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Critique de Bydie


Bydie
19 décembre 2014
J'ai toujours aimé la Philosophie, bien avant de découvrir cette discipline en Terminale; c'est d'ailleurs en partie pour cela que je me suis orienté vers la Terminale Littéraire. La réflexion, la recherche de la vérité, les différents points de vue sur des notions abstraites et difficiles, la cultivation de ses opinions...
Si quelques ouvrages m'ont beaucoup plu, comme « L'Antimanuel de Philosophie » de Michel Onfray, ou le « Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les Hommes » de Jean-Jacques Rousseau, « L'Existentialisme est un humanisme » de Jean-Paul(-Charles-Aymard-Léon-Eugène) Sartre m'a littéralement bouleversé. Il s'agit probablement de son ouvrage le plus abordable, en tout cas de « pure philosophie » (j'entends par là que c'est exclusivement un ouvrage philosophique, non romanesque comme « La Nausée », ou théâtral comme « Huis Clos ») et qui propose une excellente approche de sa philosophie existentialiste.

« L'existence précède l'essence », une phrase culte, mythique, dont j'ignorais la provenance, prend tout son sens dans cet ouvrage de l'un des auteurs français les plus influents du 20ème siècle (avec Bergson, il est pour moi le plus influent). L'essence se définie par une vérité prédéfinie, Sartre prend l'exemple, dans « l'Existentialisme est un humanisme », du coupe-papier : avant d'être un coupe-papier, cet objet a d'abord été une idée dans la tête de son créateur, quelque chose qui allait se concrétiser, dans son rôle qui lui aurait été donné. Se dire que « l'essence précède l'existence », ce serait se dire que l'homme a été prédéfini, qu'il a d'abord été une idée dans la tête de quelqu'un ; probablement dans la tête de Dieu, ou d'une quelconque autre force supérieure et créatrice. Cependant, la philosophie Sartrienne étant athée, la phrase doit se prendre dans l'autre sens, c'est là que l'on arrive à la célèbre formule « l'existence précède l'essence » ; cela signifie que l'homme naît complètement neutre dans l'existence, ce qui n'est pas sans rappeler ce que disait Heidegger (un philosophe dont Sartre s'inspira beaucoup), « l'homme est jeté dans le monde », rien ne détermine ce que l'homme doit être. L'homme est libre de choisir ce qu'il sera, c'est également là qu'il se distingue de l'animal : l'animal a une essence avant d'exister. Prenons l'exemple du cheval, à peine né, le poulain se lève déjà et broute, il peut même être en mesure de galoper ; son essence est ici représentative de la « loi naturelle » déterminée par son instinct (ce qui n'est pas sans nous rappeler Rousseau et le « Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes », lorsque le philosophe s'intéresse à la liberté humaine, en faisant la distinction entre l'animal et l'homme). L'homme, lui, se détermine par ses actes, ainsi son essence vient à terme, lorsqu'il meurt. C'est ainsi que Jean-Paul Sartre explique la liberté de l'homme, certes de manière relativement résumé, mais c'est en quelque sorte l'idée principale de l'ouvrage.

Cette conférence est également l'occasion d'approcher un autre concept propre à Sartre : la mauvaise foi. Celle-ci se traduit par le refus de la liberté de l'individu, et donc des responsabilités qu'elle comprend. En effet, l'homme étant libre par ses actes (car l'existence précède l'essence), chacun de ses actes engage sa responsabilité, et engage l'humanité toute entière. Refuser ses responsabilités, c'est refuser sa liberté, et donc faire preuve de mauvaise foi.
Par ailleurs, ces deux idées présentes dans la philosophie Sartrienne font indéniablement penser à l'expérience de Milgram. En résumé, voici en quoi consiste cette expérience : un savant et un élève sont dans deux salles séparées (il s'agit en réalité de comédiens). L'élève est dans une salle, sur une chaise électrique factice reliée à un bouton dans la salle du savant. le savant fait entrer des cobayes (qui ne sont pas au courant de la supercherie) dans sa salle ; il fait réciter une liste de mots à l'élève dans la salle séparée, si ce dernier ne les cite pas dans le bon ordre, le cobaye doit presser le bouton afin d'envoyer de (fausses) décharges électriques à l'élève, d'abord de faible intensité, jusqu'à une intensité mortelle. Arrivée à l'intensité mortelle, la plupart des cobayes refuse d'aller plus loin ; mais le savant leur explique alors qu'il prend l'entière responsabilité de la mort de l'élève. Déresponsabilisé, le cobaye administre la décharge létale.
Si cette expérience vise à évaluer le degrés d'obéissance de l'individu devant une autorité légitime, cela entre bien dans l'idée de la « mauvaise foi » de Sartre. Cela peut également rappeler le cas Eichmann (traité par Hannah Arendt), un officier SS et membre du parti Nazi qui a conduit à la mort de nombreux juifs, déclarant qu'il agit ainsi, car il n'a fait que « respecter les ordres ». Seulement, ce cas Eichmann amène une autre notion : celle du Devoir, et lire Kant peut être plus intéressant et complet pour en percevoir toute la profondeur...

~ Bydie
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