, les Russes ou les chasseurs de nazis juifs? L'enquête devient rocambolesque et pourtant toujours aussi étayée par des preuves irréfutables. La fin du livre devient addictive, je ne le lâche plus avant de lire le mot de la fin  (bien sûr je ne vous révèlerai rien).  

J'ai cependant préféré Retour à Lemberg à cause des notions de Droit International introduites au Procès de Nuremberg où j'ai appris beaucoup de choses. 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Après une investigation minutieuse de 8 ans, Ph.Sands a écrit un livre riche en détails, en témoignages avec des photos portraits d'époque.
Le livre reprend l'ascension d'Otto van Wächter avocat autrichien adhérent "DeutschClub" (pro-allemand). L'arrivée d'Hitler au pouvoir va le pousser sur le devant de la scène. Impliqué dans l'adhésion de l'Autriche, il intègre les hautes sphères du pouvoir. A la fin de la guerre, il devient un fugitif dans le tyrol autrichien aux portes du Vatican pour y mourir en 1949.
Le récit est dense, intense avec une masse d'informations diverses qui dès fois demande une attention afin de pouvoir suivre le déroulement de l'histoire. L'auteur va enquêter sur les circonstances de ce décès et faire participer le lecteur. Une belle découverte pour la première fois du genre.
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Excellente enquête sur le parcours d'un dirigeant nazi important, de son ascension du pouvoir à sa déchéance après guerre. Mais au delà de son parcours, l'auteur nous fait découvrir toute l'ambiguïté de la réal politik d'après guerre, avec le passage de la lutte contre le nazisme au combat entre l'est et l'ouest. Dans les deux cas tous les coups sont permis, et si la version officielle est la lutte du bien contre le mal, les coulisses sont beaucoup plus noires et ambiguës. Enfin l'auteur aborde aussi le problème de l'après nazisme en Allemagne et en Autriche, dans la société, dans les familles.
Si l'enquête est fouillée et passionnante, l'écriture est de qualité. Bravo à Philippe Sands.
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« La filière » est le fruit du travail colossal – près de 8 ans – de l'auteur, juriste et écrivain, et de son équipe de recherche. le résultat est assez déroutant et particulièrement dense. Il entrecroise les éléments de biographie d'Otto Wachter et de sa famille avec les éléments qui ont constitué le processus de recherche de l'auteur pour comprendre les circonstances de son parcours et de son décès. Si sur la forme le résultat est par moment un peu indigeste, sur le fond, il est tout à fait fascinant. Plus de 70 ans après les faits, le parcours de cet ancien nazi s'éclaire et les révélations s'enchaînent. le regard de ses descendants est très intéressant à découvrir, entre volonté de garder une image idéalisée de l'ancêtre, refus de voir les choses en face et difficultés à assumer un héritage non désiré et sur lequel on n'a finalement pas de prise. Une problématique qui ne se limite pas à cette famille en particulier d'ailleurs. le livre nous éclaire enfin sur les collusions qui ont pu naître après la fin de la seconde guerre mondiale, et même au cours des derniers mois du conflit, sur fond de lutte contre la menace communiste. Elles ont pu permettre à des crminiels de guerre de bénéficier de soutiens et d'appuis de la part de l'Eglise et des pouvoirs politiques, américains notamment, pour fuir grâce à des filières d'exfiltration. Quand ce n'était pas pour bénéficier d'offres de services des ennemis d'hier.

Un livre édifiant porté par un travail de recherche et de documentation colossal !
Lien : https://mangeurdelivres.word..
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Un livre-enquête passionnant. Philippe Sands s'intéresse à l'ascension et à la chute d'Otto von Wächter, un dignitaire nazi autrichien devenu Obergruppenführer SS, gouverneur de Cracovie, puis gouverneur du district de Galicie en 1942. Un ami de Kaltenbrunner et d'Himmler. Il disparaît de la circulation au printemps 1945. Après la guerre, il sera accusé de « meurtres de masse » par les Polonais : sous son commandement, en tant que gouverneur, 100.000 Polonais ont perdu la vie.
Dans le cadre du travail qui donna lieu à son précédent livre Retour à Lemberg, Philippe Sands est mis sur la piste du fils de Wächter, qui accepte de le rencontrer dans son manoir délabré du nord de l'Autriche. Celui-ci lui ouvre les archives familiales qui vont réserver bien des surprises.
Sands, aidé par ses équipes d'étudiants, d'historiens et de chercheurs, a sollicité de nombreux témoins, des archivistes, des médecins et des bibliothécaires pour reconstituer l'itinéraire de Wächter. Il est allé en Italie, en Grande Bretagne, aux Etats-Unis, en Pologne, en Ukraine pour rencontrer des témoins ou leurs descendants et s'imprégner des lieux où vécut et travailla Wächter. On se pince pour croire que Charlotte, la femme de Wächter, part skier avec ses enfants en janvier 1945, alors que son univers de nazie convaincue s'effondre. On assiste à une scène incroyable en 2014 à Lviv (anciennement Lwõw) en Ukraine, où se tient la célébration annuelle de la division SS de Galicie : des hommes en uniforme SS déambulent dans les rues avec des armes d'époque, échangent des photos, discutent avec des vétérans, arborent fièrement des croix gammées.
Peu à peu Sands retrace l'itinéraire de Wächter, théoriquement recherché par les Polonais et les Américains. Il y a des surprises, des coups de théâtre et des mystères pas toujours résolus. Ce livre se lit comme un roman. Mais c'est bien de l'histoire.
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