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Critique de gerardmuller


2084/ La Fin du Monde/ Boualem Sansal/ Grand Prix du Roman de l'Académie Française 2015. (Lu en novembre 2015)
C'est dans un monde terrible que nous plonge Boualem Sansal tout au long de ce roman qui nous interpelle particulièrement en ces périodes agitées par le terrorisme islamique issu d'un islam radicalisé. Au moment où Paris subit la plus grave attaque de barbarie de son histoire, ce livre fait acte de prophétie et sonne comme un avertissement aux agneaux que nous sommes.
Les maîtres mots en Abistan sont amnésie et soumission, un peu comme dans l'Angsoc de Big Brother du roman de George Orwell, 1984. Il n'y existe qu'un seul Dieu Yölah. La soumission est foi et la foi est vérité. La foi commence par la peur et se poursuit dans la soumission.
Sous l'empire de la pensée unique, mécroire est impensable. Tout est organisé et codifié de la naissance à la mort. Chaque individu possède un livret de la valeur, sa pièce d'identité morale. En cas d'infraction, le défaillant passe au Conseil de redressement et disparaît sans laisser de trace. Il est rayé des listes et des mémoires.
Le cri de guerre et la devise est : « Allons mourir pour vivre heureux. »
Pour éloigner les foules des villes et leur offrir une belle mort, de périlleux pèlerinages sont organisés en permanence.
2084, qui donne le titre de l'ouvrage, est la date fondatrice pour le pays sans que personne en Abistan ne sache bien pourquoi.
« Après la guerre qui a tout détruit et transformé radicalement l'histoire du monde, la misère a jeté des centaines de millions de malheureux sur les routes à travers les soixante provinces de l'empire… »
Ati, personnage principal rejoint sa ville, la capitale Qodsabad après une cure en sanatorium. Avec son ami Koa il va tenter de découvrir cette Frontière mythique dont on parle sans jamais l'avoir vue, lui petit fonctionnaire obscure qui ose penser hors des normes abistanaises.
Dans ce livre, Boualem Sansal fait montre d'une belle plume pour un sujet intéressant visant à dénoncer l'intolérance religieuse d'un autre âge qui sévit dans bon nombre de pays musulmans et menace la liberté de pensée.
C'est un livre essentiel en dépit de quelques passages un peu touffus et la difficulté de se souvenir de tous les noms qui n'ont que trois lettres. On peut aussi déplorer la pauvreté en dialogues et le peu de sentiments exprimés par Ati.
Un livre courageux et lucide de la part de cet écrivain d'origine algérienne : à lire pour comprendre la démarche des la dictature islamique.
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