Regarde les embrouilles, ça met tout le tralala sur les réseaux sociaux, ça fait des descentes, des tirs, du boucan pour un truc sur Facebook ou Snapchat ? Non, c'est pas sérieux. Tu tues pas pour ça.
Cette jeunesse s’entretuait, elle vivait dans un monde virtuel, basé sur l’image et, quand elle en sortait, elle explosait et plongeait dans une violence extrême.
Malgré les drames, la violence ne s'arrête pas et je me rends à une nouvelle manifestation en mémoire de Mathieu.
C'est dans ces moments-là que je réalise que l'écrit, la prise de parole, sont des outils indispensable pour avancer dans la société. Je voyais les gens en situation d'illettrisme comme des personnes en situation de handicap et j'avais le plaisir de les voir estomper cette invalidité grâce aux mots.
Madame, je vous le dis depuis tout à l'heure, c'était un grand. Dans la cité quand on a des grands, on veut leur respect, j'ai pas eu de père mais j'ai eu ces mecs, à chaque fois, c'est eux qui me donnaient la force. Je pensais que j'étais prêt à tout pour ma cité, à tout. Mais en fait, je réalise on est plus cons qu'autre chose.
Quelques mois plus tard, un nouvel événement est venu boucler ce cercle de la violence. C’était une belle journée, l’été tirait son dernier souffle et la rentrée venait d’annoncer une nouvelle année pour les jeunes de Saint-Denis. Une rivalité continuait entre les quartiers Romain-Rolland et Joliot-Curie. Deux quartiers proches dont les jeunes avaient fréquenté les mêmes classes mais qui, aujourd’hui, se combattaient. Les différends provenaient des réseaux sociaux, des histoires d’amour qui créaient des tensions et menaient à l’affrontement. Deux individus se chamaillaient, un coup partait et l’embrouille prenait une ampleur qui menait à une véritable guerre.
Une fois qu’il a raccroché, il regarde son souffre-douleur. Puis ses acolytes l’aident à l’extraire du coffre et le balancent au sol. Mathieu a seize ans, un mètre soixante-dix, c’est un Noir à la peau claire, il n’a plus toutes ses dents. Le corps couvert d’hématomes, il a été tabassé, brûlé par des cigarettes et dénudé alors que la température ne dépasse pas trois degrés.