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Critique de CzarnyPies


Goliarda Sapienza a complété la rédaction "L'art de la Joie" en 1974 soit deux ans avant la sortie de "Novocento - 1900" de Bernardo Bertolucci qui un des ces amis. le roman de Sapienza comme le film de Bertolucci avait le même but; c'est-à-dire de raconter l'histoire de l'Italie entre 1900 et 1975 du point de vue communiste. La différence est que dans le film de Bertolucci on trouve une version stalinienne ultra-orthodoxe des années trente tandis que dans le film de Sapienza on trouve une version transféministe de notre époque qui ne suit pas la ligne du Parti Communiste. Bref, le message de Sapienza passe beaucoup mieux que celui de Bertolucci.
"L'art de la Joie" est pertinent mais extrêmement mal écrit et un véritable calvaire à lire. On comprend facilement pourquoi Goliarda Sapienza n'a pas réussi a faire publier de son vivant. Il y a trop de personnages et trop de passages qui trainent. Plus que la moitie du texte est constitué de dialogues ce qui fait que l'on suit difficilement l'intrigue. On doit reconstituer le fil des événements à partir des conversations. Il y a des moments de vulgarité impardonnable et des amours incestueux qui dérangent beaucoup.
Néanmoins "L'Art de la Joie" a eu un succès de librairie posthume. le roman a le grande mérite d'aborder la question de l'Identité sexuelle qui est très actuelle de nos jours. Modesta, la protagoniste a beaucoup d'amants et d'amantes. Quand on lui pose la question "Tu es un garçon?", elle répond "Oui. À moitié garçon à moitié fille." (p. 243).
Modesta appuie le parti communiste et son programme. Surtout elle apprécie que les communistes sont les plus fidèles adversaires des fascistes. Pourtant, elle reproche aux communistes de ne pas avoir le bon programme pour les femmes. Un des amants un communiste juré la critique sévèrement: "- Mais Modesta, tu te rends compte. Tu nies le sacrifice et l'abnégation de ceux qui lutte pour la cause du prolétariat, pour une société différente de classes sans l'exploitation de l'homme par l'homme, ..." (p. 204) Elle répond: "-En pensant comme vous pensez, dans la meilleure des hypothèses, on construira une société qui sera une copie, de mauvaise qualité par-dessus le marché, de la vieille société chrétienne et bourgeoise." (p. 204)
Ce que veut Modesta est une société ou les femmes sont libres d'avoir des multiples amants et amantes. Elle explique à Joyce une amante lesbienne: "- Je suis femme, Joyce, et pour moi la normalité est d'aimer l'homme et la femme." (p. 491)
Joyce est malheureuse dans sa peau. Elle n'aime pas être lesbienne: "-Je ne suis pas une femme. Je suis un être déviant." (p. 419) Malheureusement les hommes ne l'acceptent pas comme femme: "Je n'ai jamais eu que des amis garçons. ... À l'intérieur d'eux-mêmes, Carlo et José, ils me sentaient homme." (p. 362) le désespoir de Joyce est tel qu'elle va faire un tentative de suicide.
Un des problèmes pour moi avec "L'art de la Joie" c'est que je suis de la droite et que je suis donc en désaccord complet avec les idées de l'auteur. Mais plus grande déception est que Sapienza y a mis si peu de sa propre vie. Dans sa vie elle travaillait dans le cinéma et était bien branchée aux grands intellectuels communistes et cinéastes communistes du siècle. Parmi bien d'autres elle connaissait: Antonio Gramsci, Alberto Moravia, Elsa Morante, Bernardo Bertolucci, Pier Paolo Pasolini et Luchino Visconti. Pourtant, il n'y aucune discussion sur les mouvements artistiques de l'époque. Modesta, la protagoniste, est une princesse sicilienne qui vit de ses rentes et ne fréquente pas les milieux culturels. le lecteur de "L'art de la Joie" n'y trouve rien du monde fascinant où Sapienza vivait.
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