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Critique de PetiteBichette


Baraye ! le chanteur iranien de 26 ans Shervin Hajipour, auteur de la chanson Barâyeh (Pour) a été condamné par un tribunal iranien, le 1er mars 2024, à trois ans et huit mois de prison pour «propagande contre le système» et «encouragement à manifester».
Sa superbe chanson, devenue un hymne mondial pour la paix a été composée en hommage à Mahsa Jîna Amini, cette jeune femme rouée de coups à la tête pour quelques mèches de cheveux qui dépassaient de son voile, et qui en est décédée.
Une très belle lecture qui met en lumière et en perspective les luttes des Iraniens jeunes et moins jeunes pour leurs droits, leurs libertés, et tout particulièrement sur la cause des femmes.
Je connaissais la plupart des faits, sans forcément les relier très bien entre eux, c'est la grande force de l'ouvrage, de nous apporter un éclairage puissant, une ouverture sur ce pays fermé.
Différents auteurs de BD, 17 si j'ai bien compté (Coco, Johann Sfar, Marjane Satrapi, Winschluss, …) illustrent avec talent des tranches de vie de militants, chacun luttant avec ses propres moyens (se couper les cheveux, assister à un match de foot masculin dans un stade pour une femme, faire un jogging, chanter, manifester…). Ces styles différents montrent avec force les difficultés au quotidien, les tortures, les arrestations subies par ceux qui se dressent contre les gardiens de la révolution islamique.
J'ai écouté en boucle cette chanson tout le week-end, tant elle est superbe, avec une émotion à fleur de peau et visionné le magnifique clip réalisé par Shabnam Adiban. La version avec Coldplay et Golshifteh Farahani (passée tout récemment à la grande librairie, un moment très émouvant qui en a fait perdre ses moyens à Augustin Trapenard) est également de toute beauté.
J'ai découvert le concept de torture blanche qui consiste à enfermer les prisonnières politiques dans une pièce entièrement blanche, sans repère de temps ni lumière naturelle. Torture blanche est le nom du livre (sorti hier 13/03) de Narges Mohammadi qui a subi cette torture ainsi que 14 autres prisonnières (p.239).
J'ai refermé ce superbe roman graphique le souffle coupé face au courage et à la ténacité du peuple iranien, qui nous rappelle à quel point nos droits ne doivent jamais être pris pour acquis.
Parler pour ne pas oublier. Ne pas oublier, Majidreza Rahnavard, 23 ans, pendu le 12 décembre 2022 à une grue sur une place de Mashhad, la grande ville sainte du Nord-Est de l'Iran. le jeune condamné à mort dit dans une vidéo ses dernières volontés : « Ne pleurez pas, ne lisez pas le Coran, ne priez pas, soyez joyeux et écoutez de la musique. » (p.80)
Les auteurs en fin d'ouvrage, et parmi eux Marjane Satrapi, dont j'avais tant aimé Perspepolis il y a quelques années, prennent le pari qu'un vent de liberté soufflera bientôt enfin sur l'Iran…
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