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Critique de berni_29


Aujourd'hui c'est mercredi et mercredi, c'est... ?
« Les histoires à Berni ! »
Sandrine, la maîtresse d'école a fait entrer les élèves dans la classe.
Nous étions au milieu des vacances scolaires. Oui, déjà. Et pourtant nous nous retrouvions encore dans une classe d'école, la classe de CE2 de Sandrine, la maîtresse d'école. Comment était-ce possible ?
« Oui, comment est-ce possible ? a demandé un peu indignée la petite Sylvie, les mains vissées sur ses hanches.
- La maîtresse avait prévenu qu'on aurait besoin de soutien scolaire pendant la période estivale, lui a répondu la petite Chrystèle tentant d'apporter une explication.
- Surtout qu'on va tous redoubler, c'est malin, ça ne sert plus à grand-chose, a renchéri la petite Isa d'un air empli de fatalité.
- Quand même les z'amis, une histoire du mercredi, c'est toujours bon à prendre, non ? » a rétorqué la petite Anne-Sophie. »
Sandrine, la maîtresse d'école a cru bon de préciser en souriant : « Les histoires à Berni, ce n'est pas ce qui a de plus difficile comme soutien scolaire. »
- Lol, a fait la petite Sonia en opinant du bonnet.
- Ugh ! » a rajouté la petite Manue qui est venue clore ainsi le débat.
Elle a raison, la maîtresse d'école. Cela dit, il ne faudrait pas non plus minimiser l'importance de ces histoires du mercredi dans l'éveil intellectuel des enfants, hein ! Non, mais...
Bon, il était temps de passer aux choses sérieuses. Je me suis avancé vers le groupe d'élèves déjà tout attentionnés.
« Je vous ai trouvé une histoire qui va vous faire plaisir et qui va changer un peu des autres histoire. »
- Dis-nous, Berni-Chou, tu ne vas tout de même pas nous faire une resucée de la Montagne magique, façon le loup en slip ? s'est écrié la petite Anna goguenarde. Mouhahaha !
- C'est un filgoude ? » a demandé la petite Nico innocemment.
- Oui, justement, ai-je répondu.
- Yep !!! » a crié la petite Nico qui s'est mise aussitôt à sauter dans la pièce tel un zébulon...
La veille, je me suis justement rendu dans ma médiathèque préférée. Je me suis aussitôt dirigé vers le rayon jeunesse et j'ai rencontré sa jeune responsable.
« Tiens, Berni ! Quel plaisir de te retrouver ici. Ça fait longtemps que tu n'es pas venu me voir, dis-moi.
- J'étais accaparé dans des lectures pas faciles, Marcel Proust et Thomas Mann.
- Rien que ça ?! Attention à ne pas te faire des noeuds au cerveau, Berni.
- Écoute, je suis en panne d'inspiration et les enfants d'une classe de CE2 s'impatientent de me voir revenir avec une histoire intéressante. J'ai pensé à une histoire filgoude, est-ce que ça existe en rayon jeunesse ? Il faut que tu me sauves.
- Eh bien ! Un filgoude Berni ? Dis donc, ça se voit que c'est l'été et que tu as besoin de décompresser, dis-moi ! Je vais te sauver et te trouver encore la perle rare, une fois de plus. Tu es tombée sur la bonne personne, suis-moi dans les rayonnages, nous partons à l'aventure... You hou ! Allez, dépêche-toi, vite, ne traîne pas, je n'ai pas que ça à faire... »
J'adore à chaque fois son enthousiasme très communicatif. Je l'ai suivie dans le labyrinthe des rayonnages et elle m'a tendu un livre. C'était le Journal de Gurty, tome 2 : Parée pour l'Hiver.
« Ah très bien, merci ! Mais t'aurais pas le tome 1 tant qu'à faire et celui-ci se passe en hiver. C'est ballot, on est au mois d'août.
- Tu penses bien que si le tome 1 n'avait pas déjà été emprunté, je te l'aurais choisi. Et vu ce qui nous tombe en ce moment sur la tête, c'est un peu de circonstance, non ? Et puis regarde, en plus il est écrit en gros caractères, génial non ? » Et elle a fait un clin d'oeil en se réfugiant derrière son poste de travail en faisant un petit air hilare, je ne sais vraiment pas pourquoi elle a cru bon d'apporter cette dernière précision...
Nous voilà de retour en classe ! La petite Dori a failli avaler de travers son smoothie au chocolat à l'énoncé du titre : « J'adore Gurty ! Mais c'est pas un filgoude ! »
Je leur ai alors cité ce premier extrait :
« de toutes les raisons d'être heureuse, la plus extraordinaire est que je suis un chien. Si j'étais née humain, j'aurais été bête, et si j'étais née chat j'aurais été moche. Moi, dès ma naissance, j'étais un chien, l'animal le plus doué au monde pour le bonheur.
Et ça tombe bien, parce que moi, justement, j'adore être heureuse ! »
À la lecture de ce premier passage, tout le monde s'est accordé pour reconnaître que ça fleurait bon le filgoude, même Sandrine la maîtresse d'école a acquiescé. Puis j'ai ajouté en guise d'introduction :
« Tout d'abord je dois vous avouer que ce livre est un vrai journal canin écrit réellement par une petite chienne qui s'appelle Gurty et qui, sur les conseils de son éditeur, a pris le pseudonyme d'un être humain, un certain Bertrand Santini, pour faciliter les ventes et garder l'anonymat... » Tous les élèves m'ont regardé en silence, sans broncher, mais quand même l'air de dire « cause toujours ». Je vous avoue avoir vécu là mon plus grand bide depuis le début des histoires du mercredi.
« Bon, Berni-Chou, a fait la petite Anna d'un air sentencieux, on sait que tu viens d'enfiler plein de lectures compliquées en ce moment et que tu es un peu en surchauffe... On a beau tous avoir redoublé, c'est pas une raison pour nous prendre pour des perdreaux de deux semaines quand même ! »
Bon j'avais tenté, alors j'ai commencé par résumer le propos du récit.
L'histoire est simple, la petite chienne Gurty adore son gentil maître Gaspard, mais elle ne lui reconnaît qu'un seul défaut, il cherche l'âme soeur. Aussi beaucoup de futures fiancées traversent le paysage sentimental de l'appartement parisien et ça, il faut l'avouer, ce n'est pas du tout du goût de Gurty qui est jalouse comme un pou. Faut la comprendre aussi.
Tenez, jugez par vous-mêmes :
« Et puis, les fiancées, c'est vraiment sans gêne ! Souvent, après le dîner et le film, elles restent carrément dormir chez nous !
Ça énerve aussi Gaspard d'ailleurs puisque dès qu'elles sont dans son lit, il se bagarre avec. Bien que je sois contre la violence, je trouve ça normal, car si quelqu'un venait squatter mon panier, je me battrais aussi. Mais vu que je suis contre la violence, je me contente de m'asseoir devant le lit pour les fixer d'un air réprobateur. »
Le petit Pat a alors demandé : « mais pourquoi Gaspard se bagarre avec sa fiancée, il va lui faire du mal. Mon Berni, tu nous avais pourtant dit qu'il était drôlement gentil...
- Oh l'autre, a fait la petite Chrystèle levant les bras au ciel.
- Attends on va te faire un dessin Patounet..., a répliqué la petite Hélène d'un air narquois.
- Tu veux une clé de 12 pour comprendre ? a demandé la petite Manue en pouffant de rire.
- Ils font des bébés tout simplement ! » a répondu la petite Isa en gloussant.
Le petit Pat s'est gratté le front d'un air intrigué, tandis que j'embrayais sur la suite de l'histoire.
« En général, mon intervention met rapidement fin à la bagarre.
- Ton chien nous regarde ! dit la fiancée.
- Et alors, répond Gaspard. Ça te gêne ?
- Oui, ça me gêne !
- Hé bien, si mon chien te gêne, tu n'as qu'à rentrer dormir chez toi !
Alors la fiancée quitte notre doux foyer en claquant la porte, et moi je suis contente. »
« Vous voyez que c'est un filgoude », a fait la petite Nico en applaudissant des deux mains.
Mais voilà qu'une fiancée s'incruste dans le paysage, au grand dam de la petite Gurty. Elle s'appelle Myrtille. Heureusement, Myrtille est allergique aux poils de chien. Suivent alors un certain nombre de péripéties qui vont faire que Gaspard et Myrtille vont finir par se fâcher et se séparer. Il faut dire que Gurty y est un peu pour quelque chose.
Maintenant, cap sur la maison de vacances à la montagne dans les Alpes où la chienne retrouve avec plaisir sa meilleure amie Fleur et son pire ennemi Tête de fesses, le chat du voisinage. Ce sont des vacances d'hiver et la neige est au rendez-vous. Elle s'éclate comme une folle jusqu'à l'arrivée surprise de dame Myrtille, sa bête noire… Oui, figurez-vous qu'un traitement efficace a guéri l'horrible fiancée de son allergie au poil canin et celle-ci a eu aussitôt l'excellente idée de se réconcilier avec Gaspard en le rejoignant dans la maison de vacances des Alpes. Zut ! Tout est à recommencer. Alors, de concert, Gurty et Fleur imaginent faire un mauvais coup à la fiancée qui s'inscruste.
À ce moment, j'ai proposé, histoire d'introduire un petit temps participatif : « Tiens ! Si vous étiez Gurty et Fleur, que suggériez-vous comme idées originales pour tenter de faire fuir l'horrible Myrtille. » Il faut bien faire travailler les neurones des élèves de cette classe de CE2, surtout en vacances scolaires. J'ai vu Sandrine, la maîtresse d'école froncer les sourcils. Avais-je eu une bonne suggestion ?
« Des idées qui ne sont pas dangereuses bien sûr ou qui ne font pas mal ! » ai-je cru bon alors de rajouter. Sandrine, la maîtresse d'école a poussé un soupir de satisfaction.
« Faire pipi dans ses chaussures, a suggéré la petite Hélène.
- Mettre une souris dans sa culotte, a rajouté la petite Nico.
- Mettre du goémon dans ses chaussettes, a dit la petite Sonia.
- Hé ! On est en montagne ! a rappelé la petite Anne-Sophie.
- Dans ces cas-là, des chardons, a répliqué la petite Manue.
- On a dit qu'il ne faut pas que ça fasse du mal, a répondu la petite Chrystèle.
- Un bébé marmotte alors ! a dit la petite Sylvie.
- C'est pas gentil pour la marmotte ! a fait la petite Fanny.
- Bon, ben de la neige tout simplement ! a cru bon de rajouter la petite Francine.
- du dentifrice à la place de son shampoing, a dit la petite Domi.
- du shampoing à la place de son dentifrice, a dit le petit Jamik.
- Coller ses chaussures avec de la glu, a dit la petite Dori.
- C'est malin, elle partira jamais alors ! » a dit le petit Pat avec logique.
Alors j'ai apporté un indice déterminant pour l'issue de l'histoire. Gurty surprend par hasard une conversation entre Gaspard et Myrtille, une sorte de confidence sur l'oreiller où cette dernière avoue qu'elle est encore allergique aux poils de chat. Il n'en faut pas plus pour que Gurty aille chercher son amie Fleur et décident tous deux de pactiser avec leur meilleur ennemi...
« Tête de fesses ! Tête de fesses ! » ont crié d'une seule et même voix tous les élèves.
Je vous laisse deviner la suite... Mais pour cela nos deux amies ont dû passer par le gang du C.A.C.A., le Comité Authentique des Chats Admirables, que les deux chiennes se sont empressées de rebaptiser Club Atroce des Chats Abrutis... Visiblement, ce sigle a plu aux élèves de la classe, je m'en serai un peu douté.
« Nous, ce serait plutôt le Cercle des Amis de la Classe Azimutée, s'est écriée la petite Dori, toute fière de sa trouvaille. Bon, les amis, tout le monde est fier d'être dans notre C.A.C.A. ? »
J'ai entendu et vu de mes propres yeux un cri de ralliement inouï que tout enseignant rêverait d'entendre et de voir.
La petite Gaëlle s'est alors avancée vers moi. « Elle est vraiment craquante ton histoire d'animaux. »
C'est vrai l'histoire de cette petite boule de poils trépidante qui s'appelle Gurty et que je découvrais pour la première fois, m'a bien plu, dans un style drôle et enlevé. À refaire au plus vite avec un autre épisode...
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