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Citations sur De purs hommes (120)

De son visage, entre tous les détails qui eussent chacun épuisé mille blasons sans pourtant que leur splendeur fût rendue, ce visage qu'on pouvait se permettre de regarder longtemps sans craindre de l'épuiser, de son visage, donc, je préférais la bouche, la grande bouche généreuse, aux lèvres à jamais inassouvies, desquelles il suffisait que je détache les miennes pour qu'aussitôt un violent sentiment de manque me prît, comme si elles m'avaient transmis leur soif d'être embrassées ou d'embrasser toujours. Elle me laissait l'embrasser avec passion. Cela l'amusait un peu, je crois. Chaque fois que je me jetais sur ses lèvres avec l'ambition, voire, les jours d'orgueil fou, la certitude d'y éteindre le feu, Rama, alors que je tendais mon visage vers le sien, esquissait un sourire tendre et moqueur, comme celui qu'une poseuse de devinettes aurait adressé à un candidat essayant encore, après des heures d'échec, de résoudre une de ses énigmes.

P. 60-61
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Je me contentais du strict minimum : j'enseignais sans feu, écrivais un ou deux articles par an (ce qui suffisait à faire de moi l'un des chercheurs les plus prolifiques et les plus réguliers du département) expédiais les quelques obligations administratives liées à ma charge, et basta. Que le cadavre continue de puer... À trente-sept ans, je m'étais résigné à la médiocrité ordinaire de l'université de mon pays.
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Je me suis souvent interrogé si l'enseignement actuel des lettres étrangères en général, françaises en particulier, dans nos universités était une bonne idée. Nous peinions déjà à susciter l'intérêt des étudiants pour nos propres écrivains, supposés avoir parlé de notre société, de ses aspirations, de ses angoisses, de sa nature profonde. Alors vouloir leur transmettre la passion pour une littérature d'un autre pays, issue d'un siècle passé, écrite dans une langue illisible même pour la plupart des Français d'aujourd'hui... Plutôt apprendre aux morts à ressusciter. Mes étudiants étaient complètement fermés ou, pire, indifférents, à la moindre digression de Balzac, au plus clair des vers de Mallarmé, à la plus simple nouvelle de Barbey d'Aurevilly ou de Villiers de L'Isle-Adam, à un roman de Huysmann, à une phrase de Flaubert. Pourquoi s'acharner à leur apprendre ce qu'ils oublieraient aussitôt ?
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Voilà la grande différence entre les enfants et les adultes : contrairement à ce qu'on croit, les premiers savent mieux échouer.
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Au delà du soi, il n'y a plus de secret : il n'y a su'un dépôt, le sédiment d'une matière brute que la parole a peu à peu dénaturée et érodée pour n'en garder que le souvenir vague. On est alors dans la rumeur ; on est dans le secret mort, tué, vidé mais dont on sait qu'il a d'abord été vivant. Sous quelle forme ? On l'a oublié. Voilà ce qu'est la rumeur : l'ensablement du secret dans l'illusion de son dévoilement.
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Je ne crois pas au secret partagé. Une fois dit, une fois dans une phrase, une confession, un récit, un secret n'en est plus un. Tout langage le viole. Toute mise en parole est déjà une élucidation de son cœur primordial et obscur, une souillure du silence qui en est la seule vraie condition d'existence. Un secret qu'on se dit, au'on se dit à doi-même sous forme claire, est déjà perdu. Il ne peut exister qu'en nous, en ce soi trouble, ce cloître mal éclairé où la vérité doit non seulement toujours s'entourer d'ombres, mais encore être une part de cette ombre. Un vrai secret n'est jamais clair, même à sa propre conscience. Alors deux consciences pour un secret, c'est trop à mes yeux. Dès qu'on le dit, on le trahit et doublement : d'abord parce qu'on a mis des mots sur ce qui était un réseau mystérieux de vérités n'ayant de sens que dans notre silence intérieur ; ensuite parce que les mots qu'on a choisis pour le confesser ne resteront pas les mêmes dans la mémoire de celui qui le reçoit. Les mots du secret, qui sont la repmière trahison du secret, seront immanquablement trahis à leur tour dans l'esprit de celui à qui on le confie, qu'il le garde ou le répète.
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Qu'est-ce au juste une rumeur ? L'illusion d'un secret collectif. Elle est une toilette publique que tout le monde utilise, mais dont chacun croit être le seul à connaître l'emplacement. Il n'y a aucun secret au cœur de la rumeur ; il n'y a que des hommes qui seraient malheureux s'ils ne pensaient pas en détenir un, ou détenir une vérité rare dont ils auraient le privilège.
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Si les homosexuels d’aujourd’hui sont si indécents, c’est parce qu’il sont influencés par le monde des Blancs. Là-bas, les homosexuels s’aiment et s’embrassent à la vue de tous. Ils peuvent se marier légalement. La réalité homosexuelle est reconnue et montrée, dans des manifestations, dans des films. Et les homosexuels, ici, croient qu’ils peuvent se permettre la même chose, qu’ils peuvent réclamer des droits similaires, adopter la même attitude en public. C’est du suicide. Les Blancs donnent de l’homosexualité une image qui fait fantasmer ceux d’ici, qui veulent imiter cette image. Sauf qu’elle ne peut pas être la même ici. Du moins, pas encore. Dans leurs pays, les Occidentaux sauvent les homosexuels ; ici, on les condamne. Ils ne se rendent pas compte que les pressions qu’ils exercent sur nos gouvernements pour la dépénalisation de l’homosexualité produisent l’effet inverse : une montée de l’homophobie. Ils ne le comprennent pas...
(p. 148, Chapitre 15).
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Nous filons la métaphore de notre époque. Époque d'aveuglement généralisé, où la lumière technologique nous éclaire moins qu'elle ne nous crève les pupilles, plongeant le monde dans une nuit continue.
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Qu’est-ce au juste une rumeur ? L’illusion d’un secret collectif. Elle est une toilette publique que tout le monde utilise, mais dont chacun croit être le seul à connaître l’emplacement. Il n’y a aucun secret au cœur de la rumeur ; il n’y a que des hommes qui seraient malheureux s’ils ne pensaient pas en détenir un, ou détenir une vérité rare dont ils auraient le privilège.
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